Lorsque Luca avait 3 ans, sa mère Christina Collura a reçu la confirmation que son petit garçon était autiste.
«Cela a été un choc, dans le sens où je me suis demandé: "Et maintenant?" Mais mon esprit s'est automatiquement tourné vers ce qu'il pouvait faire, plutôt que vers ce qu'il ne pouvait pas faire, et vers la manière dont nous allions l'aider», raconte Mme Collura. «Et cela allait être un beau voyage.»
Ce beau voyage a pris un tournant cette semaine, après que le président américain Donald Trump a déclaré que les femmes enceintes ne devraient pas prendre de Tylenol, établissant un lien entre l'acétaminophène et l'autisme.
S'adressant à CTV News, Christina Collura, mère de deux enfants a fait part de sa colère. «Je tremble littéralement en parlant de cela», a-t-elle dit. «C'est fou de penser que nous allons créer des stigmates à l'encontre des mères.»
Elle a ensuite fait part de sa crainte que les mères se voient désormais demander: «Qu'avez-vous fait pendant votre grossesse? Qu'avez-vous fait pour que votre enfant soit autiste?»
La présidente de l'Ontario Autism Coalition, Alina Cameron, qui est également épidémiologiste, estime que l'affirmation de l'administration Trump est imprudente et sans fondement.
«Je crains que les mères commencent à se blâmer elles-mêmes, et ce n'est tout simplement pas juste.»
La fille de Mme Cameron, Fiona, âgée de 10 ans, est également autiste. «Faute d'un meilleur terme, elle est profondément autiste, elle rencontre des obstacles dans sa vie quotidienne et elle est presque toujours non verbale.»
Cette mère de trois enfants s'empresse de préciser qu'elle n'a pas pris de Tylenol pendant sa grossesse. «Je n'ai pris aucun médicament, donc pas de Tylenol, et ma fille est autiste. C'est une preuve anecdotique, cela ne concerne qu'une seule personne, mais nous savons grâce à ces études menées sur de larges populations qu'il n'y a aucun lien.»
En 2024, le Journal of the American Medical Association (JAMA) a publié une étude à la suite d'une enquête sur «l'utilisation de l'acétaminophène pendant la grossesse et le risque d'autisme, de TDAH et de déficience intellectuelle chez près de 2,5 millions d'enfants en Suède».
Une analyse qui n'incluait pas les frères et sœurs a révélé une «augmentation marginale des risques». L'analyse qui incluait les frères et sœurs a révélé que «l'utilisation de l'acétaminophène pendant la grossesse n'était pas associée au risque d'autisme, de TDAH ou de déficience intellectuelle chez les enfants...», selon le rapport du JAMA.
«Lorsque nous avons examiné les études de plus près et pris l'exemple de frères et sœurs, l'un ayant été exposé au Tylenol pendant la grossesse et l'autre non, nous avons constaté qu'il n'y avait pas de lien de causalité. Donc (ignorer les études sur les frères et sœurs), c'est un peu comme dire que les ventes de crème glacée augmentent en été, tout comme le taux de criminalité. Y a-t-il un lien entre les deux? Probablement pas», déclare Jen Belcher, vice-présidente de l'Association des pharmaciens de l'Ontario.
Depuis des décennies, l'acétaminophène est considéré comme l'un des seuls analgésiques sans danger pour les femmes enceintes. Cela reste vrai aujourd'hui, selon l'Association des pharmaciens de l'Ontario.
«C'est l'analgésique le plus sûr et le plus efficace dont nous disposons pour les femmes enceintes ; il est également parfois utilisé pour réduire la fièvre, qui peut être très dangereuse pour le fœtus pendant la grossesse», souligne Mme Belcher.
Quant à Mme Collura, elle admet que les déclarations de l'administration Trump l'ont affectée aujourd'hui. «Nous devons nous concentrer principalement sur les aides et les thérapies, et soutenir nos enfants, quels que soient leurs besoins et leurs capacités», dit-elle.
Cette mère aimante ajoute que, dans des jours comme celui-ci, elle repense à une citation qui l'a soutenue depuis que son fils a été diagnostiqué.
«L'autisme est un voyage auquel je ne m'attendais pas, mais j'aime vraiment mon guide touristique.»
