Économie

Ottawa fait erreur avec ses représailles, dit un groupe de constructeurs automobiles

«La compétitivité du Canada en tant que pays manufacturier automobile s'érode rapidement.»

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318cfc1ec6640f3f55e0db0f9a68657a734d240da0904e69e49cd2e53f2e9584.jpg Des acheteurs observent un véhicule utilitaire électrique Jeep Wagoneer 2025 exposé chez Stellantis au Salon de l'auto du Colorado, le jeudi 17 avril 2025 à Denver. (Photo AP/David Zalubowski) (The Associated Press)

Le groupe de défense de l'industrie derrière les trois constructeurs automobiles de Detroit affirme que le gouvernement canadien commet une erreur en imposant des droits de douane sur certaines importations américaines. 

Le gouvernement canadien a annoncé cette semaine qu'il limiterait le nombre de véhicules que Stellantis et GM peuvent importer en étant exempts de droits de douane de rétorsion, après que les deux constructeurs ont réduit leurs activités canadiennes.

En avril, Ottawa avait accordé des exemptions aux droits de douane de rétorsion à certains constructeurs automobiles, à condition qu'ils maintiennent les emplois et les investissements canadiens. Or, ces deux dernières semaines, GM et Stellantis ont annoncé des coupes dans la production au Canada, affectant des milliers d'emplois.

En réaction, Ottawa réduit de 50 % le nombre de véhicules que Stellantis peut importer exempts de droits de douane, et de 24 % pour GM.

Cette décision rend toutefois plus difficile pour les constructeurs automobiles d'investir au Canada, alors que l'industrie subit une pression énorme, a déclaré Brian Kingston, président-directeur général de l'Association canadienne des constructeurs de véhicules (ACCV).

«Nous faisons tout notre possible pour protéger notre empreinte et préserver les emplois ici, au Canada, mais maintenant, le gouvernement qui en rajoute en imposant de nouveaux droits de douane aux constructeurs, cela n'aide en rien», a-t-il fait valoir.

Il a ajouté que le gouvernement doit collaborer avec l'industrie pour rendre le Canada compétitif, jugeant contre-productives les politiques comme l'obligation d'achat de véhicules électriques et les récentes mesures prises directement contre les entreprises.

«Avec les mesures prises aujourd'hui, et les menaces de poursuites judiciaires, il est de plus en plus difficile d'imaginer un monde où les entreprises souhaitent investir ici», a-t-il déclaré.

Les entreprises doivent choisir leur camp

Ces mesures gouvernementales font suite à l'annonce faite la semaine dernière par Stellantis du transfert de la production prévue de longue date à son usine de Brampton, en Ontario, vers l'Illinois, entraînant le retrait de quelque 3000 emplois.

Cette semaine, General Motors a annoncé qu'il ne relancerait pas la production de fourgonnettes de livraison électriques à son usine d'Ingersoll, en Ontario, comme prévu en novembre, en raison d'une faible demande. L'usine employait plus de 1000 travailleurs avant la suspension des activités en mai.

Ces décisions ont incité les dirigeants syndicaux, dont la présidente nationale d'Unifor, Lana Payne, à réclamer une réponse ferme, notamment le recours aux droits de douane, pour contrer la pression exercée par le président américain Donald Trump.

«Nous ne pouvons pas négocier à genoux. Nous devons riposter. Nous ne pouvons pas rester silencieux alors que nous perdons des emplois et que nos travailleurs et nos industries sont attaqués par des tarifs injustes et punitifs», a dit Mme Payne dans une déclaration écrite vendredi.

Flavio Volpe, président de l'Association des fabricants de pièces d'automobile, a noté qu'étant donné que Stellantis a importé environ 130 000 véhicules l'an dernier, la mesure tarifaire du gouvernement pourrait se traduire par des centaines de millions de dollars de frais pour le constructeur automobile.

«C'est comme ça qu'on attire l'attention. C'est comme ça qu'on fait pression sur un décideur pour qu'il change d'avis», a-t-il affirmé.

Il a dit comprendre l'équilibre difficile que les constructeurs automobiles tentent d'atteindre, mais a ajouté que le Canada n'avait pas lancé ce combat et que les entreprises devaient choisir leur camp.

«Le Canada a accordé une aide aux entreprises qui prenaient cette direction, et si elles ne veulent pas la perdre, elles devraient probablement s'engager à fournir un produit à ces deux usines», a affirmé M. Volpe.

Le ministre des Finances, François-Philippe Champagne, a déclaré jeudi dans un communiqué que le gouvernement était déterminé à maintenir une industrie automobile canadienne forte, mais qu'il était profondément déçu que GM et Stellantis manquent à leurs obligations.

«Notre gouvernement appuie fermement son industrie automobile et ses travailleurs et n’hésitera pas à prendre des mesures fermes pour la protéger et s’assurer que l’aide soit réservée à ceux qui investissent dans l’avenir du Canada», a-t-il affirmé.

La décision de jeudi concernant les droits de douane a été éclipsée par l'annonce soudaine du président Donald Trump de la fin des négociations commerciales en réaction à une campagne publicitaire du gouvernement provincial de l'Ontario.

Vendredi matin, sur le tarmac de l'aéroport d'Ottawa, le premier ministre Mark Carney a déclaré que les négociateurs canadiens étaient «prêts» à reprendre les discussions, mais que le Canada ne pouvait pas contrôler une politique commerciale américaine qui avait «fondamentalement changé».