Société

Offres d'emploi fantôme: comment savoir si vous devez quand même postuler?

Tout ce que vous devez savoir sur le sujet.

Publié

579f5c9342a6d200793c0becf7c998b2ae9bca84022bfd6c87f4c947d0e6b2ce.jpg Des bureaux vides sont visibles à Toronto, le vendredi 14 mars 2025. (Chris Young | La Presse canadienne)

Vous avez personnalisé votre lettre de motivation, peaufiné votre CV et rempli un long formulaire en ligne pour postuler à un emploi, pour finalement découvrir que l'entreprise n'avait jamais eu l'intention de pourvoir le poste.

Les offres d'emploi fantômes, des postes vacants publiés en ligne sans intention d'embaucher, sont légèrement plus fréquentes, alors que les entreprises freinent leur recrutement dans un contexte de ralentissement économique et de tensions géopolitiques persistantes.

«Compte tenu de la situation du marché, fortement impactée par de nombreux facteurs, les entreprises embauchent un peu moins», explique Alexandra Tillo, conseillère principale en stratégie de recrutement chez Indeed Canada.

Selon Mme Tillo, certaines entreprises maintiennent un vivier de candidats actifs en prévision d'une éventuelle approbation budgétaire, car beaucoup d'entreprises reportent leurs embauches.

«Elles veulent être aussi efficaces que possible et anticipent donc le processus de recrutement, notamment la collecte des CV», précise-t-elle.

Mme Tillo indique que si elle constate une augmentation des offres d'emploi fantômes, celle-ci reste modérée.

Environ un cinquième des offres d'emploi publiées chaque trimestre sont considérées comme des offres fantômes, selon une analyse réalisée en 2024 par la plateforme de recrutement Greenhouse.

D'après Mike Shekhtman, directeur régional principal chez Robert Half, la publication d'offres fantômes peut parfois être motivée par des considérations d'image de marque et de moral interne. En effet, cela donne aux employés actuels l'impression que l'entreprise est plus stable lorsqu'elle recrute.

«Cela signale un potentiel de croissance, voire de stabilité, pour les employés actuels, mais aussi pour les investisseurs, les clients et les concurrents», mentionne-t-il.

Parfois, c'est la politique de l'entreprise qui pousse les recruteurs à publier des offres d'emploi, même lorsqu'ils ont déjà un candidat en tête, ajoute-t-il.

De nombreuses provinces ont leurs propres lois sur le recrutement. À compter du 1er janvier, le gouvernement de l'Ontario met en œuvre de nouvelles règles de recrutement pour les entreprises de 25 employés ou plus. Ces changements exigent notamment de préciser si l'offre d'emploi concerne un poste vacant et si l'entreprise utilise l'intelligence artificielle dans son processus de recrutement.

Cependant, les offres fantômes peuvent également nuire à la réputation d'une entreprise, souligne M. Shekhtman.

Les candidats suivent souvent les offres d'emploi disponibles sur le marché et, s'ils constatent que les mêmes annonces reviennent sans cesse, cela peut nuire à l'image d'une entreprise.

«Ils vont commencer à perdre confiance», affirme-t-il.

Des offres d'emploi récurrentes peuvent également susciter des inquiétudes quant à la culture d'entreprise et au taux de rotation du personnel, et jeter le discrédit sur l'organisation et sa direction, estime-t-il.

Il existe des signaux d'alerte que les candidats peuvent repérer lors de leur recherche d'emploi.

D'après Mme Tillo, si une description de poste manque de détails sur les tâches quotidiennes ou est vague quant aux qualifications requises, il s'agit probablement d'une offre fictive.

Une offre d'emploi avec une date limite de candidature ancienne ou sans date indique également probablement que l'entreprise ne recrute pas, précise-t-elle.

Mme Tillo conseille aux candidats de consulter la page carrières de l'entreprise et son profil sur des sites tiers afin de vérifier la légitimité de l'annonce.

«Cela vous en dira long sur l'opportunité de postuler à un véritable emploi de qualité ou s'il vaut mieux éviter l'entreprise pour le moment», avance-t-elle.

Mais ces signaux d'alarme ne doivent pas toujours dissuader les candidats, selon les experts.

«Ce n'est pas forcément un mauvais emploi, cela signifie simplement que l'entreprise ne recrute pas activement», souligne Mme Tillo.

Si vous rêvez de travailler pour cette entreprise, postulez quand même, conseille Mme Tillo. Ainsi, l'entreprise aura votre CV et saura que vous êtes intéressé.

«Prenez ces cinq à dix minutes supplémentaires pour envoyer vos informations, cela pourrait faire toute la différence par la suite», ajoute-t-elle.

Pour les entreprises moins importantes, Mme Tillo «ne conseillerait pas à un candidat de se donner autant de mal» pour une offre d'emploi fantôme.

Ritika Dubey

Ritika Dubey

Journaliste