Le chef péquiste, Paul St-Pierre Plamondon, veut doter le Québec de sa propre monnaie après qu’il soit devenu un pays indépendant. Il s’attend à une transition d’au moins dix ans avec le dollar canadien avant d’en arriver là.
M. St-Pierre Plamondon en a fait l’annonce samedi matin lors du Conseil national de son parti qui se déroule à Sherbrooke.
«Le but ici, c'est de mettre fin à notre dépendance et la raison pour laquelle on veut mettre fin à notre dépendance – qu'elle soit politique, financière ou monétaire –, c’est que cette dépendance, elle mène à des décisions qui nous font mal parce qu'elles ne sont pas dans notre intérêt», a affirmé le chef péquiste en point de presse.
Le Québec aurait donc sa propre politique monétaire ainsi que sa propre banque centrale.
«Avoir une banque centrale, c'est payant parce que ça génère (...) des milliards de dollars qui sont minimalement équivalents au coût de fonctionnement, selon ce qu'on a étudié de pays comparables», a soutenu Paul St-Pierre Plamondon.
«Maître chez nous»
Attention toutefois, car le PQ veut mettre sur pied une commission indépendante après que le Québec soit devenu un pays qui devra faire ses propres recommandations. Il est donc possible que cette commission ne suggère pas la création d’une devise québécoise.
«En effet, si toutes sortes de circonstances dans les prochaines années amènent une commission indépendante composée d'experts qu'ont choisira en fonction de leurs qualifications, et qu’ils nous disent : “On conserve le dollar canadien, on trouve ça plus prudent”, un gouvernement du Parti québécois va suivre la commission», a assuré le chef péquiste.
Il croit toutefois que l’option de la monnaie québécoise est «de loin le scénario le plus probable».
«Regardez le parcours de toutes les autres nations dans le monde. Elles ont toutes conclu à la nécessité de contrôler leur économie et ne pas laisser le voisin décider pour leur économie. Donc, je ne vois pas comment ça ne finira pas avec le slogan "Maître chez nous" de Jean Lesage. C'est là qu'on s'en va», a soutenu le chef péquiste.
Cette commission serait composée de gens du secteur financier, du milieu des affaires, d’universitaires et de hauts fonctionnaires. Elle débutera son travail dans l'année suivant l'indépendance du Québec.
Les options rejetées
Le PQ a évalué deux autres scénarios: conserver le dollar canadien ou adopter la devise américaine.
Selon le chef péquiste, l’option du dollar canadien aurait permis la «stabilité et la continuité». Le problème viendrait plutôt du fait qu’un Québec pays n’aurait pas d’influence sur la politique monétaire du Canada.
Paul St-Pierre Plamondon voit un enjeu similaire avec le dollar américain. «En période de crise, par exemple, les gestes vont être posés uniquement en fonction de l'intérêt américain et la situation du Québec ne sera absolument pas dans l'équation», a-t-il expliqué.
Il ne croit pas non plus qu’il y aurait d’acceptabilité sociale pour cette dernière option en raison du contexte actuel.
En 2014, la chef péquiste, Pauline Marois, avait dit souhaiter qu’un Québec indépendant conserve le dollar canadien. Puis, en 2023, elle change de position, se disant désormais plus à l'aise avec l’idée d’une devise québécoise.
La monnaie est le deuxième volet du Livre bleu que le PQ dévoile petit à petit. La semaine dernière, le chef péquiste a révélé le chapitre qui portait sur les relations internationales d’un Québec souverain.
En bref, s’il prend le pouvoir, le PQ veut tout mettre en œuvre pour s’assurer que le Québec soit reconnu rapidement advenant un Oui à un référendum dans un premier mandat.
Avant même le référendum, il ouvrirait des représentations dans deux fois plus de pays qu’actuellement, soit de 19 à 38, pour mettre en place un réseau d’influence.
D’autres chapitres du Livre bleu seront présentés dans les prochaines semaines.
Paul St-Pierre Plamondon martèle qu’il tiendra un référendum dans un premier mandat, même si une majorité de Québécois sont défavorables à l’indépendance, selon les sondages.
Le PQ pourra-t-il ravir Sherbrooke?
Tenir ce Conseil national à Sherbrooke n’est certainement pas un hasard pour le PQ.
La circonscription de Sherbrooke est détenue par la députée de Québec solidaire (QS) Christine Labrie depuis 2018.
Or, un récent sondage Pallas Data montre que le parti de gauche pourrait perdre ce comté au profit du PQ.
Le coup de sonde place les péquistes en première place avec 27 % alors que QS se retrouve en quatrième position avec seulement 10 %. Le Parti libéral du Québec occupe la deuxième place avec 20 %.
Pour sa part, l’agrégateur de sondages Qc125 place le PQ également en première position dans Sherbrooke avec 32 %, mais avec seulement trois points d’avance sur les libéraux. QS n'obtient que 16 % des votes.
Christine Labrie a d’ailleurs annoncé il y a quelques mois qu’elle ne se représentera pas en 2026.

