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La SAAQ prévoit éliminer son déficit cumulé d'ici la fin de 2042

Ce montant pourrait atteindre 824 millions $ en 2029.

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4476bb8d9f6daee4960e4135a8c94768e289b71345fe98b72196d9be4c1fcd37.jpg Le siège social de la Société d'assurance automobile du Québec (SAAQ) à Québec, le mercredi 18 juin 2025. LA PRESSE CANADIENNE/Jacques Boissinot (Jacques Boissinot / La Presse Canadienne)

La Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ) ne cesse de repousser l'échéancier pour effacer son déficit cumulé qui prend de l'ampleur. Elle vise maintenant l'année 2042, un report de 17 ans par rapport à ce qu'elle prévoyait au moment d'amorcer sa transformation numérique.

C'est ce qui a été mis en lumière mercredi lors du témoignage de deux fonctionnaires du ministère des Finances devant la commission Gallant, qui enquête sur le fiasco SAAQclic. 

Des documents exhibés montrent que le déficit cumulé s'est creusé au fil des dernières années, atteignant 492,3 millions $ au 31 décembre 2024. Ce montant pourrait atteindre 824 millions $ en 2029, selon des prévisions de la SAAQ en date du 3 octobre. 

La société d'État s'engage à atteindre un retour à l'équilibre budgétaire d'ici le 31 décembre 2028 et elle croit pouvoir ensuite effacer entièrement son déficit cumulé d'ici la fin de 2042. 

La SAAQ associe principalement la détérioration de sa situation financière aux ratés de son virage numérique avec le déploiement de la plateforme SAAQclic. 

Pourtant, la société d'État soutenait auprès du ministère des Finances en 2016 que son projet informatique allait contribuer à rembourser presque en totalité son déficit cumulé d'ici 2025. Elle prévoyait même d'en tirer des bénéfices. 

Les «tristes spectateurs»?

Cet échéancier a ensuite été repoussé à plus d'une reprise. En 2022, la SAAQ reporte cet objectif à l'année 2028, principalement en raison de retards avec sa modernisation technologique. À la suite de la mise en service de SAAQclic, la société amène sa cible vers 2034-2035, avant de décider, il y a quelques mois, de porter la fin du calendrier à 2042. 

Le ministère des Finances est informé de ces reports et de la situation financière lors notamment de renouvellement d'ententes avec la SAAQ sur la perception de sommes. En octobre 2024, la société d'État a présenté au gouvernement des mesures afin de redresser la barre.

Devant la commission Gallant, les fonctionnaires Martin Guérard et Samir Hareb ont été interrogés sur le confort du ministère des Finances face aux efforts promis par la SAAQ et sur la possibilité que celle-ci recule une nouvelle fois sur son objectif de renouer avec une meilleure santé budgétaire. 

«Ce qu'on voit avec les présentations, c'est qu'ils ont des idées, ils travaillent sur des options. Au fur et à mesure qu'ils vont mettre ces options en vigueur, là on va pouvoir voir le résultat», a répondu M. Hareb.

«Pour nous, l'important, c'est qu'il y a des objectifs qui soient fixés et des pistes sur lesquelles elle peut travailler. Mais on la laisse faire le travail», a aussi indiqué M. Guérard.

Le commissaire Denis Gallant a dit avoir l'impression que les Finances sont «les tristes spectateurs d'un déficit qui grandit, qui grossit sans avoir de moyens plus que: on vous avise et vous devriez peut-être faire un plan d'action». 

Parmi les mesures que promettait en 2024 la SAAQ pour résorber son déficit figure une «révision de la tarification administrative». Cela pourrait impliquer une hausse des frais de gestion sur la facture des immatriculations et des permis de conduire. Elle prévoit aussi une «optimisation» de ses activités, comme une hausse du taux d'adhésion à SAAQclic. 

Frédéric Lacroix-Couture

Frédéric Lacroix-Couture

Journaliste