Face au débat sur la tarification carbone, Québec solidaire propose de mettre en place un crédit carbone pour les personnes à faible revenu ou celles qui n'ont pas d'autres solutions que de prendre leur voiture pour se déplacer.
Un peu plus tôt cette semaine, le Comité consultatif sur les changements climatiques a demandé au gouvernement de ne pas abandonner la tarification carbone, comme ce fut le cas au niveau fédéral.
Pour la porte-parole de Québec solidaire, Ruba Ghazal, il est primordial de garder ces outils. Elle estime toutefois qu'il est possible de les améliorer, notamment en prenant en considération l'inquiétude de certains Québécois au sujet du coût de la vie.
«Essayer de régler le problème actuel en réduisant le prix de l'essence directement à la pompe, ce n'est pas une bonne solution, on se tire dans le pied. Il faut avoir une vision à long terme, mais il faut aussi accompagner ça d'un dialogue social», a-t-elle indiqué.
Ainsi, les solidaires proposent de redistribuer les revenus du Système de plafonnement et d'échange de droits d'émission de GES (SPEDE), aussi connu sous le nom de «marché du carbone».
Une partie de la somme pourrait être remise aux Québécois à faible revenu sous la forme d'un crédit sur le rapport d'impôt, a illustré Mme Ghazal. Une modulation du crédit selon la région pourrait aussi être appliquée.
«Par exemple, les gens qui habitent sur la Côte-Nord qui n'ont pas beaucoup de solutions à l'auto solo pourraient avoir un crédit carbone beaucoup plus important que des gens qui habitent à Montréal à côté de stations de métro», a expliqué la porte-parole.
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Le parti souhaite également faire payer davantage «les véritables pollueurs» dans le secteur industriel.
Ruba Ghazal a par ailleurs pointé du doigt le manque d'indicateurs de performance pour savoir si l'argent du Fonds vert est investi de la manière la plus efficace.
Selon elle, 1,7 milliard $ dort dans les coffres du Fonds vert et 40 % des projets financés n'ont pas d'indicateur de performance en matière de réduction de GES.
«Ça n'a pas de bon sens que les gens payent et que l'argent ne sert pas, n’est pas investi pour des projets pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, pour s'adapter aux changements climatiques», a-t-elle martelé.
Parmi ses propositions, la porte-parole a avancé que les deux tiers des revenus pourraient être réinvestis dans des mesures qui priorisent les projets de mobilité durable et d'infrastructures municipales qui aideront à réduire la dépendance à la voiture.
Pour le secteur de l'agriculture, qui fournit «une grande contribution» au SPEDE, les solidaires suggèrent que cet argent aille dans une réserve qui servirait à leur transition énergétique.
Mme Ghazal espère que ces mesures — particulièrement le crédit carbone — seront étudiées par le ministre de l'Environnement, Benoit Charette, lors de la révision du SPEDE prévue cet automne.
Appelés à réagir au sujet de cette réforme de la tarification carbone, le cabinet du ministre de l'Environnement, le Parti libéral et le Parti québécois n'avaient pas encore répondu au moment d'écrire ces lignes.
De son côté, Greenpeace Canada a affirmé qu'il est «temps pour le gouvernement du Québec de s'élever au-dessus de la mêlée partisane et de réformer le SPEDE».
«Tout le monde sait que le marché du carbone dans sa forme actuelle est un outil imparfait, mais il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain : la CAQ doit profiter des débats actuels autour du marché du carbone afin de remédier aux injustices du système et appliquer pleinement le principe du pollueur-payeur», a souligné Louis Couillard, responsable de la campagne Climat-Énergie chez Greenpeace Canada.

