Économie

Retraités et propriétaires: une (dure) réalité pour bien des Québécois

L'accessibilité financière continue de poser un défi pour les Canadiens de tous âges.

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Si la retraite est signe de liberté pour bien des gens, il en est autrement pour d'autres alors que selon un récent sondage Royal LePage, une nouvelle réalité immobilière se dessine pour les retraités du Canada - et du Québec -, soit de quitter la vie active avec une dette hypothécaire.

Selon le sondage, mené par Léger, trois Canadiens sur dix qui prévoient prendre leur retraite en 2025 ou en 2026 affirment qu'ils continueront de rembourser leur prêt hypothécaire une fois à la retraite.

L'accessibilité financière continue donc de poser un défi pour les Canadiens de tous âges et cette tendance semble s'accélérer, selon des données de Statistiques Canada misent en lumière par Royal LePage.

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Ainsi, il y a environ dix ans, seulement la moitié des ménages aînés avaient une dette hypothécaire. Selon Statistique Canada, 14 % des ménages composés de personnes âgées de 65 ans et plus ayant un revenu avaient une hypothèque en 2016, une hausse importante par rapport à 8 % en 1999.

«Les avantages d'accéder à la retraite en tant que propriétaire ayant remboursé son prêt hypothécaire sont évidents : un revenu disponible plus important, une protection contre les variations de taux d'intérêt et même la sécurité émotionnelle que procure le fait de savoir que l'on aura toujours un endroit où vivre», a déclaré Phil Soper, président et chef de la direction de Royal LePage.

Qu'est-ce qui a changé?

Selon Phil Soper, l'appréciation des prix de l'immobilier au cours des 25 dernières années a représenté «une lame à double tranchant» pour les retraités d'aujourd'hui.

«D'une part, elle a permis des gains financiers sans précédent. D'autre part, cette génération est beaucoup plus susceptible d'avoir des soldes hypothécaires qui auraient été inimaginables pour leurs parents ou leurs grands-parents. Nos recherches confirment qu'ils sont également beaucoup plus susceptibles d'avoir fourni une aide financière à leurs enfants pour les aider à réaliser leurs rêves d'accession à la propriété», a-t-il expliqué.

M. Soper estime par ailleurs que si les générations précédentes considéraient la retraite sans hypothèque comme la seule option possible, les retraités d'aujourd'hui ont tendance à être plus ouverts d'esprit. 

«Alors que les revenus traditionnels de l'emploi se sont peut-être épuisés, mais nombre d'entre eux parviennent encore à gérer confortablement leurs dépenses et à rembourser leur prêt hypothécaire, grâce à des revenus provenant d'investissements, d'un travail à temps partiel ou d'un conjoint qui travaille», croit-il.

Une maison et une retraite... plus tard

Diverses données démontrent que les Canadiens accèdent à la propriété plus tard, ce qui augmente la probabilité pour les futures générations de retraités d’avoir une hypothèque plus tard au cours de la retraite.

Un rapport de Royal LePage publié en 2023 indique que 24 % des acheteurs d’une première propriété avaient moins de 30 ans ; 33 % étaient âgés de 30 à 34 ans ; et 43 % avaient 35 ans ou plus.

En comparaison, lors du même sondage en 2021, seulement 33 % des répondants avaient 35 ans ou plus, «ce qui démontre clairement que l’achat d’une première propriété se fait plus tard dans la vie», estime Royal LePage.

Des données de Statistiques Canada démontrent aussi que l'âge moyen de la retraite au Canada a augmenté progressivement : il était de 65,3 ans en 2024, contre 64,3 ans en 2020. 

«Par rapport à leurs grands-parents, les retraités d'aujourd'hui travaillent plus longtemps, restent actifs et, à bien des égards, poursuivent la vie qu'ils menaient pendant leurs années d'activité, mais sans le travail. Il n'est pas surprenant que leur attitude à l'égard de l'accession à la propriété ait évolué avec le temps. Comme les gens achètent leur première maison plus tard et travaillent plus longtemps, il est de plus en plus fréquent que les Canadiens conservent un prêt hypothécaire jusqu'à la retraite, souvent par choix plutôt que par nécessité», analyse Phil Soper.

Déménager vers plus petit ou pas?

Selon les réponses à un récent sondage de Royal LePage, les Canadiens sont fortement divisés à savoir s'ils veulent déménager dans une maison plus petite à la retraite ou demeurer dans leur domicile actuel.

Le Québec et l’Ontario présentent les plus fortes proportions de répondants (24 % chacun) affirmant que la majorité des retraités préfèrent rester dans leur maison actuelle.

À l'inverse, au Manitoba et en Saskatchewan, la proportion la plus élevée de répondants au Canada (46 %) indique que la majorité des retraités choisit de déménager dans un plus petit espace.

En Alberta, 63 % des répondants affirment que les retraités sont également divisés entre les deux options.

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«Réduire la taille de son logement à la retraite est loin d'être une certitude. Pour de nombreux propriétaires, la décision de rester là où ils sont ou de déménager dans une propriété plus petite est influencée par une combinaison de réalités économiques, de besoins liés au mode de vie et d'attachements personnels», a déclaré M. Soper.

Certains retraités considèrent qu'une maison plus petite est un choix pratique et libérateur avec moins d'entretien, plus de liquidités pour financer des voyages ou soutenir le parcours d'accession à la propriété de leurs enfants alors que d'autres ne voient aucune raison - ni financière ni pratique - de se séparer de leur maison.

Méthodologie du sondage Léger pour Royal LePage : un sondage en ligne a été réalisé auprès de 1 626 Canadiens âgés de 18 ans et plus entre le 2 et le 4 mai 2025, à l'aide du panel en ligne de Léger. Le panel en ligne compte environ 400 000 membres à l'échelle nationale et affiche un taux de rétention de 90 %. Un échantillon probabiliste de même taille donnerait une marge d'erreur de +/- 2,4 %, 19 fois sur 20.