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Profilage racial? Une famille s’interroge après une intervention policière à Montréal

«Je me suis senti comme un monstre, comme si j'avais fait quelque chose de mal, alors que ce n'était pas le cas.»

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Jadon Squires, 15 ans, raconte comment il a été interpellé par des agents de police de Montréal, soupçonné d'effraction, le jour de son 15e anniversaire. (CTV News Montreal)

Une famille affirme qu’une fête d’anniversaire tranquille à Dollard-des-Ormeaux a pris une tournure dramatique quand la police s’est présentée et se demande s’il s’agit d’un cas de profilage racial.

Quelques minutes après que son fils, Jadon, ait fêté ses 15 ans, Jason Squires dit avoir vu la police intercepter son enfant.

«Il n'y a pas de mots. Quand vous voyez la police avec votre fils, et que ce n'est pas pour lui apporter son soutien ou son aide, je pense qu'à ce moment-là, cela devient très effrayant», a-t-il confié dans une entrevue.

Ce texte est une traduction d'un article de CTV News.

Jadon a été interpellé par la police après avoir pris un sac de cartes d'anniversaire dans la voiture de son père.

Il s'est ensuite dirigé vers sa maison, située à quelques pas de l'endroit où se déroulait la fête.

«Ils ont commencé à me demander: "pourquoi tu t'enfuyais de cette voiture?" Je me suis senti comme un monstre, comme si j'avais fait quelque chose de mal, alors que ce n'était pas le cas», a raconté l'adolescent à CTV News.

«J'étais très effrayé et nerveux parce que je ne savais pas ce qui allait se passer.»
-Jadon Squires, 15 ans

Il raconte que les policiers lui ont dit qu'ils le soupçonnaient d'avoir cambriolé un véhicule, un véhicule qui appartenait à son père. Selon lui, on lui a demandé de mettre les mains en avant et de lâcher ce qu'il tenait: son téléphone, ses clés et le sac.

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Bernica Crichton, une amie de la famille, s'est précipitée et a filmé une partie de l'interaction. «Ils avaient tout à fait le droit de l'arrêter, mais c'est la façon dont ils l'ont fait qui pose problème. Ils l'ont traité comme un criminel», a-t-elle expliqué. 

Son père est arrivé quelques instants plus tard. Il a dit aux policiers que la Cadillac lui appartenait.

«Il ne m'a pas cru», a lâché le père de l'adolescent.

Les policiers ont tout de même vérifié la plaque d'immatriculation et sont partis une fois que la propriété du véhicule a été confirmée.

«J'ai craint le pire, car j'ai travaillé dur pour que mon fils évolue dans un environnement privilégié. Il est respecté dans la communauté. C'est un grand sportif. Il s'apprête à entrer en quatrième année du secondaire. Et la dernière chose que je souhaitais pour lui, c'était qu'il vive une expérience de ce genre», a confié Jason Squires.

CTV News Jason Squires dans sa rue à Dollard-Des Ormeaux. (CTV News)

Un porte-parole de la police de Montréal a indiqué que les agents étaient intervenus après avoir remarqué ce qu'ils ont qualifié de « comportement jugé suspect ».

La police a dit qu'elle enquêtait sur l'incident afin de comprendre exactement ce qui s'était passé.

Le défenseur des droits civiques Fo Niemi se demande si la question raciale a joué un rôle dans cette intervention.

«Les préjugés raciaux inconscients sont de plus en plus reconnus par les tribunaux comme un facteur déterminant dans l'escalade d'une simple interception vers quelque chose d'autre qui devient regrettable», a mentionné le directeur exécutif du Centre de recherche-action sur les relations raciales (CRARR).

M. Niemi estime que la police a le devoir de rétablir la confiance qui a pu être rompue et l'appelle à faire amende honorable. «Contactez la famille, allez la rencontrer... expliquez-lui tout», a-t-il ajouté.

Cette expérience a laissé la famille blessée et sous le choc.

«Peu importe où nous vivons, quelle voiture nous conduisons ou quoi que ce soit d'autre... nous sommes toujours victimes de profilage, quoi qu'il arrive», a déploré Jason Squires.

La famille estime que la formation des policiers doit changer et envisage de déposer une plainte officielle.

Quant à Jadon, il espère que le fait de partager son histoire aidera d'autres personnes. «Je veux que tout le monde sache qu'il a une voix et que cette voix compte, tout comme la mienne», a-t-il dit.