Le plafond imposé par le Canada aux étudiants étrangers a des répercussions plus importantes que prévu, Universités Canada avertissant que le pays est en train de faire fuir les talents dont il a le plus besoin.
«La chose la plus importante à savoir est que le Canada a prouvé qu'il pouvait réduire considérablement et rapidement le nombre de nouveaux arrivants dans le pays», a expliqué Gabriel Miller, président et directeur général de l'organisation, lors d'une entrevue accordée lundi à CTV News Channel. «Reste à savoir si nous pouvons garder les personnes que nous voulons.»
Le programme canadien pour les étudiants étrangers fait l'objet d'une surveillance accrue en raison de l'augmentation du nombre d'étudiants, des pressions sur le logement et de la hausse des demandes d'asile.
Le vérificateur général du Canada a également lancé une enquête sur le programme et devrait présenter un rapport au Parlement en 2026.
L'année dernière, Ottawa a annoncé un plafonnement temporaire de deux ans du nombre d'étudiants étrangers afin de réduire leur nombre de 35% en 2024 et de 10% supplémentaires en 2025, ce qui signifie que 437 000 permis seront délivrés cette année, et que cet objectif sera maintenu en 2026.
À VOIR AUSSI | L’UPAC enquête sur des fraudes liées à des étudiants étrangers
Ce plafonnement est national, chaque province se voyant attribuer ses propres quotas en fonction de sa population.
Ottawa a également resserré les critères d'admissibilité au permis de travail pour les conjoints, le limitant aux conjoints des étudiants en maîtrise dont le programme dure au moins 16 mois et aux conjoints des travailleurs étrangers dans certains secteurs en pénurie de main-d'œuvre. «Personne ne conteste la nécessité de limiter le nombre de personnes entrant dans le pays, et personne ne demande au gouvernement de revoir sa décision de fixer des objectifs d'immigration plus bas, y compris pour les étudiants étrangers», a indiqué M. Miller. «Nous avons besoin de talents, et à l'heure actuelle, trop de ces talents quittent le Canada, alors que nous en avons le plus besoin.»
«Les délais d'attente sont si longs dans notre système de traitement des visas, et la réputation du Canada a tellement souffert que bon nombre des meilleurs et des plus brillants dont nous avons besoin ici se tournent vers d'autres options.»
Universités Canada affirme que les inscriptions ont chuté bien au-delà de l'objectif fixé par le gouvernement, et attribue cette situation à un certain nombre de facteurs.
«Nous refusons beaucoup plus de personnes que nous ne le souhaiterions, et nous dépassons largement les objectifs fixés à l'origine par le gouvernement, et cela parce que, franchement, il y a eu tellement de changements», a déploré Gabriel Miller.
Le président et directeur général d'Universités Canada exhorte le gouvernement à élaborer un plan de relance, à réparer le système de traitement des visas, à reconstruire l'image du Canada et à rassembler les gouvernements, les entreprises et les éducateurs afin de combler les pénuries de main-d'œuvre critiques.
«Le plafond était une intervention chirurgicale d'urgence, et il est temps que le patient commence à se rétablir», a-t-il dit. «(Nous devons) commencer à rappeler au monde entier que ce pays reste un endroit exceptionnel pour investir, étudier et travailler, et que nous voulons attirer les meilleurs et les plus brillants ici.»


