Le Comité américano-arabe contre la discrimination conteste une nouvelle loi californienne visant à protéger les élèves juifs de la discrimination, arguant qu'elle est inconstitutionnellement vague et viole leur droit à la liberté d'expression.
La plainte fédérale, déposée dimanche à San Jose, vise à invalider une loi signée le mois dernier par le gouverneur Gavin Newsom, créant un Bureau des droits civiques chargé d'aider les établissements scolaires à identifier et à prévenir l'antisémitisme. Les législateurs de l'État ont approuvé cette loi dans un contexte de fortes tensions politiques aux États-Unis liées à la guerre menée par Israël dans la bande de Gaza.
La nouvelle loi entrera en vigueur le 1er janvier. Elle ne définit pas l'antisémitisme, mais donne aux enseignants l'impression qu'ils pourraient être accusés de discrimination «s'ils exposent leurs élèves à des idées, des informations et du matériel pédagogique pouvant être considérés comme critiques envers l'État d'Israël et la philosophie du sionisme», selon la plainte.
Jenin Younes, directrice juridique nationale du Comité américano-arabe contre la discrimination, affirme que l'absence de directives a un effet dissuasif sur la liberté d'expression des enseignants.
«Ils s'autocensurent de manière excessive, car ils ne savent pas ce qui pourrait leur causer des problèmes», a-t-elle relevé.
La plainte a été déposée au nom d'enseignants et d'élèves des écoles publiques de Californie, ainsi que de l'association des Éducateurs de Los Angeles pour la justice en Palestine.
Dans sa plainte, Jonah Olson, professeur de sciences au collège, explique que les élèves de son district scolaire rural, majoritairement chrétien, lui demandent souvent ce que signifie être juif. Il répond notamment que son judaïsme n'implique pas le soutien à l'État d'Israël, et il craint désormais que cela ne constitue une infraction à la loi.
Des parents signataires de la plainte craignent que leurs enfants ne soient empêchés de découvrir différents points de vue sur Israël, les Palestiniens et le Moyen-Orient.
Les élèves des écoles publiques à travers le pays sont généralement protégés contre la discrimination par les politiques étatiques, fédérales et locales. Cependant, les partisans de la loi estiment qu'il était nécessaire de renforcer ces mesures face à la recrudescence du harcèlement et des brimades envers les élèves juifs et israéliens.
La Ligue anti-diffamation, qui soutient la nouvelle loi, a indiqué que 860 actes antisémites, tels que le harcèlement, le vandalisme et les agressions, lui ont été signalés l'an dernier dans les écoles primaires et secondaires non juives du pays. Ce chiffre représente une baisse de 26 % par rapport à l'année précédente, mais reste bien supérieur aux 494 cas recensés en 2022.
