Moins de 24 heures après que le constructeur automobile Stellantis ait annoncé le transfert de la production du Jeep Compass de l'Ontario vers les États-Unis, le gouvernement fédéral a déclaré qu'il envisageait d'intenter une action en justice contre l'entreprise.
Dans une lettre adressée au PDG de Stellantis, Antonio Filosa, la ministre de l'Industrie, Mélanie Joly, a souligné que Stellantis avait «pris des engagements importants envers le Canada et sa main-d'œuvre».
Ce texte est une traduction d'un article de CTV News.
«Si Stellantis choisit de ne pas respecter ses obligations, nous agirons dans l'intérêt de tous les Canadiens et tiendrons l'entreprise pleinement responsable, et nous exercerons toutes les options, y compris les options juridiques», poursuit la lettre.
Bloomberg a été le premier à rapporter la menace d'une action en justice.
Mardi, Stellantis a annoncé qu'il allait transférer la production de Jeep prévue pour son usine de Brampton, en Ontario, vers son usine d'assemblage de Belvidere, dans l'Illinois, créant ainsi 3300 nouveaux emplois aux États-Unis d'ici 2027. Cette annonce s'inscrit dans le cadre d'un investissement de 13 milliards de dollars américains réalisé par Stellantis pour développer sa production aux États-Unis au cours des quatre prochaines années.
S'adressant aux journalistes à Fredericton, au Nouveau-Brunswick, mercredi, Mme Joly dit avoir parlé au PDG de Stellantis la veille.
«Nous avons investi des millions de dollars dans cette usine en nous basant sur l'engagement qu'ils investiraient dans un nouveau modèle», a expliqué Mme Joly aux journalistes. «C'est pourquoi, s'ils ne le font pas, nous leur demanderons des comptes.»
En 2022, Stellantis s'est engagé à investir 3,6 milliards de dollars canadiens pour rééquiper les usines d'assemblage de Brampton et de Windsor, en Ontario, afin de les aligner sur les objectifs de développement de véhicules électriques et de batteries de l'entreprise. Les gouvernements fédéral et provincial se sont alors engagés à investir 1,4 milliard de dollars canadiens pour la modernisation, pour un total de 5 milliards de dollars canadiens.
Dans sa lettre à Stellantis, Mme Joly a souligné le financement accordé à l'entreprise par Ottawa et l'Ontario.
«Stellantis a convenu avec le gouvernement du Canada et la province de l'Ontario de maintenir l'ensemble de ses activités au Canada, y compris à Brampton, en échange d'un soutien financier substantiel», a écrit Mme Joly.
«Tout manquement à cet engagement sera considéré comme une violation de nos accords », a-t-elle ajouté.
Les travaux à l'usine Stellantis de Brampton ont été suspendus en février en raison des menaces du président américain Donald Trump d'imposer des droits de douane sur les produits canadiens. Ces travaux n'ont pas repris. L'usine du constructeur automobile à Windsor, quant à elle, continue de s'agrandir pour produire des batteries pour véhicules électriques.
Mme Joly demande également à l'entreprise d'identifier rapidement « de nouvelles missions pour Brampton qui garantissent que l'usine reste centrale » pour l'entreprise.
Le premier ministre de l'Ontario, Doug Ford, affirme que Stellantis lui a donné l'assurance que l'usine de Brampton continuera à fonctionner à l'avenir.
«J'ai eu une conversation avec le président de Stellantis hier», a indiqué M. Ford aux journalistes à Kenora, en Ontario, mercredi. «Il m'a dit qu'ils allaient reporter cela d'un an. Ils vont trouver un nouveau modèle.»
M. Ford a également dit qu'il était prévu d'ajouter une troisième équipe à Windsor, ce qui permettrait potentiellement à 1500 des 3000 employés concernés d'être transférés vers cette usine.
Dans une déclaration à CTV News Toronto, Stellantis a soutenu que le Canada était «très important» pour l'entreprise, soulignant ses 100 ans d'histoire dans le pays.
«Nous investissons. Nous ajoutons une troisième équipe à l'usine d'assemblage de Windsor afin de répondre à la demande croissante pour toutes les versions de la Chrysler Pacifica et les nouveaux modèles Dodge Charger Scat Pack et R/T équipés du moteur SIXPACK», a écrit l'entreprise.
«Nous avons des projets pour Brampton et nous les partagerons après avoir discuté plus en détail avec le gouvernement canadien.»
Depuis sa réélection, Trump a réitéré son souhait de rapatrier la production automobile aux États-Unis afin de relancer l'industrie manufacturière et de créer davantage d'emplois pour les Américains.
La semaine dernière, le secrétaire américain au Commerce, Howard Lutnick, a écarté toute perspective d'accord global sur l'automobile avec le Canada lors d'une allocution prononcée selon les règles de Chatham House lors du sommet États-Unis-Canada organisé par BMO et Eurasia Group à Toronto.
Plus tôt cette année, Trump a imposé un droit de douane de 25 % sur toutes les importations de véhicules aux États-Unis, mais a prévu une exception pour les pièces automobiles fabriquées aux États-Unis et conformes à l'Accord Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM).
Avec des informations provenant de Codi Wilson de CP24 et de Spencer Van Dyk de CTV News.

