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Des Afrikaners partent pour les États-Unis après avoir obtenu le statut de réfugié

L'administration Trump a accéléré le traitement de leurs demandes tout en suspendant d'autres programmes d'aide aux réfugiés.

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e4d887e392be6645785150a7c8af1fc3f793a0478de135314e5e3a0305fca0c7.jpg Le président Donald Trump s'adresse aux journalistes lors de la signature de décrets dans le Bureau ovale de la Maison-Blanche, le 10 février 2025, à Washington. (AP Photo)

Un groupe de 49 Sud-Africains blancs a quitté leur pays dimanche pour les États-Unis à bord d'un avion nolisé privé, après s'être vu offrir le statut de réfugié par l'administration de Donald Trump dans le cadre d'un nouveau programme annoncé en février.

Le groupe, composé de familles et de jeunes enfants, devait arriver à l'aéroport international de Dulles, près de Washington, lundi matin, selon Collen Mbisi, porte-parole du ministère sud-africain des Transports.

Ils sont les premiers Afrikaners — une minorité blanche d'Afrique du Sud — à être relocalisés après que le président américain Donald Trump a publié un décret le 7 février accusant le gouvernement sud-africain, dirigé par des Noirs, de discrimination raciale à leur égard et annonçant un programme visant à leur offrir une relocalisation aux États-Unis.

Le gouvernement sud-africain a déclaré qu'il était «totalement faux» que les Afrikaners soient persécutés.

L'administration Trump a accéléré le traitement de leurs demandes tout en suspendant d'autres programmes d'aide aux réfugiés, stoppant ainsi les arrivées en provenance d'Afghanistan, d'Irak, de la majeure partie de l'Afrique subsaharienne et d'autres pays, une décision contestée devant les tribunaux.

Des groupes de réfugiés se demandent pourquoi les Sud-Africains blancs sont prioritaires par rapport aux personnes originaires de pays ravagés par la guerre et les catastrophes naturelles. L'examen des demandes de statut de réfugié aux États-Unis prend souvent des années.

L'administration Trump affirme que le gouvernement sud-africain poursuit des politiques racistes et anti-blanches par le biais de lois de discrimination positive et d'une nouvelle loi sur l'expropriation des terres qui, selon elle, cible les terres des Afrikaners. Le gouvernement avance que ces affirmations sont fondées sur de fausses informations, qu'il n'y a pas de racisme à l'encontre des Afrikaners et qu'aucune terre n'a été expropriée, bien que cette loi controversée ait été adoptée et fasse l'objet de critiques en Afrique du Sud.

L'Afrique du Sud dément également les allégations américaines selon lesquelles les Afrikaners seraient la cible d'attaques à caractère raciste dans certaines communautés rurales. Au contraire, le gouvernement sud-africain a déclaré que les Afrikaners, descendants de colons néerlandais et français, comptent parmi les plus favorisés économiquement du pays.

Les premiers réfugiés afrikaners voyageaient à bord d'un vol exploité par la compagnie Omni Air International, établie à Tulsa, dans l'Oklahoma. Ils devaient se rendre à Dakar, au Sénégal, où ils feraient escale pour faire le plein avant de rejoindre Dulles.

Ils ont décollé de l'aéroport international OR Tambo de Johannesburg, où ils étaient accompagnés de policiers et d'agents de l'aéroport lors de leur enregistrement. Ils devraient être contrôlés par la police afin de s'assurer qu'aucune affaire pénale ni aucun mandat d'arrêt n'était en cours contre eux avant d'être autorisés à partir, a précisé Collen Mbisi.

Le gouvernement sud-africain a déclaré que rien ne justifiait leur relocalisation, mais qu'il ne les en empêcherait pas et qu'il respectait leur liberté de choix.

Ils devraient être accueillis à Dulles par une délégation du gouvernement américain, composée notamment du secrétaire d'État adjoint et de représentants du ministère de la Santé et des Services sociaux, dont le bureau des réfugiés a organisé leur réinstallation.

Une priorité de l'administration Trump

Ce vol sera le premier d'une «opération de relocalisation à plus grande échelle», a indiqué vendredi à la presse Stephen Miller, chef de cabinet adjoint de la Maison-Blanche. M. Miller a affirmé que la situation des Afrikaners en Afrique du Sud «correspond à la définition classique de la raison d'être du programme pour les réfugiés».

«Il s'agit de persécution fondée sur une caractéristique protégée — en l'occurrence, la race. Il s'agit de persécution raciale», a-t-il souligné.

Le Bureau de réinstallation des réfugiés était prêt à leur offrir un soutien, notamment pour le logement, le mobilier et d'autres articles ménagers, ainsi que pour les dépenses, telles que les courses, les vêtements, les couches et autres, selon un document obtenu par l'Associated Press. Ce document précisait que la relocalisation des Afrikaners était «une priorité absolue de l'administration».

On compte environ 2,7 millions d'Afrikaners sur les 62 millions d'habitants de l'Afrique du Sud, dont plus de 80 % sont noirs. Ils ne constituent qu'une partie de la minorité blanche du pays.

En Afrique du Sud, les allégations selon lesquelles les Afrikaners seraient persécutés et rempliraient les conditions requises pour être réinstallés en tant que réfugiés laissent perplexe de nombreux Sud-Africains.

Ils font partie intégrante de la vie multiraciale quotidienne du pays, avec de nombreux chefs d'entreprise prospères et certains d'entre eux occupant des postes de ministres et de vice-ministres au sein du gouvernement. Leur langue est largement parlée et reconnue comme langue officielle. Les églises et autres institutions reflétant la culture afrikaner occupent une place importante dans presque toutes les villes.

L'administration Trump a critiqué l'Afrique du Sud sur plusieurs fronts. Le décret présidentiel de février a coupé tous les financements américains à l'Afrique du Sud en raison de sa position anti-blanche et l'a également accusée de mener une politique étrangère anti-américaine.

Gerald Imray

Gerald Imray

Journaliste