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Un juge suspend le projet de Trump de supprimer des emplois à Voice of America

Le juge a statué que l'Agence des États-Unis pour les médias mondiaux ne pouvait procéder mardi à une réduction d'effectifs.

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724480d785cd1b427de2b35e2da051885f658a8a866c1ff9f0ba0e59541f18c6.jpg Kari Lake, conseillère principale de l'Agence des États-Unis pour les médias mondiaux, s'exprime lors d'une veillée funèbre et de prières en l'honneur de Charlie Kirk au John F. Kennedy Memorial Center for the Performing Arts, le dimanche 14 septembre 2025, à Washington. (Photo AP/Rod Lamkey, Jr.)

Un juge fédéral a accepté lundi de suspendre temporairement le projet de l'administration Trump de supprimer des centaines d'emplois au sein de l'agence qui supervise Voice of America (VOA), la chaîne de télévision financée par l'État et fondée pour contrer la propagande nazie pendant la Seconde Guerre mondiale.

Le juge de district américain Royce Lamberth, à Washington, a statué que l'Agence des États-Unis pour les médias mondiaux ne pouvait procéder mardi à une réduction d'effectifs, supprimant 532 postes d'employés du gouvernement à temps plein. Ces employés représentent la grande majorité de son personnel restant.

Kari Lake, PDG par intérim de l'agence, a annoncé fin août que les suppressions d'emplois prendraient effet mardi. Cependant, la décision du juge maintient le statu quo au sein de l'agence jusqu'à ce qu'il statue sur la requête sous-jacente des plaignants visant à bloquer la réduction d'effectifs.

Le juge Lamberth avait précédemment statué que l'administration républicaine du président Donald Trump devait rétablir la programmation de VOA à un niveau compatible avec son mandat statutaire, qui est de «servir de source d'information fiable et fiable en permanence». Il a également empêché Mme Lake de révoquer Michael Abramowitz de son poste de directeur de VOA.

Le juge a accusé l'administration d'avoir fait preuve d'un «manque de respect inquiétant» envers le tribunal en réponse à ses précédentes injonctions de fournir des informations sur ses projets concernant Voice of America

Il a souligné que l'agence avait procédé à ces suppressions de postes quelques heures seulement après une audience le mois dernier, au cours de laquelle les avocats du gouvernement avaient déclaré qu'une réduction des effectifs n'était qu'une possibilité.

«L'obstruction des défendeurs à la demande d'informations de la Cour concernant la conformité de leurs projets de réduction des effectifs avec l'injonction préliminaire a gaspillé un temps et des ressources judiciaires précieux et a facilement soutenu les procédures pour outrage au tribunal», a écrit le juge Lamberth.

Il a toutefois déclaré qu'il n'engagerait pas de procédure pour outrage de sa propre initiative, les plaignants ne l'ayant pas encore demandée.

«Cependant, la déférence (du tribunal) envers les plaignants concernant la poursuite des procédures ne doit pas être interprétée comme une indulgence envers la conduite choquante des défendeurs», a-t-il ajouté.

Les employés qui ont intenté une action en justice pour bloquer le démantèlement de Voice of America ont affirmé que les coupes budgétaires prévues entraveraient la capacité du juge à faire appliquer l'injonction qu'il avait rendue en avril. 

«La Cour devrait donc préserver le statu quo pendant que les parties plaident pour se conformer à la décision», ont écrit leurs avocats.

Les avocats du gouvernement ont accusé les plaignants de tenter de microgérer de manière inadmissible les opérations de l'agence. «Interdire les réductions d'effectifs constituerait une mesure excessive et inappropriée», ont-ils avancé.

Royce Lamberth, juge chevronné, a été nommé à ce poste par le président républicain Ronald Reagan en 1987.

Encore possible de remplir sa mission?

L'Agence des États-Unis pour les médias mondiaux héberge également Radio Free Europe/Radio Liberty, Radio Free Asia, Middle East Broadcasting Networks et Radio Marti, qui diffuse des informations en espagnol à Cuba. 

Ces chaînes, qui touchent ensemble environ 427 millions de personnes, datent de la Guerre froide et font partie d'un réseau d'organisations financées par le gouvernement qui cherchent à étendre l'influence des États-Unis et à combattre l'autoritarisme.

Le Congrès a alloué 875 millions $ US à l'agence pour l'exercice 2025 et a exigé que 260 millions $ US de ces fonds soient dépensés par VOA.

Donald Trump a signé en mars un décret ordonnant à l'agence de réduire ses «fonctions statutaires et le personnel associé au minimum requis par la loi». Le lendemain, VOA a cessé ses émissions pour la première fois en 83 ans. L'agence a placé la quasi-totalité de ses employés à temps plein en congé administratif.

En annonçant les suppressions d'emplois sur les réseaux sociaux le mois dernier, Mme Lake a souligné que l'agence «continuera de remplir sa mission statutaire (…) et améliorera probablement sa capacité de fonctionnement».

«Je me réjouis de prendre des mesures supplémentaires dans les mois à venir pour améliorer le fonctionnement d'une agence très défaillante et faire en sorte que la voix des États-Unis soit entendue à l'étranger, là où elle compte le plus», a-t-elle écrit.

L'avocate des plaignants, Georgina Yeomans, a fait valoir lundi que ces coupes budgétaires consolidaient la programmation de l'agence à des niveaux insuffisants, non conformes aux ordonnances du juge. Mme Yeomans a indiqué qu'il était difficile de savoir qui, au sein de l'agence, prend les décisions clés, notamment celles concernant les postes à supprimer.

«Nous l'ignorons», a-t-elle mentionné.