Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, est aux prises avec les répercussions d'un important scandale de corruption qui a secoué son gouvernement. Les responsables de l'Union européenne (UE) ont averti que l'Ukraine devait impérativement lutter contre la corruption, tout en assurant que l'aide financière ne serait pas interrompue, alors que Kyiv s'efforce de contenir l'invasion russe.
Le chancelier allemand, Friedrich Merz, a fait valoir les préoccupations européennes concernant la corruption en Ukraine lors d'un entretien téléphonique avec M. Zelensky jeudi.
M. Merz «a souligné que le gouvernement allemand attend de l'Ukraine qu'elle poursuive activement la lutte contre la corruption et la mise en œuvre de nouvelles réformes, notamment dans le domaine de l'État de droit», a indiqué son cabinet dans un communiqué.
M. Zelensky, selon le communiqué, a promis «une transparence totale, un soutien à long terme aux autorités anticorruption indépendantes et des mesures supplémentaires rapides afin de regagner la confiance de la population ukrainienne, des partenaires européens et des bailleurs de fonds internationaux».
Parallèlement, un porte-parole de la Commission européenne a déclaré que la découverte de ce système présumé de pots-de-vin démontrait que les efforts déployés par l'Ukraine pour lutter contre la corruption portent leurs fruits, alors que le pays s'efforce de satisfaire aux critères d'adhésion à l'UE.
«Cette enquête montre que des organes anticorruption sont en place et opérationnels en Ukraine», a indiqué Guillaume Mercier à Bruxelles.
Questions sur de hauts responsables
Après la démission, mercredi, des ministres de la Justice et de l'Énergie ukrainiens, en pleine enquête sur des allégations de corruption dans le secteur de l'énergie, le gouvernement a limogé le vice-président d'Energoatom, la compagnie nucléaire publique que les enquêteurs soupçonnent d'être au cœur du système de pots-de-vin.
L'UE et d'autres partenaires étrangers ont investi massivement dans le secteur énergétique ukrainien. La Russie a bombardé sans relâche le réseau électrique, nécessitant des réparations constantes.
Les hauts responsables d'Energoatom ont également été limogés lors de cette purge, a déclaré la première ministre Ioulia Svyrydenko mercredi soir.
«En pleine guerre, alors que l'ennemi détruit quotidiennement nos infrastructures énergétiques et que le pays subit des coupures de courant fréquentes, toute forme de corruption est inacceptable», a tonné Mme Svyrydenko dans une déclaration vidéo jeudi.
«Dans les moments les plus difficiles, notre force réside dans l'unité. Éradiquer la corruption est une question d'honneur et de dignité», a-t-elle ajouté.
Un tribunal de Kyiv a commencé à examiner les preuves présentées par les organismes anticorruption. Leur enquête de 15 mois, comprenant 1000 heures d'écoutes téléphoniques, a conduit à l'arrestation de cinq personnes et en a impliqué sept autres dans ce système qui aurait rapporté environ 100 millions $ US (140,2 $ CAN).
Tymur Mindich, copropriétaire de Kvartal 95, société de production médiatique appartenant au président Zelensky, est soupçonné d'être le cerveau de cette conspiration. On ignore où il se trouve actuellement.
L'enquête a soulevé des questions quant à ce que les plus hauts responsables du pays savaient de ce complot. Elle a également ravivé le souvenir de la tentative de M. Zelensky, l'été dernier, de restreindre les activités des organismes anticorruption ukrainiens. Il a fait marche arrière après d'importantes manifestations en Ukraine et aux pressions de l'Union européenne.
Alors que les Ukrainiens exprimaient leur colère et leur incrédulité face à ce scandale, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a annoncé jeudi que l'UE débloquerait un prêt de 6 milliards d'euros (9,8 milliards $ CAN) en faveur de l'Ukraine et a promis une aide financière supplémentaire à Kyiv.
«Nous couvrirons les besoins financiers de l'Ukraine pour les deux prochaines années», a-t-elle déclaré lors d'un discours au Parlement européen.
L'UE étudie les moyens de débloquer des fonds supplémentaires pour l'Ukraine, notamment en saisissant des avoirs russes gelés, en levant des fonds sur les marchés financiers, ou en incitant certains des 27 États membres à lever eux-mêmes les fonds.
