Au lieu d'organiser de grands rassemblements au Centre Bell, les fédérations médicales devraient revenir à la table de négociation, estime François Legault.
«C'est l'fun d'aller au Centre Bell, pis de montrer des vidéos, pis se pomper, (...) mais on peut-tu travailler ensemble pour les patients?» a lancé le premier ministre en point de presse à Beauharnois, lundi.
La veille, près de 13 000 personnes avaient rempli le Temple du hockey pour protester contre la loi 2, une loi spéciale qui a été présentée le 24 octobre puis adoptée sous bâillon quelques heures plus tard.
Cette loi change le mode de rémunération des médecins, leur impose des cibles de performance et les menace de sanctions s'ils se désengagent.
Elle prévoit la mise en place d'un système de surveillance des médecins.
Les fédérations médicales, ainsi que le Collège des médecins, réclament depuis plusieurs jours la suspension de la loi 2, ce que M. Legault a de nouveau refusé, lundi.
La mobilisation historique des médecins dimanche n'a pas semblé l'avoir particulièrement ébranlé.
«Il y a un million et demi de Québécois qui n'ont pas de médecin de famille, a-t-il fait valoir. Ce qu'on veut discuter avec les fédérations de médecins, c'est comment on peut donner un meilleur accès.
«Il n'y aura pas de réduction du budget de la santé. Ils n'ont pas à s'inquiéter. En moyenne, tout le monde va garder la même rémunération.
«Par contre, ce qu'on essaie de faire, c'est de mettre des incitatifs aux bons endroits pour qu'on serve mieux la population. Ce qu'on souhaite, c'est de discuter (...) des modalités avec les fédérations», a-t-il ajouté.
Face à la grogne, le ministre de la Santé, Christian Dubé, a tout de même dû annoncer mardi dernier qu'il suspendait deux dispositions controversées de la loi.
D'abord, le gouvernement maintiendra, jusqu'à nouvel ordre, la prime accordée aux médecins spécialistes pour les premières consultations. Cette prime devait être abolie et l'argent, redistribué.
Il maintient aussi le supplément de 30 % qui était versé aux médecins des groupes de médecine familiale pour éponger certains frais administratifs.
La Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) a réagi à cette annonce en disant qu'elle ne retournera à la table de négociation que si Québec suspend l'entièreté de la loi 2.
La FMOQ exige, entre autres, l'abandon des indicateurs de performance poussant à faire de la médecine «fast-food» et le déploiement des ressources humaines nécessaires pour améliorer l'accès.
De son côté, la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ) a déclaré la semaine dernière vouloir clarifier l'«étendue» du mandat des négociateurs gouvernementaux.

