Le premier ministre Mark Carney a atterri samedi en Pologne, donnant le coup d'envoi d'une mission plus large visant à approfondir les liens économiques et sécuritaires avec les alliés européens.
Le premier ministre a quitté Ottawa tôt samedi matin pour un voyage en Europe qui comprendra des étapes à Varsovie, Berlin et Riga, en Lettonie.
Il s'agit de son quatrième voyage en Europe depuis son entrée en fonction en mars, alors qu'il s'efforce de rapprocher le Canada de l'Europe alors que les relations avec les États-Unis se détériorent sous la présidence de Donald Trump.
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M. Carney a indiqué vendredi que le ministre des Ressources naturelles, Tim Hodgson, le ministre de la Défense, David McGuinty, et la ministre de l'Industrie, Mélanie Joly, se joindraient à lui pour cette tournée.
Quelques jours seulement après son investiture l'hiver dernier, il s'était rendu en France et au Royaume-Uni, où il avait qualifié le Canada de « nation non européenne la plus européenne ». Profitant de sa visite juste avant de déclencher les élections, M. Carney a rencontré le président français Emmanuel Macron, le roi Charles et le Premier ministre britannique Keir Starmer, tous le même jour.
En mai, il s'est rendu à Rome pour la messe d'inauguration du pape Léon XIV et a rencontré la Première ministre italienne Giorgia Meloni.
En juin, il s'est rendu à Bruxelles où il a signé un nouvel accord de défense et de sécurité avec l'Union européenne. Cet accord ouvre la voie à la participation du Canada à l'initiative massive « Réarmer l'Europe », renforçant ainsi les liens dans le secteur de la défense et réduisant la forte dépendance du Canada à l'égard des États-Unis.
Il a également assisté au sommet des dirigeants de l'OTAN aux Pays-Bas.
Un haut responsable du gouvernement a expliqué aux journalistes avant le voyage que le rapprochement du Canada avec l'Europe était une «priorité absolue» pour le gouvernement Carney.
Ce voyage vise principalement à aider à diversifier les perspectives commerciales du Canada avec ses alliés actuels dans le contexte de la campagne tarifaire mondiale menée par les États-Unis, ainsi qu'à approfondir les accords de défense et de sécurité, a précisé le responsable.
Pendant son séjour en Pologne, M. Carney devrait rencontrer le Premier ministre Donald Tusk et le président Karol Nawrocki.
Le haut fonctionnaire a dit que la poursuite des négociations commerciales dans les domaines de l'énergie, de la défense et de l'aérospatiale, entre autres, sera une priorité en Pologne, tout comme le soutien à l'Ukraine.
La Pologne est une plaque tournante essentielle pour l'aide militaire à l'Ukraine.
Depuis 2015, le Canada a formé 45 000 soldats ukrainiens dans le cadre de l'opération Unifier. Depuis l'invasion à grande échelle de l'Ukraine par la Russie en février 2022, une grande partie de cette formation a eu lieu en Pologne.
Marcin Gabrys, président du département d'études canadiennes à l'université Jagellonne de Cracovie, a déclaré que la Pologne disposait de « bases très solides » dans ses relations avec le Canada et souhaitait renforcer la coopération dans des secteurs tels que la technologie nucléaire, les deux pays ayant signé en janvier un accord portant sur des projets tels que les petits réacteurs modulaires.
«Il existe de nombreuses possibilités de coopération économique», a-t-il affirmé, notamment dans les domaines de l'exploitation minière et des minéraux critiques, ainsi que grâce aux liens entre la grande diaspora polonaise au Canada.
Les réserves de minéraux critiques du Canada devraient également être au centre des discussions de M. Carney avec les responsables politiques et les chefs d'entreprise allemands.
M. Carney doit rencontrer le chancelier allemand Friedrich Merz à Berlin mardi.
M. Carney a affirmé vendredi qu'il cherchait à renforcer le partenariat existant entre le Canada et l'Allemagne.
«Il existe un large éventail de domaines, des minéraux critiques à l'énergie, en passant par la défense et la sécurité, dans lesquels nous intensifions nos discussions avec l'Allemagne», a-t-il dit aux journalistes.
L'Allemagne est le plus grand marché d'exportation du Canada en Europe et les deux pays se sont engagés conjointement à investir 600 millions de dollars pour exporter de l'hydrogène canadien vers l'Europe, dans le cadre d'un accord signé en août 2022.
Le Canada n'a plus d'ambassadeur à Berlin depuis le décès de l'ancien politicien de la Colombie-Britannique John Horgan en novembre 2023.
M. Carney devrait conclure son voyage en rencontrant mercredi la Première ministre lettone Evika Siliņa et en rendant visite aux troupes canadiennes stationnées dans le pays.
Depuis 2017, le Canada dirige un groupe de combat multinational de l'OTAN en Lettonie dans le cadre des efforts de l'alliance militaire pour renforcer son flanc oriental et répondre à l'invasion de l'Ukraine par la Russie.
La mission lettone est l'un des huit groupes de combat mis en place par l'OTAN en Europe de l'Est dans le cadre de ce que certains appellent un « dispositif d'alerte » destiné à empêcher Moscou d'envahir le pays.
Les quatre premiers – en Estonie, en Lettonie, en Lituanie et en Pologne – ont été mis en place en 2017, trois ans après la première invasion russe en Ukraine, en Crimée. Après l'invasion russe plus large de 2022, des groupes de combat ont également été créés en Bulgarie, en Hongrie, en Roumanie et en Slovaquie.
À Riga, l'opération « Reassurance » rassemble du personnel provenant de plus d'une douzaine de pays de l'OTAN et se trouve à moins de 300 kilomètres de la frontière russe.
Selon un haut responsable, 1 900 membres des Forces armées canadiennes sont stationnés en Lettonie, ce qui représente la plus grande mission à l'étranger des Forces armées canadiennes.
Marcus Kolga, chercheur principal à l'Institut Macdonald-Laurier, a déclaré que cette mission était cruciale pour le Canada.
«C'est probablement l'une des missions internationales les plus importantes auxquelles nous avons participé depuis la libération des Pays-Bas pendant la Seconde Guerre mondiale», a-t-il soutenu.
«Elle leur permet de continuer à vivre normalement, même si la menace est à leur porte», a-t-il ajouté, précisant que cela vaut aussi bien pour les Lettons que pour leurs voisins estoniens et lituaniens.
«Cela montre que le Canada est actif et qu'il ne se laissera pas intimider par Vladimir Poutine», a-t-il exprimé.
Ce voyage en Europe s'inscrit dans le contexte de l'intensification des efforts visant à négocier la paix dans la guerre entre l'Ukraine et la Russie. Au début du mois, M. Trump a rencontré le président russe Vladimir Poutine en Alaska, puis, quelques jours plus tard, le président ukrainien Volodymyr Zelensky et d'autres dirigeants européens à la Maison Blanche.
Le Canada est membre de la Coalition des volontaires, un groupe d'États membres qui se sont engagés à soutenir l'Ukraine dans sa guerre contre la Russie. M. Carney a participé à des réunions virtuelles du groupe ces dernières semaines, mais rien n'a encore été confirmé quant au rôle que jouera le Canada pour aider à maintenir la paix si un accord de cessez-le-feu est conclu.

