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Au moins un millier de manifestants à Québec pour dénoncer la loi Dubé

«Je ne peux qu'appeler ça une dérive autoritaire», a affirmé une médecin lors du rassemblement.

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Le chirurgien cardiaque pédiatrique Frédéric Jacques lève le poing alors que des manifestants protestent contre une loi modifiant les conditions de travail des médecins devant l'Assemblée nationale à Québec, le samedi 1er novembre 2025. Le chirurgien cardiaque pédiatrique Frédéric Jacques lève le poing alors que des manifestants protestent contre une loi modifiant les conditions de travail des médecins devant l'Assemblée nationale à Québec, le samedi 1er novembre 2025. (Jacques Boissinot/La Presse canadienne)

Au moins un millier de personnes se sont rassemblées devant l'Assemblée nationale samedi pour dénoncer la loi 2 qui change la rémunération des médecins.

Cette loi spéciale a été déposée le 24 octobre, puis adoptée sous bâillon quelques heures plus tard. Elle impose aux médecins des cibles de performance et les menace de sanctions s'ils se désengagent.

La loi 2 prévoit également la mise sur pied d'un système de surveillance des médecins.

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Selon l'urgentologue Gabrielle Voisine, la loi Dubé est «le dernier clou dans le cercueil du système de santé».

«Un gouvernement majoritaire avec un appui populaire historiquement bas qui passe sous bâillon une loi complexe avec des impacts sociétaux profonds, je ne peux qu'appeler ça une dérive autoritaire», a-t-elle lancé sous les applaudissements.

D'ailleurs, plusieurs manifestants brandissaient des pancartes avec des références au régime soviétique. On pouvait lire sur l'une d'elles: «Vladimir Dubé, François Lénine», tandis qu'une autre arborait l'image d'un «Kim Jong Legault».

Plusieurs demandaient aussi de «flusher la numéro 2».

La Dre Kim Lévesque, une médecin de famille, a pour sa part déclaré que la loi risquait d'éteindre le feu sacré des médecins.

«Avec tout ce qui se passe, le dénigrement constant des médecins, la méfiance, l'acharnement politique, le projet de loi 106, la loi 2, la pression toujours plus forte, je réalise que je n'ai plus la même force», a affirmé la jeune mère de deux enfants.

«On nous use, on nous fait porter un système à bout de bras, tout en nous pointant du doigt. On oublie que derrière chaque médecin, il y a un humain, un parent au cœur fatigué qui essaie encore d'y croire.»
- Dre Kim Lévesque, médecin de famille

«Si de plus en plus de médecins de famille quittent, ralentissent ou repoussent leur retour au travail, (...) c'est parce qu'à force d'être dévalorisé, contraint, culpabilisé, on fini par s'éteindre», a-t-elle renchéri.

En 20 ans de carrière, la neurologue Renée-Myriam Boucher n'a jamais vu pareille grogne. Elle félicite d'ailleurs la fille de l'ex-ministre Lionel Carmant, Laurence Carmant, une médecin spécialiste, pour avoir bien expliqué la réalité du terrain.

Laurence Carmant a dénoncé dans une lettre ouverte les effets de la loi 2, disant envisager de quitter le Québec.

Dans les heures suivant la publication de cette lettre, Lionel Carmant, le seul médecin du gouvernement Legault, a démissionné de son poste de ministre responsable des Services sociaux.   

Vendredi, le Collège des médecins a enjoint au gouvernement de suspendre l'application de la loi 2, et d'y retirer les cibles de performance ainsi que les sanctions. Sa proposition a été immédiatement rejetée.

«Le Collège des médecins protège le patient, il n'est pas là pour le docteur. Et là, il sort et dit: "Ce n'est pas bon pour les patients". C'est très significatif, et que le gouvernement fasse la sourde oreille, (...) c'est hors de l'entendement», a déploré la Dre Boucher. 

Un autre grand rassemblement de médecins est prévu le 9 novembre au Centre Bell.

Caroline Plante

Caroline Plante

Journaliste