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Québec solidaire somme le gouvernement de la CAQ de retirer sa loi 2 sur les médecins

«Le système de santé est à feu et à sang. (...) Un moment donné, il faut arrêter», selon Ruba Ghazal.

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La co-porte-parole de Québec solidaire, Ruba Ghazal, répond aux questions des journalistes le 11 septembre 2025, à Québec. La co-porte-parole de Québec solidaire, Ruba Ghazal, répond aux questions des journalistes le 11 septembre 2025, à Québec. (Jacques Boissinot/La Presse canadienne)

Ruba Ghazal somme le gouvernement de retirer sa loi 2 qui change la rémunération des médecins, leur impose des cibles de performance et les menace de sanctions, parce que «le système de santé est à feu et à sang».

«Un moment donné, il faut arrêter», a lancé samedi la co-porte-parole de Québec solidaire (QS) en point de presse au congrès de son parti à Québec.

Selon elle, il faut «recommencer à zéro» et «reprendre les négociations» avec les médecins, afin de «mettre en place des choses qui sont applicables». «La loi, elle est mauvaise», tranche-t-elle.

Lorsque la loi 2 a été adoptée sous bâillon le 25 octobre, les médecins étaient «sous le choc, tristes et en colère», selon un médecin spécialiste de Montréal (sans affiliation à QS) qui a tenu à se confier à La Presse Canadienne.

«Maintenant, c'est une espèce d'incrédulité», a-t-il témoigné au bout de la ligne, demandant l'anonymat de peur de causer la panique au sein de son département qui serait à un cheveu de perdre cinq des ses 12 spécialistes.

Il confie qu'un de ses collègues surspécialisés lorgne les États-Unis, que trois autres ont fait des démarches sérieuses pour déménager en Ontario ou en Alberta, et qu'un autre collègue prendrait une retraite anticipée.

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Des menaces en l'air? «Je vous dis, c'est réel. Les demandes qui ont déjà été faites au Collège des médecins, c'est la pointe de l'iceberg. Je ne peux pas parler pour les autres, mais dans mon service, ça va se faire.»

Il explique que les médecins en ont contre la loi 2, car elle «touche l'essence même de la pratique médicale» en imposant des cibles «complètement inatteignables».

Pour illustrer son propos, il explique que son laboratoire devrait techniquement voir 16 patients par semaine, mais depuis deux ans, il en voit quatre par semaine.

Pourquoi? «Il manque de technologues. C'est certain que je ne vais jamais atteindre les cibles du ministère, mais c'est parce que je n'ai pas de personnel!» lance-t-il.

Autre exemple «super concret»: vendredi, trois patients ne se sont pas présentés, «parce que leurs rendez-vous avaient été mal cédulés par la centrale de rendez-vous». 

«J'étais ici, disponible pour les voir! (...) J'ai des collègues qui sont tellement tannés d'avoir des plages vides dans leurs horaires de clinique qu'eux-mêmes cédulent leurs propres rendez-vous!

«Donnez-nous des travailleurs sociaux, des physiothérapeutes, des ergothérapeutes, des agents administratifs qui sont capables de prendre des rendez-vous comme il faut», a-t-il résumé.

Environ 1000 personnes se sont rassemblées devant l'Assemblée nationale samedi dernier pour protester contre la loi 2. Dix fois plus de manifestants sont attendus au Centre Bell dimanche.

Le successeur de Gabriel Nadeau-Dubois connu samedi

Par ailleurs, c'est ce samedi que les membres de QS éliront celui qui succédera à Gabriel Nadeau-Dubois à titre de co-porte-parole masculin.

Ils devront trancher entre Étienne Grandmont, Sol Zanetti et Yv Bonnier Viger à l'occasion d'un congrès qui se tient à Québec jusqu'à dimanche.

Étienne Grandmont est le seul à avoir reçu des appuis au sein du caucus solidaire: Christine Labrie, Manon Massé, Alexandre Leduc, Andrés Fontecilla et Vincent Marissal se sont rangés derrière lui.

Avant de devenir député de Taschereau en 2022, M. Grandmont œuvrait comme directeur général chez Accès transports viables.

Il a défendu les droits des utilisateurs des transports collectifs et actifs, en plus de promouvoir un aménagement du territoire qui permettrait de lutter contre les changements climatiques.

Sol Zanetti, quant à lui, représente la circonscription de Jean-Lesage depuis 2018. Il a reçu l’appui des anciennes députées solidaires Émilise Lessard-Therrien et Catherine Dorion.

Fervent indépendantiste, M. Zanetti est un ancien professeur de philosophie et conseiller syndical. Il a également été préposé aux bénéficiaires et intervenant en santé mentale.

De son côté, Yv Bonnier Viger, un ancien directeur régional de santé publique, est le seul candidat non élu de cette course. Il a reçu l'appui de l'ancien porte-parole et député solidaire Amir Khadir.

Cette course au porte-parolat survient alors que QS est au plus bas dans les intentions de vote. 

Selon l'agrégateur de sondages Qc125, si des élections avaient lieu aujourd’hui, le parti de gauche ne recueillerait que 7 % des votes et ne ferait élire que trois députés (ils sont actuellement 12 à l'Assemblée nationale). 

Chicoutimi, un «test» pour QS, dit Ghazal

L'élection complémentaire dans Chicoutimi sera un «test» pour QS, a reconnu samedi Mme Ghazal, lors d'une mêlée de presse conjointe avec sa candidate Jeanne Palardy.

«C'est un test pour montrer notre cohérence, qu'on est toujours fidèles à nos convictions, puis qu'on est connectés à la population», a déclaré Mme Ghazal.

«Ce n'est pas un terrain habituellement fertile pour Québec solidaire. Je veux dire, je vais être lucide», a-t-elle cependant ajouté.

La circonscription de Chicoutimi est vacante depuis le départ de la ministre caquiste Andrée Laforest, qui a brigué sans succès la mairie de Saguenay.

Même si Mme Laforest a démissionné en septembre, l'élection complémentaire n'a toujours pas été déclenchée. Le gouvernement a six mois suivant le départ d'un député pour déclencher une partielle.

Caquiste depuis 2018, la circonscription de Chicoutimi était auparavant un château fort péquiste. Le parti y a régné sans interruption de 1973 à 2018.

Aux élections de 2021, le candidat de Québec Solidaire, Adrien Guibert-Barthez, avait terminé au troisième rang, obtenant 12,04 % des suffrages exprimés.

Caroline Plante

Caroline Plante

Journaliste