Économie

Donald Trump multiplie les menaces de droits de douane sectoriels

Pour les poids lourds, il a brandi la menace d’une taxe de 25 %.

Mis à jour

Publié

8ac861b948b99d8a9ac5248921f2e09f34d2bed5f774a870f8365b46376f0f35.jpg Le président américain, Donald Trump, a multiplié les menaces de droits de douane sectoriels. Le président répond aux questions des journalitses le vendredi 26 septembre 2025 à Washington. (AP Photo/Julia Demaree Nikhinson) (Julia Demaree Nikhinson | AP Photo)

Production de films à l’étranger, fabrication de médicaments, meubles, le président américain, Donald Trump, a multiplié, ces derniers jours, les menaces de droits de douane sectoriels, qui pourraient potentiellement frapper des industries québécoises. 

M. Trump a ramené sur le tapis, lundi, sa menace d’imposer un droit de douane de 100 % sur les films produits à l’étranger, dans une publication sur son réseau social Truth.  

Le président avait déjà évoqué cette menace en mai. Comme la dernière fois, il n’a pas indiqué le moment où la mesure entrerait en vigueur.  

La menace provoque «une vive inquiétude» dans l’industrie à Montréal, lieu de tournage ou de postproduction de nombreuses productions américaines. 

«Une telle mesure, si elle était mise en œuvre, pourrait avoir des répercussions majeures sur l’industrie audiovisuelle du Québec», a réagi le Bureau du cinéma et de la télévision du Québec (BCTQ), dans une déclaration écrite.

Des emplois seraient en péril, si le président mettait sa menace à exécution, a prévenu Bernard Larivière, président de l’AQTIS 514 IATSE, le syndicat qui représente les professionnels qui œuvrent derrière la caméra.

«Nous resservir la même menace qu'en mai, sans aucune précision, c'est ignorer la fragilité d'un écosystème cinématographique déjà ébranlé par la pandémie et les grèves américaines de 2023», a déploré M. Larivière, dans un courriel. 

 

M. Trump a aussi indiqué, jeudi, qu’il avait l’intention de frapper de droits de douane la fabrication de médicaments, l’industrie du meuble et la fabrication de camions lourds à partir du 1er octobre.

La fabrication de médicaments serait frappée de droits de douane de 100 %. Reste à voir si la nouvelle toucherait aussi les médicaments génériques, qui pourraient être exemptés.

L’industrie québécoise ne serait pas trop affectée par cette menace, croit Benoît Larose, le PDG de BioQuébec, une association qui représente l’industrie des sciences de la vie et des technologies de santé.

«Ce n’est pas une bonne nouvelle, mais jusqu'à maintenant, nous sommes peut-être moins affectés que d'autres secteurs», a-t-il indiqué en entrevue.

L’effet serait différent d’une entreprise à l’autre. «Nos entreprises ont toutes sortes de liens avec les États-Unis, pas simplement vendre des médicaments», a-t-il précisé. 

«Il y en a qui le font, mais ce n'est pas non plus le gros des affaires qui sont menées entre les deux pays, a-t-il enchaîné. Il y a beaucoup de développement. En fait, il y a beaucoup de nos membres qui font du développement à contrat pour des entreprises américaines.»

M. Larose se dit davantage préoccupé par le cadre réglementaire «imprévisible» aux États-Unis, hostile à certains champs de recherche, ainsi que la baisse du financement de la recherche biomédicale aux États-Unis.

«S’il y a des incertitudes sur le financement du projet, ça risque d'avoir plus d'impact, en fait, pour nos entreprises qui font de la recherche à contrat pour des entreprises américaines», prévient M. Larose.

D’un autre côté, le contexte politique offre une occasion au Québec de se démarquer, a-t-il ajouté. «On a un cadre réglementaire qui est plus prévisible parce qu’on a moins de restrictions pour faire de la recherche, par exemple, sur les cellules souches, la thérapie cellulaire, l'immunologie ou la vaccination

Aux États-Unis, on s’inquiète des intentions de M. Trump qui pourraient entraîner une hausse des coûts des médicaments et une perturbation de la chaîne d’approvisionnement.  

Pour les meubles, la taxe serait de 50 % sur l’ameublement de cuisine et de salle de bain et de 30 % sur les produits rembourrés, comme les fauteuils. «Ce n’est pas encore le moment d’appuyer sur le bouton panique», a réagi le président-directeur général de l’Association des fabricants de meubles du Québec (AFMQ), Gilles Pelletier, en entrevue. 

Le menu détail de la mesure prévue n’est pas encore connu. M. Pelletier a bon espoir que les États-Unis visent la Chine ou le Vietnam et que le Canada sera épargné. 

Si c’est le cas, l’industrie canadienne pourrait même être avantagée par rapport à d’autres pays, grâce à l’ACEUM, selon lui. 

Pour les poids lourds, M. Trump a brandi la menace d’une taxe de 25 %. Au Québec, Paccar assemble des camions de poids moyens à Sainte-Thérèse. L’usine serait probablement exemptée, mais l’administration Trump doit encore clarifier ses intentions.

La très grande majorité des exportations canadiennes vers les États-Unis sont exemptées de droits de douane, car elles sont conformes à l'Accord commercial Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM).

Les droits de douane sectoriels frappent toutefois durement certaines industries, notamment le secteur de l’aluminium visé par une taxe de 50 %. 

Stéphane Rolland

Stéphane Rolland

Journaliste