Le premier ministre Mark Carney a conclu un nouveau partenariat stratégique avec la Pologne qui permettra au Canada d'approfondir ses liens dans les domaines du commerce, de la défense et de l'énergie avec ce pays européen en pleine croissance.
M. Carney était à Varsovie, lundi, où il a rencontré son homologue polonais, Donald Tusk.
Le Canada et la Pologne ont convenu de collaborer plus étroitement dans des domaines tels que la défense, l'aviation, la cybersécurité et les énergies propres. Les deux pays commenceront à tenir des réunions bilatérales annuelles et s'efforceront d'encourager les partenariats industriels dans ces secteurs.
Selon M. Carney, le partenariat avec la Pologne stimulera la demande européenne pour les exportations canadiennes et renforcera la présence du Canada dans le domaine de la défense en Europe.
En conférence de presse aux côtés de M. Tusk, M. Carney a soutenu qu'il est essentiel pour le Canada de collaborer avec l'Europe s'il souhaite atteindre son objectif de quadrupler le rythme de ses investissements en défense d'ici la fin de la décennie.
«Nous avons beaucoup appris du premier ministre et de son gouvernement, notamment l'importance de jouer pleinement notre rôle au sein de l'OTAN», a mentionné M. Carney.
«Il nous faudra quelques années pour atteindre le niveau d'engagement de la Pologne, mais c'est possible et nous avons pris cet engagement.»
Le bureau du premier ministre a par ailleurs annoncé que le Canada présidera l'Exposition internationale de l'industrie de la défense en 2026. Cet événement, qui se tient chaque année à Kielce, en Pologne, est l'un des plus importants salons professionnels consacrés à la défense en Europe.
Des troupes en Ukraine?
La visite de M. Carney en Pologne est survenue à la suite d'une escale surprise en Ukraine, dimanche.
S'exprimant aux côtés du président ukrainien, Volodymyr Zelensky, M. Carney a exhorté les partenaires internationaux à renforcer leur soutien à l'Ukraine à un moment critique de sa guerre avec la Russie.
M. Tusk a dit avoir ressenti la détermination de M. Carney lorsqu'il l'a vu s'entretenir avec M. Zelensky.
«Je saisis la volonté du Canada, de la Pologne et de nos partenaires européens de continuer à aider l'Ukraine pendant et après la guerre. Nous coopérerons étroitement avec le Canada dans ce domaine», a-t-il déclaré.
Avant de rencontrer M. Tusk, M. Carney a assisté à une démonstration des membres des Forces armées canadiennes stationnés en Europe dans le cadre de l'opération Unifier, qui assure la formation des soldats ukrainiens.
Dimanche, M. Carney n'a pas exclu l'envoi de troupes canadiennes en Ukraine en guise de garantie de sécurité contre la Russie dans le cadre d'un éventuel accord de paix.
Le ministre de la Défense nationale, David McGuinty, a précisé lundi que la forme que prendrait le rôle du Canada dans le maintien d'une paix éventuelle en Ukraine faisait encore l'objet de discussions.
«Lorsque le premier ministre Carney s'est exprimé, il parlait dans le contexte d'une série de possibilités. Il est très difficile de se prononcer à l'avance», a-t-il expliqué avant la rencontre entre MM. Carney et Tusk.
«Nous verrons comment la situation évoluera. Mais nous avons bon espoir que la paix sera rétablie.»
M. Tusk, quant à lui, a exclu la possibilité que des soldats polonais entrent en Ukraine après la fin de la guerre. Il compte toutefois organiser la logistique à la frontière pour aider ce pays déchiré par la guerre et protéger la frontière entre l'Europe et la Russie.
Nombreuses possibilités
À Varsovie, le premier ministre Carney a également rencontré le nouveau président polonais, Karol Nawrocki. Mardi, il mettra le cap sur l'Allemagne pour une rencontre avec le chancelier Friedrich Merz.
Selon l'ambassadrice du Canada en Pologne, Catherine Godin, le partenariat stratégique entre les deux pays reflète une «volonté mutuelle» d'intensifier les échanges commerciaux bilatéraux, en particulier dans le contexte de la guerre tarifaire du président américain, Donald Trump.
«Le champ de ce que nous pouvons accomplir ensemble ne fait que s'élargir», a-t-elle fait valoir en mêlée de presse.
«L'importance de la Pologne ne cesse de croître. C'est aujourd'hui l'économie qui connaît la plus forte croissance en Europe, nous devons donc tenir compte de la Pologne.»
La Pologne est l'une des économies européennes qui ont connu la plus forte croissance au cours de la dernière décennie. Le pays a pris une importance géopolitique croissante depuis l'invasion à grande échelle de l'Ukraine en 2022.
Le profil de la Pologne établi par Affaires mondiales Canada indique que les deux pays entretiennent «un partenariat solide et durable fondé sur des valeurs fondamentales communes, le respect mutuel et une coopération soutenue».
Selon le président du département d'études canadiennes à l'Université Jagellonne de Cracovie, Marcin Gabrys, la Pologne a des «bases très solides» dans ses relations avec le Canada.
Un accord commercial conclu en 2017 a doublé les échanges commerciaux entre les deux pays, mais M. Gabrys a souligné que le Canada affiche désormais un déficit commercial, les entreprises polonaises exportant plus de marchandises et investissant davantage au Canada que l'inverse.
«Il existe de nombreuses possibilités de coopération économique», a-t-il soulevé, notamment dans les domaines de l'exploitation minière et des minéraux essentiels.
Une grande partie de l'engagement récent du Canada envers la Pologne a concerné l'Ukraine, depuis le programme de réinstallation d'Ottawa qui a permis à des milliers de femmes et d'enfants ukrainiens de se réfugier au Canada via la Pologne, jusqu'à la collaboration visant à renforcer la défense des pays de l'OTAN limitrophes de la Russie.
Avec des informations de Dylan Robertson à Ottawa

