Début du contenu principal.
Des consultants externes ayant oeuvré sur la transformation numérique de la Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ) ignoraient que leur taux horaire facturé auprès de l'organisme public avait passé subitement de 82 $ à 350 $ de l'heure, alors que leur contrat de travail et leurs tâches demeuraient les mêmes.
C'est l'un des constats présentés jeudi devant la commission Gallant qui tente de faire la lumière entourant le fiasco SAAQclic.
Trois membres du personnel de la commission ont mené une enquête sur la variation des taux horaires chez des consultants embauchés par le consortium LGS-IBM-SAP. Ils ont rencontré une vingtaine de personnes dans le cadre de leurs démarches.
Certaines de ces ressources sont employées en 2017 comme des «spécialistes technologiques» avec un taux horaire de 82 $ de l'heure facturé par le consortium à la SAAQ. En 2018, cette rémunération passe à 350 $ de l'heure liée à une «expertise de pointe». La justification des fournisseurs à l'époque est notamment le devancement d'une mise à jour majeure.
Or, plusieurs des ressources ont contredit cette version auprès de l'équipe de la commission Gallant.
Certains ont affirmé n'avoir jamais travaillé sur cette mise à jour et ne pas avoir un profil d'expert de pointe, selon les cas présentés par l'enquêteur André Laroche.
L'une des personnes rencontrées s'est qualifiée elle-même de «basis», «quelque chose qui n'est pas rare sur le marché», a-t-il relaté. Le patron d'une des ressources a aussi confirmé à l'enquêteur qu'elle ne pouvait être qualifiée d'experte et ainsi l'a facturée au taux horaire de 350$/h.
D'autres consultants ont dit que ce changement de version a été sans impact sur leur travail et qu'il s'agissait d'une «mise à niveau standard».
L'enquête de M. Laroche, de l'avocate Imène-Fattouma Lammali et de l'auditrice Marie-Sylvie Le Rouzès révèle aussi qu'aucun de ces consultants externes n'a été mis au courant du changement de taux horaire. Et qu'ils n'en ont jamais bénéficié non plus.
«Ces gens-là avaient un contrat avec une compagnie externe et ce contrat-là n'a pas changé. Ce qui a changé, c'est le montant que LGS facturait ou demandait à la SAAQ pour leurs services. Ils n'en étaient pas conscients. Ils ne savaient pas qu'il y avait un changement de taux», a tenu à souligner M. Laroche.
Parmi les cas présentés jeudi après-midi, plusieurs des taux facturés avaient redescendu à des niveaux variant entre 82 et 116$/h au cours de l'année 2018.
L’enquête sur la variation des taux horaires a mis également en lumière une «surutilisation rapide» du taux horaire d'«expertise de pointe». La soumission du consortium prévoyait plus de 10 700 heures au taux de 350$/h pour la durée du contrat.
Cette limite a été atteinte neuf mois après la signature du contrat. Elle a dépassé les 60 000 heures à la fin de 2024. L'enquête estime que cela a engendré un écart de 12 millions $ avec le contrat initial.
M. Laroche a déploré le manque de balises entourant le contrôle de l'utilisation du taux horaire d'«expertise de pointe». Selon lui, l'usage de cette banque d'heures d'expertise de pointe s'est fait à la «discrétion» du consortium.