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Palestine: des élus libéraux appellent à ce que le Canada emboîte le pas à la France

«Le Canada peut et doit faire de même», a écrit l'élu ontarien et ex-ministre du Logement Nathaniel Erskine-Smith sur X.

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e6b21a45eb5b1ca8cf49315a98bae18551f60dde9b561895da3f676ca81b53c0.jpg Des manifestants pro-palestiniens sont rassemblés sur la colline du Parlement, à Ottawa, le samedi 12 avril 2025. LA PRESSE CANADIENNE/Spencer Colby (Spencer Colby | La Presse canadienne)

Des députés libéraux appellent publiquement le gouvernement canadien à emboîter le pas à la France, qui entend reconnaître la Palestine en tant qu'État.

«Le Canada peut et doit faire de même», a écrit jeudi soir l'élu ontarien et ex-ministre du Logement Nathaniel Erskine-Smith, sur «X».

Même son de cloche du côté de ses collègues députés Salma Zahid et Fares Al Soud.

«La paix (au Proche-Orient) requiert la justice; la justice nécessite la reconnaissance», a tranché ce dernier.

La France venait de devenir le premier pays membre du G7 à s'engager à reconnaître la Palestine en tant qu'État.

Le président français Emmanuel Macron a fait savoir qu'il comptait officialiser cette reconnaissance en septembre, au cours de l'assemblée générale de Nations unies.

La France se joindra donc à plus de 140 autres pays qui reconnaissent l'État de la Palestine.

Questionnée vendredi à savoir si le premier ministre canadien, Mark Carney, est d'accord avec l'idée que le Canada devrait faire comme la France, son équipe n'a pas répondu à la question.

Le bureau de M. Carney a plutôt, en guise de réponse, référé La Presse Canadienne à une publication «X» faite jeudi soir par le premier ministre qui ne fait nullement mention d'une reconnaissance, à court terme, d'un État palestinien.

«Le Canada soutient une solution à deux États qui garantit la paix et la sécurité pour les Israéliens et les Palestiniens, peut-on y lire. Le Canada travaillera intensivement dans toutes les instances pour atteindre cet objectif.»

Le prédécesseur de M. Carney, Justin Trudeau, avait ouvert la porte, dès mai 2024, à ce que la reconnaissance d'un État palestinien par le Canada se fasse avant l’instauration complète d’une solution à deux États. «Pas nécessairement comme dernière étape», avait-il dit.

En plus de la pression aujourd'hui exercée par des députés libéraux, le Nouveau Parti démocratique réitère ses appels à ce que le Canada reconnaisse l'État palestinien. La formation politique a présenté diverses motions en Chambre à ce sujet au fil des années.

L'annonce du président Macron a par ailleurs exposé au grand jour des divergences au sein du G7, plus précisément parmi le groupe informel appelé E3, qui réunit la France, le Royaume-Uni et l'Allemagne. Les dirigeants de ce groupe ont eu un appel vendredi.

L'Allemagne a signalé ne pas avoir l'intention de reconnaître, dans l'immédiat, un État palestinien. Le premier ministre britannique, Keir Starmer, a quant à lui dit qu'une telle reconnaissance doit être «l'une des étapes dans une voie vers la paix». 

M. Starmer fait face à une pression croissante d'élus, notamment au sein de sa propre formation politique, pour reconnaître, à court terme, l'État palestinien. Le secrétaire britannique à la Santé, Wes Streeting, a notamment réclamé une annonce en ce sens «pendant qu'il reste toujours un État de la Palestine à reconnaître». 

Tant les dirigeants des pays du E3 que M. Carney ont condamné le blocage d'entrée d'aide humanitaire à Gaza par Israël, alors que de plus en plus de morts liées à la malnutrition surviennent.

«Ce refus d'aide humanitaire constitue une violation du droit international», a soutenu le premier ministre canadien dans sa déclaration de jeudi soir.

La députée libérale Salma Zahid a partagé la déclaration de M. Carney, ajoutant que «le Canada doit seconder ces mots forts par des actions concrètes».

Cela inclut, selon elle, la reconnaissance de la Palestine en tant qu'État, de même que des sanctions plus sévères contre Israël.

L'ambassadeur d'Israël au Canada, Iddo Moed, nie que le gouvernement israélien bloque l'entrée d'aide humanitaire.

«Ultimement, Israël ne va soutenir aucun système de livraison de l'aide qui ignore ce qui est évident: le Hamas utilise l'aide comme une arme pour financer ses campagnes de terreur contre les Israéliens et Palestiniens», a-t-il affirmé dans une déclaration écrite.

La guerre au Proche-Orient perdure depuis l'attaque du 7 octobre 2023 menée par le Hamas.

Les combattants du Hamas ont enlevé 251 personnes lors de cette offensive et en ont tué environ 1200 autres, principalement des civils.

Plus de 59 000 Palestiniens ont été tués pendant la guerre, selon le ministère de la Santé de Gaza. Ce décompte ne fait pas de distinction entre militants et civils, mais le ministère affirme que plus de la moitié des victimes sont des femmes et des enfants. L'ONU et d'autres organisations internationales le considèrent comme la source de données la plus fiable sur les victimes.

- Avec des informations de l'Associated Press

Émilie Bergeron

Émilie Bergeron

Journaliste