Le Dr Jesse Krikorian a récemment quitté le Michigan pour s'installer au Manitoba pour des raisons professionnelles, puis a commencé à recevoir des patients au début du mois.
Il est médecin de famille et les soins de santé aux personnes transgenres occupent une place importante dans son cabinet.
Ce texte est une traduction d'un article de CTV News.
Au début de l'année, le président américain Donald Trump a signé un décret définissant le sexe comme étant uniquement masculin ou féminin – et ne pouvant être changé – ainsi qu'un autre visant à mettre fin au financement fédéral des soins de santé destinés aux patients transgenres de moins de 19 ans.
Selon le Dr Krikorian, cette orientation l'a incité à travailler en dehors des États-Unis.
«Je suis très inquiet, en particulier pour mes patients transgenres et mes collègues qui travaillent dans le domaine de la santé des personnes transgenres, car ce domaine est particulièrement surveillé par l'administration actuelle (américaine)», a-t-il expliqué.
«Je connais des personnes qui ont perdu leur accès aux soins, je connais des familles dont les enfants ont perdu leur accès à des soins essentiels qui amélioraient leur qualité de vie.»
M. Krikorian s'inquiète des restrictions en vigueur et estime que la situation aux États-Unis ne fera qu'empirer.
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«J'ai des collègues qui me posent des questions sur la manière de s'installer au Canada», a-t-il affirmé.
Le Manitoba n'était pas sur la carte
Krikorian explique qu'il avait d'abord jeté son dévolu sur la Colombie-Britannique, plus précisément la région de Vancouver, mais qu'il ne trouvait pas d'emploi qui lui convenait dans cette région. C'est là qu'il a découvert le Klinic Community Health de Winnipeg, où il travaille aujourd'hui.
«Je suis tellement reconnaissant d'avoir la possibilité de traiter les patients comme je le souhaite», dit-il. «Pouvoir prodiguer des soins qui améliorent réellement la qualité de vie, sans avoir à me soucier de savoir si je bénéficierai d'un soutien ou si je serai critiqué pour le type de soins que je prodigue.»
Le ministre de la Santé du Manitoba, Uzoma Asagwara, indique que le processus est toujours en cours.
«À l'heure actuelle, 33 médecins américains sont à différentes étapes du processus de recrutement», a indiqué un porte-parole à CTV News. «Bien qu'il ne soit pas possible de prévoir le nombre exact de recrues supplémentaires, le recrutement de médecins est un effort continu, et nous sommes encouragés par l'intérêt constant des médecins américains qui considèrent le Manitoba comme un endroit favorable et gratifiant pour bâtir leur carrière.»
La présidente de Doctors Manitoba, la Dre Nichelle Desilets, a soutenu que ce processus de recrutement était important.
«Les médecins canadiens et américains ont une formation très similaire», a-t-elle déclaré. «Des efforts ont donc été faits pour rationaliser ce processus, et nous nous en réjouissons.»
Doctors Manitoba a commencé à recruter au sud de la frontière en novembre dernier, après les élections américaines. L'organisation a lancé une campagne publicitaire ciblée, s'adressant spécifiquement aux médecins des États principalement républicains qui recherchaient d'autres opportunités professionnelles.
«Nous avons été les premiers à nous lancer dans cette voie, a-t-elle affirmé. Depuis, d'autres provinces canadiennes ont emboîté le pas et ont lancé des campagnes publicitaires ciblées.»
Recrutement à l'échelle nationale
L'Ontario a récemment indiqué que plus de 260 médecins américains s'étaient installés dans cette province depuis le début de l'année. Le gouvernement de la Colombie-Britannique a dit le mois dernier que 38 médecins et 90 infirmières avaient également été recrutés au sud de la frontière.
L'Île-du-Prince-Édouard, la Nouvelle-Écosse, le Nouveau-Brunswick et la Saskatchewan ont tous mené des campagnes similaires.
De plus en plus de médecins américains demandent à s'installer au Canada
La Dre Margot Burnell, présidente de l'Association médicale canadienne, a exprimé que cette migration vers le nord en disait long.
«Cela en dit long sur l'état de notre système de santé, sur ce qu'ils en ont entendu dire, sur son financement et sur son déploiement à travers le Canada», a-t-elle expliqué. «Ils estiment qu'ils s'intégreraient bien dans cet environnement, tant sur le plan professionnel que personnel.»
Mme Burnell a déclaré que le nombre élevé de médecins américains venant au Canada contribuera à remédier à la pénurie de médecins dans tout le pays.
Si le recrutement est important, elle a ajouté que la rétention est tout aussi essentielle.
«Nous devons nous assurer qu'ils sont bien accueillis dans les communautés, nous devons veiller à ce qu'ils obtiennent le statut de résident permanent s'ils le souhaitent », a déclaré Mme Burnell. « Nous devons veiller à ce que nos environnements et nos espaces de soins soient accueillants, inclusifs et sûrs.»
Mme Desilets partage l'avis de Mme Burnell selon lequel la rétention est cruciale.
«Nous devons examiner des aspects tels que la charge (administrative), continuer à étudier des modèles de rémunération compétitifs et veiller à ce que nos propres diplômés restent ici», a-t-elle clamé.
M. Krikorian affirme vouloir rester au Canada aussi longtemps que possible.
«Je ne pense pas que j'aurais déménagé ici si je n'avais pas eu la possibilité de m'installer de façon permanente », a-t-il déclaré. « J'aimerais vraiment m'installer et m'enraciner ici. Je ne peux pas vraiment dire ce que l'avenir nous réserve avant d'y être.»
