Société

«Tellement de problèmes»: leur projet de cour se transforme en cauchemar

«À mon avis, il faut tout démolir et recommencer.»

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La rénovation inachevée de la cour arrière de Kevin Varley dans le canton de Beckwith, le dimanche 6 septembre 2025. (Katelyn Wilson/ CTV News Ottawa)

Une famille de l'est de l'Ontario pensait construire la cour de ses rêves. Au lieu de cela, elle affirme avoir perdu des dizaines de milliers de dollars, et elle n'est pas la seule.

Ce texte est une traduction d'un article de CTV News

CTV News a mis au jour une série inquiétante de projets construits sans permis et d'allégations de travaux non conformes, tous liés à un seul entrepreneur.

En juin dernier, Kevin Varley et sa femme ont engagé Timbercraft Summer Structures Ltd., une entreprise appartenant à Kirk Sturgeon.

Bien qu'il soutienne cette entreprise, il en promeut aujourd'hui une autre, Timbercraft Leisure Living Inc. Les registres indiquent que celle-ci a été créée cette année. Il exploite également une autre entreprise de rénovation domiciliaire, Castlecorp Design Build Ltd.

Les Varley ont reçu un devis de 240 000 dollars, les travaux devant commencer le 1er août 2024, sous réserve de l'obtention d'un permis.

«Ce que nous avions imaginé au final, c'était un jacuzzi dans un espace clos avec une cheminée, et des fenêtres et des portes Sunspace partout», explique M. Varley.

Mais plusieurs mois après le début du projet, ils ont appris qu'il n'y avait pas de permis, et la municipalité de Beckwith a émis un ordre d'arrêt des travaux le 1er mai 2025.

«Tous les travaux qui avaient été réalisés jusqu'à présent, notamment la mise en place de certains pieux hélicoïdaux, la majeure partie de la terrasse et les travaux de bétonnage, n'ont pas été inspectés, car aucun permis n'avait été délivré», a dit M. Varley.

«La situation est devenue très préoccupante, et nous avons découvert que l'une des raisons pour lesquelles il n'avait pas de permis était qu'il n'avait pas payé ses sous-traitants.»
- Kevin Varley

Bien que M. Sturgeon nie ne pas avoir payé ses sous-traitants, lorsque le permis a finalement été délivré, ce qui avait été construit ne correspondait pas aux plans.

L'entrepreneur Ryan Branton, qui travaille dans le secteur depuis près de deux décennies, a expliqué les problèmes à CTV News.

«La première chose que j'ai remarquée en arrivant ici, c'est la façon dont la terrasse est structurée ou fixée à la maison. Elle est fixée au revêtement extérieur, ce qui n'est pas quelque chose que nous faisons», a dit M. Branton.

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«L'autre chose que je remarque, ce sont les poteaux. Si vous regardez en dessous, vous pouvez voir qu'il n'a pas utilisé de poteaux de 6 pouces sur 6, mais des poteaux de 2 pouces sur 6 assemblés, ce qui, encore une fois, n'est pas quelque chose que nous faisons.»

Finalement, les Varley ont affirmé avoir abandonné le projet après de nouveaux retards et, semble-t-il, de nouveaux problèmes.

À ce moment-là, ils avaient déjà versé 96 000 dollars et la construction n'avait pas passé l'inspection, mais M. Sturgeon affirme que c'est parce que le projet n'était pas encore terminé.

Il a également fourni à CTV News une liste détaillée et un récapitulatif des dépenses, qui s'élèvent selon lui à 88 428,15 dollars.

De multiples défauts

Selon le rapport d'inspection daté du 25 juin 2025, de multiples défauts ont été signalés, notamment des solives manquantes, des poutres mal soutenues, une charpente de plancher inachevée autour de la piscine, des solives et des supports de poutres manquants, ainsi qu'une solive de rive qui n'était pas fixée ou en contact direct avec l'habitation comme requis. L'inspecteur a noté que certaines parties de la structure n'étaient pas conformes au code et a averti que d'autres problèmes pourraient apparaître lors d'une nouvelle inspection.

«À mon avis, il faut tout démolir et recommencer, il y a tellement de problèmes ici», a mentionné M. Branton. «Je suis d'accord avec l'inspecteur municipal pour dire que cela doit être fermé.»

Les Varley ne sont pas les seuls dans cette situation. CTV News s'est entretenu avec trois autres familles qui ont vécu des expériences similaires : des travaux ont commencé sans permis, des sous-traitants n'auraient pas été payés et des projets n'auraient pas été construits correctement.

À Ottawa, un autre couple affirme avoir versé environ 180 000 dollars à Sturgeon pour une véranda quatre saisons.

Ils ont souhaité rester anonymes, mais ont laissé M. Branton montrer à CTV News les problèmes rencontrés et les raisons pour lesquelles ils ont renoncé au projet.

«Encore une fois, les travaux ont commencé avant que le permis ne soit délivré», a ajouté M. Branton. «À l'heure actuelle, cette propriété a échoué à l'inspection du toit et je suis presque certain qu'elle échouera également à l'inspection de la structure autour du jacuzzi.»

L'entrepreneur nie les allégations

CTV News s'est entretenu avec M. Sturgeon par téléphone et par courriel. Il nie les allégations, affirmant que tout a été construit correctement et qu'il est trompeur de juger un projet avant qu'il ne soit terminé.

Bien qu'il admette avoir commencé des projets sans permis, il reproche aux municipalités de prendre trop de temps.

Dans un courriel, il écrit : «je comprends que vous vous soyez engagés à éliminer les entrepreneurs malhonnêtes ou corrompus du secteur, mais ce n'est pas mon cas.»

Dans un deuxième courriel concernant les Varley, il souligne : «nous serions heureux de revenir pour corriger les défauts, mais nous ne sommes pas autorisés à retourner sur la propriété à la demande du propriétaire en raison de sa détresse mentale.» Il ajoute : «nous offrons une garantie de cinq ans sur tout ce que nous construisons et nous avons toujours honoré notre garantie sur tous nos projets.»

M. Sturgeon est un distributeur indépendant des produits Sunspace. Dans une déclaration à CTV News, le directeur du marketing, François Beaudry, dit : «nous avons récemment été informés d'une activité frauduleuse probable commise par l'un de nos distributeurs indépendants. Nous regrettons profondément tout désagrément causé aux clients concernés et encourageons toute personne ayant des inquiétudes à nous contacter directement ici : francois.beaudry@sunspacesunrooms.com. Au cours des prochains jours, nous contacterons les clients qui pourraient avoir été touchés par cette situation afin de leur offrir notre soutien. Parallèlement, nous évaluons soigneusement les mesures les plus appropriées à prendre.»

Nous avons contacté la municipalité de Beckwith et la ville d'Ottawa pour connaître la durée moyenne nécessaire à l'obtention d'un permis et les mesures coercitives prises si les travaux commencent sans permis.

Pas de système d'agrément pour les entrepreneurs en Ontario

La municipalité n'a pas répondu, mais dans unee message, Scott Lockhart, directeur adjoint des services du code du bâtiment de la ville d'Ottawa, écrit : « La ville applique une approche coercitive progressive. En règle générale, la première étape consiste à demander à la partie responsable d'arrêter les travaux et de demander les permis requis. Si la conformité n'est pas respectée, d'autres outils, tels que des ordonnances officielles d'arrêt des travaux, peuvent être utilisés. Les ordonnances non respectées peuvent faire l'objet de poursuites, et les récidivistes sont passibles de sanctions plus sévères s'ils sont reconnus coupables par le tribunal. En général, les services du code du bâtiment émettent plus de 200 ordonnances par an.

La ville répond généralement aux demandes complètes pour les petits projets résidentiels, tels que les rénovations de maisons, les terrasses et les remises, dans un délai de sept à dix jours ouvrables. Le délai nécessaire à la délivrance d'un permis dépend de la qualité du dossier et de sa conformité avec le Code de l'Ontario du bâtiment et les autres lois applicables. Les volumes saisonniers peuvent également avoir une incidence sur les délais d'examen. À l'heure actuelle, la plupart des permis pour ce type de projets sont délivrés dans un délai de 15 à 20 jours. Les demandes incomplètes ou auxquelles il manque des informations requises prendront plus de temps à traiter.»

En ce qui concerne l'octroi de licences aux entrepreneurs, la ville indique que toute décision devra être soumise au conseil municipal lors d'une future révision du règlement.

Au niveau provincial, il n'existe pas de système d'octroi de licences pour les entrepreneurs généraux en Ontario, ce qui, selon M. Branton, laisse peu de place à la surveillance. Si certaines villes comme Toronto exigent des licences, d'autres, dont Ottawa, n'en exigent pas actuellement.

«Je pense que ce qu'il faut faire maintenant dans tout l'Ontario, c'est vraiment commencer à délivrer des licences aux entrepreneurs. Les villes doivent savoir qui opère dans leur ville et quel type de travail ils font. Je ne veux pas imposer une taxe supplémentaire aux entrepreneurs, mais en même temps, c'est vraiment le Far West là-bas et tout est permis.

«Les consommateurs ne sont pas protégés », a dit M. Branton. «Il n'y a pas de contrôle, personne ne patrouille pour repérer les travaux non autorisés, les villes comptent sur les plaintes des voisins, et cela n'est tout simplement pas suffisant.»

Les familles comme les Varley n'ont donc d'autre recours que de tout recommencer à zéro.

«C'est horrible, nous avons versé beaucoup de larmes», a ajouté M. Varley. «Nous nous sentons victimes, escroqués, en colère, personne n'est responsable.»

«L'autre chose que je remarque, ce sont les poteaux. Si vous regardez en dessous, vous pouvez voir qu'il n'a pas utilisé de poteaux de 6 x 6, mais des poteaux de 2 x 6 assemblés, ce que nous ne faisons pas non plus.»

CTV News

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Katelyn Wilson

Katelyn Wilson

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