L'un des plus importants prêteurs de La Baie d'Hudson affirme que la chaîne de grands magasins a si mal géré sa liquidation qu'un tribunal devrait mettre fin à une transaction de bail à la fois controversée et délicate, signée par le détaillant avec un milliardaire britanno-colombien. Il demande également de soumettre l'entreprise à une surveillance encore plus étroite lors de sa liquidation.
Une requête déposée mardi par Restore Capital auprès du tribunal vise à interdire au détaillant en fin de vie de vendre jusqu’à 25 de ses baux à Ruby Liu, propriétaire du centre commercial, et à nommer un «super contrôleur» pour liquider plus prudemment le reste de ses actifs.
L'entreprise soutient que ces deux mesures sont nécessaires, car le détaillant a «dilapidée» les garanties de Restore «sans aucune stratégie ni aucun plan clair pour réaliser un quelconque avantage pour les parties prenantes de HBC».
Restore, un gestionnaire d'investissements, a prêté de l'argent à La Baie pendant deux décennies. Lors de la dernière transaction, le détaillant vieux de 355 ans a reçu 151 millions $ en décembre 2024, trois mois avant que La Baie ne se place sous la protection de ses créanciers.
La plus ancienne entreprise canadienne a depuis liquidé ses 80 magasins et 16 autres sous sa bannière sœur Saks. Elle a également vendu des actifs, notamment des baux et de la propriété intellectuelle.
L'entreprise a négocié deux baux avec Mme Liu en mai. Le premier, une transaction de 6 millions $ portant sur trois baux pour des magasins situés dans des centres commerciaux de la Colombie-Britannique dont elle est propriétaire, a été approuvé par un tribunal le mois dernier.
Un autre accord concernait jusqu’à 25 baux supplémentaires en Alberta, en Colombie-Britannique et en Ontario. La Baie n'a pas encore demandé l'approbation du tribunal pour cette seconde entente.
Les propriétaires, dont Cadillac Fairview et Oxford Properties, se sont massivement opposés à l'acceptation de Mme Liu comme locataire, affirmant qu'elle ne leur a pas fourni de plan d'affaires concret pour les grands magasins qu'elle souhaite exploiter dans leurs locaux.
Une transaction qui pourrait coûter cher
La requête de Restore s'appuie sur leur dissidence et présente les efforts déployés par la Baie pour obtenir leur approbation comme étant coûteux et vains.
«HBC a engagé des loyers et des honoraires exorbitants pour tenter d'obtenir les consentements nécessaires des propriétaires, sans résultat probant, bien que ces derniers aient indiqué depuis longtemps qu'ils ne les accorderaient pas», indique la requête de Restore.
Elle souligne que les dernières prévisions financières indiquent qu'entre le 30 juin et le 15 août, la Baie compte débourser 7,5 millions $ de loyers pour mener à la conclusion de la transaction avec Mme Liu, et qu'une part importante des 8,5 millions $ d'honoraires professionnels prévus pour cette période de sept semaines y est également liée.
Mme Liu, qui n'a pas immédiatement répondu à une demande de commentaire, affirme que, si un tribunal approuve la vente, elle pense pouvoir convaincre les propriétaires.
Si l'entreprise ne parvient pas à conclure une entente avec Mme Liu, Restore et les autres prêteurs verront leurs garanties «irrémédiablement érodées», a soutenu le prêteur dans ses documents.
La porte-parole de La Baie d'Hudson, Tiffany Bourré, a déclaré que le détaillant répondrait à la requête «en temps voulu». Entre-temps, elle a affirmé que l'entreprise «continue de gérer la monétisation de ses actifs et la liquidation de ses affaires de manière responsable et diligente, en équilibrant judicieusement les intérêts des différentes parties prenantes».
Restore est cependant d'avis que ses chances de recouvrer ses liquidités ont été réduites à néant, car elle accuse la Baie d'avoir mal géré sa liquidation: elle n'a pas résilié les baux que personne ne voulait acheter dans les délais impartis, n'a pas fermé les magasins correctement et n'a pas retiré les installations et les équipements.
Ces mesures, ainsi que la décision de payer «inutilement» le retrait de la signalisation extérieure, ont entraîné des dépenses supplémentaires de 18 millions $ qui auraient autrement constitué la base de son recouvrement, a étayé Restore.
L'entreprise soutient que ces dépenses et les actions globales de la Baie ont contraint les prêteurs «perversement à financer l'augmentation de leur propre déficit prévisionnel». Restore craint que la seule autre chance de récupérer l'argent qui lui est dû soit de recourir au régime de retraite de l'entreprise, qui présente un excédent, mais dont le versement pourrait prendre des années en raison de divergences potentielles sur les droits.
Par conséquent, Restore souhaite que le tribunal élargisse les pouvoirs d'Alvarez et Marsal, un contrôleur précédemment nommé pour guider la Baie dans le processus de protection contre les créanciers, afin que l'entreprise puisse être liquidée.
Si le tribunal n'accepte pas un accord de «super contrôleur», il suggère de nommer Richter Consulting comme administrateur judiciaire.

