Le gouvernement Legault est ouvert à la tenue d'une enquête publique du coroner sur la mort du jeune Nooran Rezayi, tué par la police à Longueuil l'après-midi du 21 septembre dernier.
Le ministre de la Sécurité publique, Ian Lafrenière, a évoqué cette possibilité jeudi matin à la période de questions.
Mais il a précisé que ce serait seulement au terme des processus déjà en cours au Bureau des enquêtes indépendantes (BEI) et à la police de Montréal (SPVM), si ces enquêtes ne vont pas au fond des choses.
C'est le député Andrès Fontecilla, de Québec solidaire (QS), qui a réclamé une enquête publique, parce qu'il accuse le BEI d'opacité.
«Je ne ferme pas la porte, mais pas du tout», a répondu M. Lafrenière à la période de questions.
«Une chose est claire, on ne peut pas faire les deux en même temps, on va nuire au processus d'enquête. Alors je demande à mon collègue, tout comme moi, de faire confiance au processus qu'on a mis en place, qui est le Bureau des enquêtes indépendantes.»
M. Fontecilla a soutenu que le travail du BEI n'est pas suffisant et a rappelé que l'organisme a été critiqué parce qu'il embauchait des policiers.
«On ne sait pas ce qu'ils recommandent, somme toute, et le tout est gardé secret, à toutes fins pratiques», a-t-il dénoncé en mêlée de presse jeudi matin au parlement.
Les enquêtes du BEI ne sont pas de nature criminelle, «donc elles ne sont pas rendues publiques, c'est vraiment un sommaire qui est rendu public et qui est transmis au Directeur des poursuites pénales et criminelles», a-t-il poursuivi.
Afin d'appuyer son propos, sa collègue Alejandra Zaga Mendez a cité l'exemple de l'enquête publique du coroner sur la mort du jeune Fredy Villanueva, amorcée en 2009 et conclue en 2013, qui avait permis de faire la lumière sur cette affaire, «pour que tout le Québec ait des réponses et des leçons à en tirer».
Selon la transcription de l'appel au service 911 obtenue par Radio-Canada, le 21 septembre dernier, à 14 h 47, une personne a signalé la présence de 15 à 20 individus masqués, armés d'un bâton de baseball et d'un fusil dans le secteur Saint-Hubert, à Longueuil.
Parmi ces individus se trouvait Nooran Rezayi, âgé de 15 ans.
La présence d'une arme à feu est mentionnée à au moins quatre reprises lors de l'appel.
Les premiers policiers sont arrivés sur les lieux à 14 h 57 et à 14 h 58, Nooran Rezayi a été abattu par au moins une balle provenant d'une arme d'un policier.
Les ambulanciers sont appelés à intervenir par la suite et ont tenté des manoeuvres de réanimation sur l'adolescent à 15 h 03.
Le décès a été constaté à l'hôpital Charles-Lemoyne à 15 h 29.
Samedi dernier, quelques centaines de personnes ont défilé à Longueuil à la mémoire de Nooran Rezayi.
M. Fontecilla a alors pris la parole pour s'adresser aux proches de l'adolescent et pour dénoncer les violences policières.
