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SAAQclic: un ex-cadre de SAP agacé par des conclusions de la vérificatrice générale

Je n'ai pas compris où était le conflit d'intérêts.»

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a132a4fa70bfdec07b51cd8a5b705c436c401a5c617dc0830952cf3f85f3ec95.jpg Une enseigne de la Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ) photographiée à Montréal le jeudi 2 octobre 2025. LA PRESSE CANADIENNE/Christopher Katsarov (Christopher Katsarov | La Presse canadienne)

Un ancien responsable de la firme SAP s'est dit «achalé» par les conclusions de la vérificatrice générale du Québec (VGQ) quant à l'avantage que l'éditeur allemand aurait eu avant l'appel d'offres pour le virage numérique de la Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ).  

Guy Cossette, anciennement directeur au développement des affaires chez SAP, a témoigné vendredi devant la commission Gallant, qui enquête sur la modernisation technologique de la SAAQ. 

En 2014, M. Cossette a participé au travail visant à promouvoir auprès de la société d'État l'idée d'un progiciel de gestion intégré (PGI), qui servira plus tard au développement de la plateforme SAAQclic. Le mandat avait pour but d'évaluer les besoins de la SAAQ ainsi que les coûts et les bénéfices associés à l'implantation d'un PGI. 

Dans le cadre de ces démarches, SAP a notamment organisé des ateliers auprès de plusieurs dizaines d'employés de la SAAQ afin de montrer le modèle d'un PGI. Des auditeurs étaient présents afin de s'assurer «qu'on n'allait pas poser des questions qui allaient nous avantager plus que d'autres», a soutenu M. Cossette.

«Ça m'a achalé un peu quand la vérificatrice générale a émis son rapport et qu'elle prétendait qu'il y avait peut-être un conflit d'intérêts pour SAP. Je n'ai pas compris où était le conflit d'intérêts», a-t-il déclaré devant le commissaire Denis Gallant. 

Selon le rapport de février dernier de l'ex-VGQ, Guylaine Leclerc, «un seul éditeur de PGI a été impliqué de façon importante» en lien avec les travaux d’évaluation. 

Sans parler de conflit d'intérêts, Mme Leclerc a affirmé aux médias l'hiver dernier que «l'éditeur, qui a participé grandement à l'établissement des besoins (...) avait un avantage lorsqu'il arrive pour préparer l'appel d'offres, d'autant plus que le délai pour réaliser l'appel d'offres était assez court».

«L'éditeur, c'est celui qui a gagné, et lui, il avait participé à l'établissement des besoins, ce qui fait qu'il y avait un certain avantage», a-t-elle dit. 

En décembre 2014, quelques mois avant le lancement du processus d'appel d'offres, SAP recommandait à la société d'État son PGI en trois livraisons pour remplacer ses systèmes informatiques. 

La firme allemande avait été consultée alors qu'elle avait à l'époque un autre lien contractuel avec la SAAQ pour un mandat d'une valeur de 126 000 $. Ce «petit contrat» conclu en 2008 était une manière pour SAP d'avoir un pied à la SAAQ et espérer ensuite étendre sa solution dans l'organisation, a évoqué M. Cossette.

Il estime que présenter à des employés de la société d'État le produit acheté par cette dernière fait partie des «privilèges» d'une compagnie. 

Selon lui, si ce n'était pas SAP, d'autres de ses compétiteurs auraient fait ce «travail de pré-vente». La firme voulait faire sa place, alors que d'importants contrats du secteur public lui avaient échappé dans le passé, s'est-il souvenu. 

SAP a remporté en 2017 le contrat-cadre de 458 millions $ avec les firmes LGS-IBM qui ont été chargées des services d'intégration. Rappelons que le budget total du projet de modernisation informatique de la SAAQ pourrait s'élever à au moins 1,1 milliard $, soit environ le double du montant initial, selon les calculs de la VGQ. 

La commission Gallant doit poursuivre ses audiences publiques lundi matin à Montréal.

Frédéric Lacroix-Couture

Frédéric Lacroix-Couture

Journaliste