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«Le Hamas a toujours refusé la solution à deux États. En reconnaissant la Palestine, la France donne tort à ce mouvement terroriste.»
La France a défendu vendredi sa décision de reconnaître l'État de Palestine, affirmant qu'elle visait à «donner raison au camp de la paix», en réponse aux virulentes critiques d'Israël et des États-Unis qui accusent Paris de faire le jeu du Hamas.
L'annonce faite jeudi soir par le président Emmanuel Macron en vue d'une reconnaissance formelle par la France d'un État de Palestine lors de l'Assemblée générale des Nations unies, en septembre à New York, a suscité la colère d'Israël, qui a dénoncé une «récompense de la terreur», en référence à l'attaque sans précédent du Hamas dans le sud d'Israël le 7 octobre 2023.
«Le Hamas a toujours refusé la solution à deux États. En reconnaissant la Palestine, la France donne tort à ce mouvement terroriste. Elle donne raison au camp de la paix contre celui de la guerre.»
Le secrétaire d'État Marco Rubio a «fermement» rejeté jeudi cette décision «imprudente» qui «ne sert que la propagande du Hamas».
Vendredi, le président Donald Trump a, lui, relativisé la portée de cette décision de son homologue français. «C'est quelqu'un de très bien, je l'apprécie, mais cette déclaration n'a pas beaucoup de poids», a-t-il affirmé à la presse: «Cela ne changera rien».
L'ambassadeur des États-Unis en Israël, Mike Huckabee, avait ironisé, affirmant que M. Macron n'avait pas précisé où serait situé le futur État palestinien, «je peux désormais révéler en exclusivité que la France offrira la Côte d'Azur», a-t-il déclaré sur X. Côté palestinien, le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a salué vendredi «une victoire pour la cause palestinienne». Le mouvement islamiste Hamas, rival du Fatah de M. Abbas, a dit voir dans cette décision un «pas positif».
Paris a assuré que sa décision ne récompense pas le Hamas, mais lui «donne tort».
M. Macron fait également face aux critiques en France, de la part de la droite et de l'extrême droite, dont la leader Marine Le Pen a estimé que «reconnaître aujourd'hui un État palestinien, c'est reconnaître un État Hamas et donc un État terroriste».
Le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) a dénoncé «une faute morale, une erreur diplomatique et un danger politique». La France abrite la première communauté juive d'Europe, avec près de 500 000 personnes (moins de 1% de la population).
Pays du G7 et membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, la France rejoindra en septembre un groupe d'au moins 142 autres États qui ont reconnu un État palestinien, selon un décompte de l'AFP.
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Cette annonce apparaît comme une tentative de faire bouger les lignes, alors que les discussions pour un cessez-le feu patinent, après 21 mois d'une guerre qui a plongé Gaza dans une situation humanitaire désastreuse.
Depuis l'attaque du 7-octobre, qui a tué 1 219 personnes côté israélien, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles, Israël mène des représailles militaires qui ont fait 59 587 morts à Gaza, selon des données du ministère de la Santé à Gaza, jugées fiables par l'ONU.
«La catastrophe humanitaire à laquelle nous assistons à Gaza doit cesser immédiatement», ont exhorté vendredi Paris, Londres et Berlin, dans un communiqué commun, appelant «le gouvernement israélien à lever immédiatement les restrictions sur l'acheminement de l'aide et à permettre de toute urgence à l'ONU et aux ONG humanitaires de mener à bien leur travail afin de lutter contre la famine».
Si l'Irlande, l'Espagne, la Norvège et la Slovénie ont acté la reconnaissance de l'État de Palestine en 2024, les Européens restent divisés sur la question d'un État de Palestine.
Berlin a répété vendredi «ne pas envisager de reconnaître un État palestinien à court terme».
Le premier ministre britannique Keir Starmer a, lui, insisté début juillet sur l'importance de l'obtention d'un cessez-le-feu pour amorcer un «processus» de reconnaissance.
La France coprésidera en septembre avec l'Arabie saoudite une conférence internationale au niveau des chefs d'État et de gouvernement pour essayer de relancer la solution dite «à deux États», palestinien et israélien.
Une réunion au niveau ministériel sur le sujet se tient lundi et mardi à New York.