Le président Donald Trump est prêt à accepter un luxueux Boeing 747-8, offert par la famille régnante du Qatar, lors de son voyage au Moyen-Orient la semaine prochaine. Des responsables américains affirment que cet avion pourrait être transformé en avion présidentiel.
Le gouvernement qatari a déclaré qu'aucune décision finale n'avait été prise. Donald Trump a néanmoins défendu cette idée — qui équivaudrait à ce qu'un président accepte un cadeau d'une valeur inestimable de la part d'un gouvernement étranger — comme une décision judicieuse sur le plan financier pour le pays.
«Le fait que le ministère de la Défense reçoive GRATUITEMENT un 747 pour remplacer temporairement Air Force One, vieux de 40 ans, dans le cadre d'une transaction très publique et transparente, agace tellement les démocrates corrompus qu'ils insistent pour que nous payions le prix fort pour cet avion», a mentionné le président Trump sur ses réseaux sociaux dimanche soir.
Le président Trump utiliserait l'avion comme avion présidentiel jusqu'à peu avant son départ de la Maison-Blanche en janvier 2029, date à laquelle la propriété sera transférée à la fondation qui supervise sa bibliothèque présidentielle, qui n'a pas encore été construite, a rapporté ABC News.
À VOIR AUSSI | Guerre commerciale: Trump et les Américains optimistes, la Chine discrète après deux jours de négociation
Selon le média, le don devrait être annoncé lors de la visite de Donald Trump au Qatar, dans le cadre d'un voyage qui comprend également des escales en Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis, premier voyage prolongé à l'étranger de son second mandat.
Quelques heures après l'annonce de la nouvelle, Ali Al-Ansari, attaché de presse du Qatar, a toutefois déclaré dans un communiqué que «les informations selon lesquelles le Qatar offrirait un avion au gouvernement des États-Unis lors de la prochaine visite du président Trump sont inexactes.»
«Le transfert éventuel d'un avion pour une utilisation temporaire comme Air Force One est actuellement à l'étude entre le ministère de la Défense du Qatar et le ministère de la Défense des États-Unis, précise le communiqué. Mais la question reste à l'étude par les services juridiques respectifs, et aucune décision n'a été prise.»
Par ailleurs, des responsables de l'administration, anticipant les questions concernant l'acceptation par le président d'un cadeau aussi important de la part d'un gouvernement étranger, ont préparé une analyse soutenant que cette pratique serait légale, selon ABC.
La clause relative aux émoluments de la Constitution interdit à toute personne occupant une fonction gouvernementale d'accepter un cadeau, une émolument, une fonction ou un titre de tout «roi, prince ou État étranger» sans l'accord du Congrès.
À VOIR AUSSI | Trump «comprend» qu'il y a des «négociations entre nations souveraines», dit Carney
Kathleen Clark, experte en éthique gouvernementale à la faculté de droit de l'université Washington à Saint-Louis, a accusé Donald Trump de vouloir «exploiter le pouvoir du gouvernement fédéral, non pas pour des raisons politiques, mais pour s'enrichir personnellement».
«C'est scandaleux, a souligné Mme Clark. Donald Trump croit qu'il s'en tirera.»
Le chef de la minorité au Sénat, Chuck Schumer, a ironisé sur le slogan politique de Donald Trump, «L'Amérique d'abord».
«Rien ne dit mieux "L'Amérique d'abord" qu'Air Force One, offert par le Qatar, a mentionné le démocrate new-yorkais dans un communiqué. Il ne s'agit pas seulement de corruption, mais d'une influence étrangère de premier ordre, avec un espace supplémentaire pour les jambes.»
Air Force One est un Boeing 747 modifié. Il en existe deux, et le président vole à bord de ces deux appareils, qui ont plus de 30 ans. Boeing a le contrat pour produire des versions modernisées, mais la livraison a été retardée, l'entreprise ayant perdu des milliards de dollars sur ce projet.
La livraison du premier avion a été repoussée à 2027 et celle du second à 2028, dernière année complète du mandat de Donald Trump.
Le président Trump a l'intention de transformer l'avion qatari en un appareil qu'il pourra utiliser en tant que président. L'armée de l'air prévoit d'y ajouter des communications sécurisées et d'autres éléments classifiés. Cependant, ses capacités resteront plus limitées que celles des avions existants, construits pour servir d'Air Force One, ainsi que celles de deux autres appareils actuellement en construction, selon un ancien responsable américain.
Ce responsable a été informé à propos de l'avion et s'est exprimé dimanche sous couvert d'anonymat pour évoquer des plans qui n'ont pas encore été rendus publics.
Les avions existants utilisés pour servir d'Air Force One sont fortement modifiés et dotés de capacités de survie pour le président, lui permettant de faire face à diverses situations d'urgence, notamment un blindage contre les radiations et une technologie antimissile. Ils intègrent également divers systèmes de communication permettant au président de rester en contact avec l'armée et de donner des ordres depuis n'importe quel endroit du monde.
Le responsable a déclaré à l'Associated Press qu'il serait possible d'ajouter rapidement des contre-mesures et des systèmes de communication à l'avion qatari, mais que ces derniers seraient moins performants que l'Air Force One actuel ou que ses remplaçants longtemps retardés.
Ni l'avion qatari ni le futur VC-25B ne disposeront des capacités de ravitaillement en vol de l'actuel VC-25A, celui à bord duquel le président voyage actuellement, a précisé le responsable.
Le nouvel avion est similaire à un Boeing de 13 ans que Donald Trump a visité en février, alors qu'il était stationné à l'aéroport international de Palm Beach et qu'il passait le week-end dans son club de Mar-a-Lago, a indiqué ABC.
