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MAGA: tout ce qu’il faut savoir sur la frustration concernant l’affaire Epstein

La colère suscitée par cette affaire menace de diviser les fidèles de MAGA.

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Jeffrey Epstein en 2017. Jeffrey Epstein en 2017. (Registre des délinquants sexuels de l'État de New York via The Associated Press)

La promesse non tenue de divulguer davantage d’informations sur l’affaire Jeffrey Epstein a suscité l’indignation de certains fidèles partisans du président Donald Trump.

Le ministère de la Justice a affirmé la semaine dernière qu’Epstein, qui était accusé de trafic sexuel, n’avait pas laissé de «liste de clients». La ministre de la Justice Pam Bondi avait laissé entendre en février qu’elle se trouvait sur son bureau, mais elle a ensuite précisé qu’elle faisait référence à l’ensemble du dossier.

Mme Bondi a également mentionné que les autorités examinaient minutieusement une «montagne» de preuves précédemment dissimulées. Le ministère de la Justice a toutefois conclu que leur divulgation publique n’était pas appropriée et qu’une grande partie des documents avait été mise sous scellés par un juge. Cette décision a provoqué la colère des influenceurs de droite, qui avaient été soutenus par les déclarations de Donald Trump sur cette affaire, mais qui ont désormais le sentiment que leurs revendications sont étouffées par son administration.

Des personnalités telles que le commentateur Tucker Carlson, la militante de droite Laura Loomer et l’ancien conseiller de Trump Steve Bannon affirment que la manière dont le gouvernement a traité cette affaire témoigne d’un manque de transparence. La colère suscitée par cette affaire menace de diviser les fidèles de MAGA (Make America Great Again).

Voici un aperçu de l’affaire Epstein, de la manière dont l’administration Trump l’a traitée et des réactions de ses partisans aux derniers développements.

Qu’est-ce que l’affaire Epstein?

Epstein était un riche financier arrêté en 2019 pour trafic sexuel. Son ancienne petite amie, Ghislaine Maxwell, a été accusée de l’avoir aidé à abuser de jeunes filles.

Epstein a été retrouvé mort dans sa cellule d’une prison fédérale de New York environ un mois après son arrestation. Les enquêteurs ont conclu qu’il s’était suicidé. Maxwell a ensuite été reconnue coupable lors d’un procès et condamnée à 20 ans de prison.

L’affaire a attiré l’attention en raison des liens d’Epstein et de Maxwell avec des personnalités célèbres, notamment des membres de familles royales, des présidents et des milliardaires. Elle a également donné lieu à certaines des plus grandes théories du complot qui animent la base électorale de Trump.

Les conservateurs, menés par des figures clés du mouvement MAGA, ont avancé des allégations non fondées selon lesquelles Epstein aurait été assassiné et que des acteurs de l’«État profond» au sein du gouvernement cacheraient des listes de ses clients, des vidéos des crimes commis et d’autres preuves.

Trump lui-même a suggéré qu’il y avait eu un coup monté.

Que sont les «dossiers Epstein»?

Trump a récemment tenté de changer de sujet, mais l’affaire Epstein retient l’attention en raison des déclarations et des actions de son administration.

En février, des influenceurs d’extrême droite ont été invités à la Maison Blanche et ont reçu des classeurs portant la mention «The Epstein Files: Phase 1» (Les dossiers Epstein: phase 1) et «Declassified» (Déclassifié). Ces classeurs contenaient des documents qui étaient pour la plupart déjà dans le domaine public.

Bondi a affirmé en mai qu’il existait «des dizaines de milliers de vidéos d’Epstein avec des enfants ou de la pornographie infantile». Cela a alimenté la conviction que des détails concernant des personnalités puissantes avaient été dissimulés.

«C’est une nouvelle administration et tout va être révélé au public», a dit Mme Bondi à un moment donné.

Plusieurs personnes ayant participé aux procédures pénales contre Epstein et Maxwell ont déclaré à l’Associated Press qu’elles n’avaient pas vu et ne connaissaient pas l’existence d’une mine d’enregistrements du type de ceux auxquels Bondi avait fait référence.

Que s’est-il passé la semaine dernière?

Le 7 juillet, le ministère de la Justice a reconnu qu’Epstein ne disposait pas d’une liste de clients et a souligné qu’aucun autre dossier lié à l’affaire Epstein ne serait rendu public.

Une note de deux pages portant les logos du FBI et du ministère de la Justice, mais non signée, indiquait que le ministère de la Justice avait déterminé qu’aucune «divulgation supplémentaire ne serait appropriée ou justifiée». Elle précisait qu’une grande partie des documents avait été mise sous scellés par un tribunal afin de protéger les victimes et que «seule une fraction» de ceux-ci «aurait été rendue publique si Epstein avait été jugé».

Il s’agissait d’un recul considérable par rapport aux déclarations précédentes de Bondi et d’autres. Cela a suscité la colère, ainsi que davantage de soupçons et de théories du complot, parmi les fidèles de MAGA.

Certaines personnalités influentes du monde MAGA, dont Loomer et Glenn Beck, ont explicitement appelé Bondi à démissionner. L’ancienne présentatrice de Fox News Megyn Kelly, aujourd’hui podcasteuse, a qualifié Bondi de «paresseuse ou incompétente».

Qu’avait dit Trump à propos d’Epstein avant son second mandat?

Dès 2019, Trump avait suggéré que la mort d’Epstein était un coup monté et avait appelé à une enquête approfondie.

En retweetant un message du commentateur conservateur et comédien Terrance K. Williams, qui suggérait que l’ancien président Bill Clinton pourrait être impliqué, Trump avait écrit qu’Epstein «avait des informations sur Bill Clinton et qu’il était maintenant mort».

Interrogé sur son retweet, Trump a répondu qu’il «exigeait» simplement une enquête approfondie, au lendemain des déclarations du ministre de la Justice de l’époque, Bill Barr, qui avait fait état de «graves irrégularités» dans la prison où Epstein était détenu.

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Dans une interview accordée en 2023, Trump a dit à Carlson qu’il pensait qu’Epstein s’était suicidé. Mais il a nuancé sa réponse en ajoutant qu’il était également «possible» qu’il ait été assassiné, une théorie à laquelle «beaucoup de gens» adhéraient selon lui.

L’année dernière, Trump a été interrogé sur Fox News pour savoir s’il allait déclassifier les documents relatifs aux attentats du 11 septembre 2001 et à l’assassinat du président John F. Kennedy en 1963, et il a répondu «oui». On lui a ensuite posé une question sur les «dossiers Epstein», et il a répondu «oui, oui, je le ferais», avant d’ajouter «je pense que ce n’est pas vraiment le cas, car on ne veut pas affecter la vie des gens si ce sont des informations fausses, car il y a beaucoup de fausses informations dans ce milieu. Mais je pense que je le ferais».

Qu’a dit Trump récemment?

Lors d’une réunion du Cabinet la semaine dernière, Trump a qualifié d’«incroyable» et de «profanation» le fait que les gens continuent de parler de «ce sale type», alors qu’il y a des questions plus urgentes à traiter, notamment les inondations catastrophiques au Texas.

Dans un message publié samedi sur les réseaux sociaux, il a exprimé son soutien à Bondi.

«Que se passe-t-il avec mes "garçons" et, dans certains cas, mes "filles"?», a écrit Trump. «Ils s’en prennent tous à la procureure générale Pam Bondi, qui fait un travail FANTASTIQUE ! Nous faisons partie de la même équipe, MAGA, et je n’aime pas ce qui se passe.»

Avec les informations d'Adriana Gomez Licon et Meg Kinnard, Associated Press