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Réforme des syndicats: Boulet pense avoir l'appui des syndiqués

«On ne fait pas ça contre les syndicats, on fait ça pour les syndiqués.»

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b82c0bdeeba53e136b6a0ee87c6b77fc32a4d9ef9f8d44d97e6f240ca02081d8.jpg Le ministre du Travail, Jean Boulet, que l'on voit photographié ici à l'Assemblée nationale, le 24 avril 2025, dit avoir l'appui des syndiqués du Québec pour son projet de loi sur la gestion internes des syndicats. LA PRESSE CANADIENNE/Jacques Boissinot (Jacques Boissinot | La Presse canadienne)

Le ministre du Travail, Jean Boulet, dit avoir l'appui des syndiqués pour faire le ménage dans la gestion interne des syndicats. 

Sa volonté de déposer un projet de loi en ce sens suscite la colère des organisations de travailleurs, qui crient à l'ingérence.

Dimanche après-midi, un front commun de syndicats fera d'ailleurs une sortie pour dire tout le mal qu'ils pensent des plans du gouvernement.

À l'origine de la confrontation qui se dessine, il y a le discours du premier ministre François Legault qui, lors de la présentation de son nouveau cabinet, avait mandaté M. Boulet qui devait «avoir le courage de moderniser le régime syndical». 

En mêlée de presse dimanche matin en marge du congrès de la CAQ à Gatineau, M. Boulet s'est fait demander par les journalistes s'il pense avoir l'appui des membres syndiqués dans cette croisade.

«Absolument», a-t-il répondu.

«On ne fait pas ça contre les syndicats, on fait ça pour les syndiqués», a-t-il plaidé, en évoquant ce qui constitue selon lui des excès et des abus de certaines organisations syndicales. 

On lui a demandé par la suite d'expliquer comment il a mesuré cet appui. 

«Les abus qui ont été documentés par les médias ont soulevé une colère publique. (...) On n'a pas mesuré le niveau d'appui des syndiqués.»

Néanmoins, il avait une idée assez claire de ce que pouvaient être leurs récriminations.

Il a notamment fait référence au «vol à Dubaï», c'est-à-dire la participation de la présidente de la FTQ, Magali Picard, à la conférence des Nations Unies sur les changements climatiques dans cet émirat en 2023. 

Mais il a également évoqué les allocations de dépenses de certains dirigeants syndicaux qui ont fait grand bruit, avec des additions salées dans de chics restaurants pour des repas bien arrosés.   

Il faut que «les syndiqués aient accès à la manière dont on utilise leurs cotisations», a insisté le ministre.

Aussi, le gouvernement en a particulièrement contre la contestation judiciaire de la loi sur la laïcité intentée par la Fédération autonome de l'enseignement (FAE), «sans l'approbation des membres», a ajouté M. Boulet.

«On n'interdit pas de contester la loi, mais après avoir obtenu l'opinion de la majorité des membres», a-t-il tenu à préciser. 

Enfin, le gouvernement ne digère pas que des votes de grève aient lieu à des heures très tardives, lorsque des membres ont déjà quitté l'assemblée qui s'étirait jusque dans la nuit.   

Cette situation s'était présentée lors d'assemblées de syndicats de la FAE, dans le cadre des négociations pour le renouvellement des conventions collectives du secteur public.

«Les travailleurs doivent pouvoir se prononcer correctement quand il y a des votes qui ont des impacts sur leur vie», a argué le ministre.

Jeudi dernier, il a rencontré les dirigeants des principales centrales syndicales alors que le climat était déjà tendu.

En effet, quelques jours auparavant, un document interne du ministère de M. Boulet évoquait la volonté du gouvernement de rendre une partie des cotisations syndicales facultatives, lorsque les organisations syndicales veulent s'en servir pour contester une loi, par exemple, ou pour des fins autres que défendre directement les droits des travailleurs.

Dans ce cas, le gouvernement ciblait encore la FAE et sa contestation de la loi sur la laïcité.

M. Boulet a toutefois assuré par la suite aux leaders syndicaux que ce document était une ébauche qui ne reflétait pas ses intentions, selon ce qui a été rapporté.

Cependant, le ministre a conclu dimanche en réaffirmant sa volonté ferme d'assainir les pratiques des syndicats

«Nous sommes élus pour représenter la population, notamment les 1,8 million de syndiqués, et c'est ce qui nous interpelle. Il y a une conjoncture qui nous impose d'intervenir.» 

Patrice Bergeron

Patrice Bergeron

Journaliste