À moins d’un an des prochaines élections provinciales, le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon a galvanisé ses troupes réunies en Conseil national en fin de semaine à Sherbrooke, en affirmant que désormais le Parti québécois (PQ) allait faire preuve d’ambition «en toutes circonstances».
«On a le droit, mais surtout, on a le devoir de bâtir un autre Québec que le Québec du déclin. Le Québec du déclin qui nous est imposé par le fédéral, par la CAQ et par le Parti libéral du Québec depuis plusieurs années», a lancé Paul St-Pierre Plamondon dimanche, lors d’un discours devant plusieurs centaines de militants gonflés à bloc.
Le chef péquiste est monté sur scène alors que les militants scandaient en chœur : «Le Québec, un pays ! Le Québec, un pays !»
Dans son discours, Paul St-Pierre Plamondon a aussi affirmé qu’il comptait «réduire massivement la paperasse et la bureaucratie» s’il prenait le pouvoir.
«Un gouvernement du Parti québécois va remplacer le bar ouvert des subventions par un allègement fiscal de nos PME québécoises», a-t-il soutenu.
Le chef péquiste a dit que plusieurs «tests très importants» attendaient son parti prochainement, notamment l’élection partielle dans Chicoutimi. Le PQ a de bonnes chances de rafler cette circonscription à la Coalition avenir Québec (CAQ).
«Il vente fort depuis quelques mois, vous en êtes témoins et je suis obligé de vous dire mes chers amis qu'on n'a encore rien vu. C'est simplement que dans la tête de millions de Québécois, nous représentons l'espoir d'un Québec qui va faire mieux. (...) Et ça explique donc que nos adversaires nous attaquent sans relâche et sans retenue. Il faut simplement ne pas se laisser distraire. Rétablir les faits constamment avec rigueur, mais également rester concentré sur l'objectif», a lancé Paul St-Pierre Plamondon à ses militants.
Le Conseil national péquiste se tenait sous le thème «Des régions plus riches».
«N’importe quoi»
Le PQ a annoncé officiellement samedi qu’il était en faveur de la création d'une devise québécoise une fois que le Québec sera devenu indépendant. Une transition d’au moins dix ans avec le dollar canadien sera toutefois nécessaire avant d’en arriver là.
Les libéraux n’ont pas perdu de temps pour décrier la proposition péquiste. Le député Frédéric Beauchemin a exhorté le PQ d’arrêter «de dire n’importe quoi».
«Un instant. En se séparant du Canada, le PQ veut séparer le Québec de toutes les ententes économiques qu’il a actuellement, créant ainsi une vague inédite d’instabilité économique, sortant le Québec de l’OTAN. Ce parti nous dit en même temps qu’il veut assurer le plus de stabilité possible. C’est comme dire que je te coupe les pieds et ça ne fera pas mal», a-t-il martelé sur le réseau social X samedi.
«La politique monétaire n’est pas un conte de fées. Ce que vous dites se traduira par un recul inestimable du pouvoir d’achat des Québécois», a-t-il ajouté.
L’ancien président de la commission politique du Parti libéral du Québec (PLQ), André Pratte, a accusé le PQ de proposer «rien de moins que la rupture de l’union économique entre le Canada et le Québec».
«À ma connaissance, c’est une des premières fois qu’une séparation aussi totale est proposée de manière aussi sérieuse depuis la souveraineté-association conçue par René Lévesque», a-t-il écrit également sur X.
André Pratte – qui s’exprimait à titre personnel – dit qu’il s’attend à ce que le PQ l’accuse de mener une campagne de peur».
«Tant pis: je commence à penser qu’en effet, encore plus qu’avant, il y a de très bonnes raisons d’avoir de sérieuses craintes à l’égard du projet radical que porte le PQ de 2025», a-t-il affirmé.
Samedi, le chef péquiste, Paul St-Pierre Plamondon, avait prédit que le «clan fédéraliste» allait fustiger sa proposition.
«C'est certain que le discours fédéraliste, et je vous le donne en mille, ça va être de dire qu’une monnaie québécoise, ça va être épouvantable, et de faire une campagne de peur qui n'est absolument pas fondée sur les faits», a-t-il affirmé alors.
Le PQ veut mettre sur pied une commission indépendante après que le Québec soit devenu un pays qui devra faire ses propres recommandations. Il est donc possible que cette commission ne suggère pas la création d’une devise québécoise.
Le chef péquiste a assuré qu’il respectera la décision de cette commission, mais croit que la création d’une monnaie québécoise est «de loin le scénario le plus probable».
Le PQ avait évalué deux autres scénarios: conserver le dollar canadien ou adopter la devise américaine.
La monnaie était le deuxième volet du Livre bleu que le PQ dévoile petit à petit. La semaine dernière, le chef péquiste a révélé le chapitre qui portait sur les relations internationales d’un Québec souverain.
D’autres éléments du Livre bleu seront présentés dans les prochaines semaines.
Paul St-Pierre Plamondon martèle qu’il tiendra un référendum dans un premier mandat, même si une majorité de Québécois sont défavorables à l’indépendance, selon les sondages.
Vers un duel PQ-PLQ?
Le PQ caracole dans les sondages depuis près de deux ans désormais. Les indicateurs suggèrent même qu’il pourrait former un gouvernement majoritaire si des élections avaient lieu aujourd’hui.
Le gouvernement caquiste de François Legault est pour sa part malmené dans l’opinion publique. L’agrégateur de sondages Qc125 indique que la CAQ pourrait être pratiquement rayée de la carte électorale si des élections avaient lieu aujourd’hui.
On semble donc plutôt se diriger vers un duel entre les libéraux et les péquistes. Le dernier coup de sonde Léger montre d’ailleurs que l’écart entre le PQ (32 %) et le PLQ (27 %) se resserre.
Le score des libéraux chez les francophones est toutefois encore faible : 17 % contre 40 % pour le PQ, toujours selon le dernier Léger.
D’ailleurs, le PQ n’a certainement pas choisi par hasard de tenir son Conseil national à Sherbrooke. Un récent sondage Pallas Data montre que les péquistes pourraient ravir la circonscription du même nom à Québec solidaire.
La députée solidaire de Sherbrooke, Christine Labrie – qui a été élue en 2018 –, a d’ailleurs annoncé qu’elle ne se représentera pas aux prochaines élections.

