Environnement

Le Comité sur les changements climatiques ouvre la porte à compenser les citoyens

«Il faut un signal-prix» pour changer les comportements.

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(CTV News)

Accorder un chèque ou une remise aux citoyens dans la lutte aux changements climatiques? Plutôt une bonne idée pour accroître leur adhésion. 

C'est ce que conclut le comité scientifique principal qui conseille le gouvernement en matière de changements climatiques.

Alors que le Parti conservateur du Québec (PCQ) demande l'abolition de la Bourse du carbone et le Parti québécois (PQ) propose une baisse de la taxe sur l'essence, le Comité consultatif sur les changements climatiques a demandé au contraire à toutes les formations politiques de maintenir la taxe sur l'essence et la Bourse du carbone. 

La Bourse du carbone est ce système qui plafonne les émissions de gaz à effet de serre (GES) au Québec et oblige les entreprises émettrices à payer un prix pour chaque tonne de GES émise.  

Depuis que le fédéral a abandonné son système de tarification du carbone qu'il imposait aux autres provinces, le débat est revenu dans l'actualité au Québec, notamment en raison de l'écart important du prix de l'essence par rapport à la province voisine, l'Ontario.

«Non à un retrait de la tarification carbone, non à une baisse du prix de l'essence, mais oui à une plus grande prise en compte de l'équité et oui à une plus grande prise en compte de la mobilisation de tous les acteurs», a plaidé le président du comité, Alain Webster, en conférence de presse à la Tribune parlementaire de la presse à Québec.  

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«Il faut un signal-prix» pour changer les comportements, a justifié le professeur d'économie Lota Dabio Tamini, de l'Université Laval.  

Le Comité consultatif se dit conscient de l'inquiétude des Québécois sur la hausse du coût de la vie, mais soutient que si on s'attaque à la tarification du carbone, on remet en cause un outil qui protège les citoyens à long terme contre les perturbations climatiques.

Pour remédier aux iniquités qui peuvent toucher davantage certains citoyens ou certaines régions, le Comité estime qu'une remise semblable à ce que prévoyait le régime fédéral est possible. 

«Si effectivement le gouvernement juge pertinent de pouvoir compenser des groupes spécifiques, des secteurs, des particuliers sur une base régionale, oui, on peut le faire, on peut le faire sans problème et ça va permettre d'accroître l'adhésion sociale», a commenté M. Webster. 

Depuis que le nouveau gouvernement Carney a abandonné le système de tarification du carbone dans le reste du pays, le prix de l'essence en Ontario est beaucoup plus bas qu'au Québec.

L'essence sans plomb se vendait en moyenne 1,357 $ le litre lundi en Ontario, tandis que le prix au Québec varie entre 1,47 $ et 1,71 $ actuellement en fonction des régions, indique la Régie de l'énergie.

Le PQ a donc proposé une harmonisation «partielle» et non complète avec le voisin, en abaissant la taxe sur l'essence, tandis que le PCQ propose carrément d'abolir la Bourse du carbone.

Dans sa Note climatique 1 publiée mercredi, le Comité a clairement ventilé l'effet de la Bourse du carbone et de la taxe sur l'essence sur le prix du carburant au Québec.

«Le coût de ce droit d'émission (41,54 $ la tonne de GES) assumé au départ par les distributeurs de carburant se  traduit, par exemple, par un coût majoré de 9,85 cents pour un litre d'essence», écrit-on.

Cela s'ajoute donc à la taxe sur l'essence de 19,2 cents, à la taxe d'accise fédérale de 10 cents, à la TPS et à la TVQ.

«L'ensemble de ces tarifications contribue à expliquer l'écart de 24 cents pour un litre d'essence entre les marchés de Montréal et de Toronto en mai 2025», poursuit-on.

On explique donc qu'il y a moins d'incitatif à mettre fin à la dépendance à une énergie sale et à diminuer la pollution en Ontario qu'au Québec.

À l'inverse, les revenus générés par la Bourse du carbone au Québec ont permis au gouvernement d'investir dans la décarbonation des entreprises et des bâtiments, le transport en commun, l'adaptation aux changements climatiques, etc., plaide le Comité.

Patrice Bergeron

Patrice Bergeron

Journaliste