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L’intelligence artificielle peut jouer un rôle dans l’élaboration d’un plan financier: voici comment

«C’est un véritable assistant financier personnel.»

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710128aad6ea9b4101e208e73dd481f996cee1a10e07acf466dca17eb02659a1.jpg Le sondage Léger révèle que 85 % des répondants estiment que les gouvernements devraient réglementer les outils d'IA. Les applications DeepSeek et ChatGPT photographiées à Pékin le mardi 28 janvier 2025. Photo AP/Andy Wong (The Associated Press)

Alors que les Canadiens se tournent de plus en plus vers les agents conversationnels d’intelligence artificielle (IA) pour les aider dans leurs tâches quotidiennes, comme la planification des repas, les programmes d’entraînement et même l’élaboration d’itinéraires de vacances, certains les utilisent également pour gérer leur argent.

«C’est un véritable assistant financier personnel», explique Martin Dasko, créateur de contenu spécialisé dans les finances personnelles.

M. Dasko utilise notamment l’IA pour établir des plans d’épargne pour les vacances à venir en indiquant à ChatGPT son objectif d’épargne et en lui demandant un plan pour atteindre ce montant dans un délai précis.

«Il vous fournira un plan mensuel à suivre, explique-t-il. Tout est centralisé. (…) Vous pouvez obtenir un tableau, un graphique, et c’est plus facile que jamais.»

À l’ère de l’investissement autonome et des robots-conseillers, les dialogueurs IA sont devenus un outil incontournable pour de nombreux jeunes Canadiens pour établir des budgets et définir des objectifs financiers. Mais les experts affirment qu’il est essentiel d’avoir une bonne connaissance de ses finances pour obtenir des réponses pertinentes.

«Il faut un peu de travail pour être sûr et précis des chiffres obtenus», explique Katelyn Aitcheson, planificatrice financière chez Sun Life, à propos des agents de dialogue IA.

Cela implique de connaître les bases, comme la différence entre dépenses fixes et variables, dépenses récurrentes et ponctuelles, et même votre patrimoine net.

Un manque de nuances

Mme Aitcheson se souvient d’une cliente qui avait récemment acheté une nouvelle maison et qui s’était tournée vers un dialogueur IA génératif pour l’aider à choisir entre une assurance vie ou une assurance hypothécaire.

«Cela lui a donné un aperçu général des différences entre une assurance vie personnelle et une assurance hypothécaire», explique Mme Aitcheson. Cependant, la réponse de l’IA manquait de nuances.

Le dialogueur n’a pas indiqué à la cliente qu’elle pouvait souscrire une assurance complémentaire pour couvrir le remplacement du revenu ni qu’elle pouvait potentiellement réduire sa couverture d’assurance vie personnelle au fil du temps, précise Mme Aitcheson.

Pourtant, les dialogueurs IA trouvent leur place dans la gestion financière au quotidien.

«Pour beaucoup de gens, pouvoir accéder rapidement et facilement à des informations de base et se démarquer du reste est, je pense, très puissant», convient Mme Aitcheson.

Elle ajoute que la technologie permettait d’obtenir une répartition assez précise de l’argent alloué à des objectifs financiers, comme l’épargne-retraite ou le remboursement d’un prêt étudiant, ou du moins de mettre l’utilisateur sur la bonne voie.

M. Dasko explique que la commande la plus courante est: «Aide-moi à créer un budget mensuel avec revenus et dépenses.»

L’IA proposerait alors un style de budget parmi lequel chacun pourrait choisir, témoigne-t-il.

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M. Dasko suggère de personnaliser ensuite le plan avec des commandes telles que: «Où puis-je économiser 100 $ pour commencer à économiser davantage?» ou «Aide-moi à économiser 10 000 $ l’année prochaine», et «Quel est un plan mensuel, hebdomadaire ou trimestriel réaliste?»

Des informations sensibles

Mais il n’est pas toujours prudent de poser à l’IA des questions susceptibles de contenir des informations sensibles, avertit Jane Arnett, spécialiste de la cybersécurité chez Check Point. 

Le Canada ne dispose pas encore de législation protégeant les utilisateurs d’IA, et il est difficile de savoir comment les données sont stockées ou utilisées.

«Prenez un moment pour réfléchir: “avec ce que je mets ici, que se passerait-il si je le transmettais à quelqu’un qui essaie de me voler en ce moment ?”», soutient Mme Arnett.

«En gros, partez du principe que tout ce que vous entrez dans ces systèmes est une information publique», ajoute-t-elle.

Elle prévient également que les utilisateurs pourraient recevoir des informations erronées ou incomplètes si les instructions manquent de précision.

«Vous pourriez vous retrouver avec des conseils erronés, qui s’appliquent peut-être aux Américains, mais pas aux Canadiens, ou peut-être même obsolètes», précise-t-elle.

Mme Arnett suggère de vérifier les informations ou le plan financier fournis par le dialogueur d’IA auprès d’un conseiller financier.

«Vous en saurez plus et aurez une conversation plus approfondie avec votre planificateur financier», conclut-elle.

Ritika Dubey

Ritika Dubey

Journaliste