Économie

Soyez prudent lorsque vous investissez sur des marchés atteignant des sommets

«De nombreux investisseurs se laissent prendre par le battage médiatique.»

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e1bc603addba1c9f2ddfeb99641e28bf95ed1eb4727ddd0551e623c446c9cf2f.jpg Une personne est assise à l’extérieur du TMX Market Centre à Toronto, le mercredi 11 septembre 2024. (LA PRESSE CANADIENNE/Paige Taylor White)

Votre groupe de discussion est inondé de messages d’amis se vantant des gains qu’ils ont réalisés sur une action récemment en plein essor, mais vous n’avez rien à ajouter, car vous ne la possédez pas.

Alors que Bay Street et Wall Street atteignent des sommets, et que certaines actions en plein essor, comme Nvidia, font la une des journaux pour leur hausse boursière, il est tentant pour les investisseurs, surtout ceux qui débutent leur parcours d’investissement et qui n’ont peut-être pas beaucoup d’argent à investir dès le départ, de vouloir se lancer.

Cependant, avant que la peur de rater quelque chose ne prenne le dessus, les experts conseillent de prendre un moment pour se demander pourquoi vous souhaitez investir dans cette entreprise.

«De nombreux investisseurs se laissent prendre par le battage médiatique», explique Ryan Gubic, planificateur financier agréé et fondateur de MRG Wealth Management.

«Lorsque vous avez des investissements performants ou rentables, ils sont déjà passés d’une période potentiellement basse à une période haute», affirme-t-il, ce qui signifie qu’il est possible que l’action stagne ou se négocie à la baisse à l’avenir.

Mais investir va au-delà de la peur de passer à côté de gains. Il s’agit davantage de savoir où se situe un individu dans son parcours financier, notamment ses objectifs et son horizon de placement, et de les lier à ses décisions d’investissement, selon les experts.

Selon M. Gubic, les jeunes investisseurs doivent tenir compte de leur expérience en investissement et du temps qu’ils consacrent à l’analyse des marchés et de l’économie. Il leur suggère de consulter un conseiller financier pour clarifier leurs objectifs, leur tolérance au risque et leurs besoins, qui peuvent être intégrés dans un plan financier global.

Si un investisseur ne se renseigne pas sur les investissements dans lesquels il investit réellement, la sélection de titres peut rapidement se transformer en spéculation, ajoute M. Gubic.

«Êtes-vous simplement à la recherche de rendements, ou avez-vous réellement une stratégie et un processus?» questionne-t-il. 

L’achat d’actions individuelles lorsque leurs cours atteignent des niveaux records comporte également des risques.

«Qu’êtes-vous prêt à perdre et quel impact cela aura-t-il sur vous au cours des cinq, dix et trente prochaines années? demande M. Gubic. Soyez honnête avec vous-même: pratiquez-vous des paris spéculatifs ou des investissements systématiques?»

Des gains... et des pertes

Si les amis parlent souvent de leurs gains en investissement, rares sont ceux qui évoquent ouvertement leurs pertes, souligne Mia Karmelic, conseillère financière chez IG Gestion privée de patrimoine.

«Ils n’en parlent pas toujours lorsqu’ils ont perdu de l’argent, insiste-t-elle. Je pense qu’il est important d’intégrer ce point de vue.»

Si les marchés ont émergé de la volatilité liée aux échanges commerciaux plus tôt cette année, les baisses importantes ont mis de nombreux investisseurs sur les nerfs. Mais les marchés ont résisté et ont depuis atteint plusieurs nouveaux sommets dans les mois qui ont suivi.

«Les replis sont normaux et se produisent chaque année, indique Mme Karmelic. Les marchés se redressent et atteignent de nouveaux sommets.» 

Elle précise que les investisseurs ne devraient pas se focaliser sur l’évolution des marchés ou des actions individuelles, mais plutôt se concentrer sur la croissance de leur capital à long terme.

«Je suggère d’investir dans un portefeuille diversifié (fonds négocié en bourse, fonds communs de placement) plutôt que dans des actions individuelles lorsque l’épargne disponible est limitée», explique-t-elle.

Les jeunes investisseurs commencent généralement avec un montant plus modeste et, parfois, ils prennent davantage de risques en quête de rendement.

«Il est très difficile de diversifier son portefeuille d’actions individuelles lorsqu’on n’investit pas beaucoup d’argent», convient Mme Karmelic. Elle recommande plutôt d’investir régulièrement.

«Faites la moyenne des marchés, captez les différents prix et, à long terme, vous obtiendrez de très bons résultats», ajoute-t-elle.

La diversification à la clé

Mais cela ne signifie pas qu’il soit hors de question d’investir son argent dans une action qui atteint un sommet historique.

«Il y a certainement de la place pour certaines actions qui atteignent des sommets historiques, car il est probable qu’elles puissent continuer à atteindre de nouveaux sommets», affirme Mme Karmelic.

Mais il est important de protéger son portefeuille d’une volatilité importante, selon elle.

«Il est important d’investir dans un portefeuille d’actions diversifié, qui ne se limite pas à un secteur ou à un pays en particulier», précise Mme Karmelic.

«Je pense que les investisseurs ressentiront certainement davantage la volatilité s’ils ne sont exposés qu’à trois ou quatre sociétés individuelles», ajoute-t-elle.

Même dans ce cas, si un investisseur a un faible intérêt pour une action en plein essor, celle-ci ne devrait représenter qu’un faible pourcentage de son portefeuille.

«Lorsque j’observe beaucoup de mes clients, une action publique individuelle peut représenter environ 1 à 2 %, parfois un peu moins», conclut M. Gubic.

Ritika Dubey

Ritika Dubey

Journaliste