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«C’était la seule chose à faire», a réagi le porte-parole de Québec solidaire, Guillaume Cliche-Rivard.
Le gouvernement Legault suspend temporairement et en partie sa directive qui aurait expulsé de nombreux enfants d’immigrants détenteurs de permis de travail ouverts des garderies subventionnées et des Centres de la petite enfance (CPE).
Cette directive du ministère de la Famille (MFA), publiée au début du mois, stipule que ces travailleurs étrangers avec un permis de travail ouvert ne peuvent bénéficier du tarif journalier de 9,35 $ pour les services de garde.
Après une levée de boucliers, le MFA a demandé au réseau «de ne pas mettre fin aux ententes des enfants qui ont déjà une place avant la fin des vérifications en cours», a indiqué la ministre de la Famille, Suzanne Roy, sur le réseau social X, vendredi.
Elle a précisé que la directive s'applique toujours pour les nouvelles admissions. «Les parents qui ne sont pas admissibles ne pourront bénéficier d’une place subventionnée», a déclaré Mme Roy.
Des familles ont dit cette semaine que leurs enfants, qui fréquentent une garderie subventionnée depuis plus d'un an, risquaient l'expulsion.
Réagissant à la contestation de la directive plus tôt cette semaine, la ministre avait mentionné que «le MFA va analyser les dossiers des enfants qui reçoivent déjà des services», avant de poser tout geste.
Le porte-parole de Québec solidaire, Guillaume Cliche-Rivard, s'est dit soulagé par le revirement du gouvernement Legault vendredi.
«C’était la seule chose à faire, a-t-il réagi dans un communiqué. (...) Non seulement ça aurait arraché des enfants à leur milieu de vie, mais on a aussi vu de nombreux exemples dans les derniers jours de parents immigrants qui auraient dû quitter leur emploi dans des secteurs essentiels, comme préposés aux bénéficiaires, et même comme éducatrices en CPE.»
La Fédération des intervenantes en petite enfance du Québec (FIPEQ), affiliée à la CSQ, salue également la décision. Elle espère toutefois que le gouvernement renoncera «définitivement à cette mesure injuste pour ces immigrants qui essaient de gagner honnêtement leur vie et de s'intégrer à la société québécoise».
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«Je presse la ministre de la Famille de faire le point rapidement sur ce dossier et de rendre permanent le retrait de cette directive, pour faire disparaître les inquiétudes qui perdurent chez ces familles», a affirmé la présidente de l'organisation syndicale, Anne-Marie Bellerose, dans un communiqué.
Elle appelle aussi la ministre à ordonner la réintégration des enfants dans les services éducatifs, qui ont déjà perdu l'accès à leur place à contribution réduite.
Selon la directive datée du 9 juillet, les travailleurs étrangers titulaires d'un permis de travail fermé, qui mentionne un employeur spécifique et la durée de l'emploi, peuvent inscrire leurs enfants dans le système de garderies subventionnées du Québec. Ceux avec un permis de travail ouvert, qui leur permet de travailler pour n'importe quel employeur au Canada, ne peuvent bénéficier d'une place à contribution réduite.
La directive s'appuie sur le Règlement de la contribution réduite, qui existe depuis 1997. Mme Roy a soutenu mercredi que cette règle «doit s'appliquer» et qu'elle «existe par souci d’équité envers les familles québécoises qui attendent une place».
Mardi, deux couples de parents immigrés, originaires de France et d'Ukraine, ont menacé le MFA de poursuites judiciaires, qualifiant la directive d'«invalide et illégale».
Les avocats de ces familles ont fait valoir que les règles existantes n'empêchent pas les travailleurs étrangers titulaires d'un permis de travail ouvert d'inscrire leurs enfants dans le système subventionné.
La FIPEQ-CSQ disait aussi s'interroger sur la nouvelle interprétation du Règlement sur la contribution réduite. Selon le syndicat, elle «va à l'encontre des pratiques en vigueur depuis plusieurs années et qui étaient pourtant autorisées tant par le Ministère que par les bureaux coordonnateurs».
Avec des informations Maura Forrest