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Une décision qui aura tenu 24 heures.
Les vins américains resteront sur les tablettes de la Société des alcools du Québec (SAQ)... pour l'instant du moins, alors qu'un sursis de 30 jours a été annoncé lundi en début de soirée concernant les tarifs douaniers des États-Unis envers le Canada.
Le premier ministre François Legault a confirmé l'information lors d'une conférence de presse lundi en début de soirée.
Concernant les tarifs douaniers, le premier ministre a notamment déclaré: «C’est une bonne nouvelle mais, en même temps, l’incertitude reste.»
Le retrait des bouteilles de vins américains des tablettes de la SAQ avait été demandé directement par le gouvernement du Québec.
«Ce retrait vise les vins, mais également toutes les autres boissons d'alcool actuellement vendues dans les succursales de la société d’État et sur son site transactionnel», écrivait notamment le gouvernement dans le communiqué de presse annonçant la nouvelle.
L'Ontario, la Colombie-Britannique, la Nouvelle-Écosse et Terre-Neuve-et-Labrador avaient également décidé de retirer les alcools américains de leurs étalages dès mardi en réponse à l'imposition de tarifs par les États-Unis.
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Un éventuel retrait des produits américains des tablettes de la SAQ pourrait ramener les projecteurs vers les producteurs locaux, croit Mathieu Beauchemin, président du Conseil des vins du Québec (CVQ).
«Nous allons travailler à mettre de l'avant ce qui se fait localement, ce que notre industrie viticole, nos industries des alcools, produisent pour, non seulement exclure des produits, mais transformer ça en réelle opportunité de réinjecter de l'argent dans l'économie québécoise», a commenté M. Beauchemin, qui est également copropriétaire du Domain du Nival en Montérégie.
S'il devait y avoir un éventuel boycottage par la SAQ, M. Beauchemin estime que les vignerons québécois n'auraient pas la capacité de remplacer tous les vins californiens du jour au lendemain. «C'est certain qu'il y a une partie de cette consommation qui pourrait être remplacée», avance le président du CVQ.
Il souligne que la récolte 2024 a été bonne, ce qui est favorable pour la capacité de production.«On a eu au Québec une très belle récolte en général sur le dernier millésime (celui de 2024). Ce sont des vins qui vont être disponibles à partir du printemps.»
«Il y a de la capacité pour les vignerons québécois à distribuer de façon beaucoup plus importante auprès de la SAQ, si elle est prête à faire une belle place aux vins québécois sur ses tablettes.»
Il souligne que l'industrie du vin québécois est en croissance, tant pour la production que pour les ventes. «Le Québec produit environ 3,5 millions de bouteilles de vin par année. D'ici quatre à cinq ans, c'est un chiffre qui va doubler.»
M. Beauchemin aimerait que le gouvernement Legault aille plus loin qu'un simple boycottage et qu'il encourage la consommation de produits locaux comme cela a été fait en Ontario et en Colombie-Britannique.
Pour les microbrasseurs, la SAQ ne représente qu'une infime partie de leurs parts de marché, mais le mouvement en faveur de la consommation locale pourrait être favorable à l'industrie.
«Je ne pense pas que c'est cette action spécifique qui va avoir un impact au niveau des microbrasseries du Québec, mais, ceci dit, ça envoie quand même le message de l'importance d'une consommation locale», commente la directrice générale de l'Association des microbrasseries du Québec (AMBQ), Marie-Ève Myrand.
Au total, la SAQ propose pas moins de 926 produits américains, dont 715 vins. Selon le rapport annuel 2024 de la SAQ, les vins tranquilles d'origine américaine représentaient 6,8 % de part de marché. Elle était respectivement de 33,2 % et 23,3 % pour la France et l'Italie.
S'ajuster à la décision de la SAQ ne devrait pas être trop compliqué pour les restaurateurs, croit le directeur des affaires publiques et gouvernementales de l'Association Restauration Québec (ARQ), Martin Vézina.
«Je vous dirais qu'au niveau du vin, comme il existe plusieurs options de substitution, nos membres vont tout simplement regarder d'autres options. Il n'y a pas de graves conséquences», réagit M. Vézina.
Il veut cependant sensibiliser les consommateurs qui pourraient être contrariés de voir un vin californien sur la carte de vin d'un restaurant. «Laissez au moins les exploitants écouler leur stock de vin américain parce qu'ils ont acheté et payé il y a longtemps, nuance-t-il. On ne veut pas qu'ils soient pris avec ce stock-là.»
Pour les restaurants, la plus grande inquiétude est une éventuelle riposte canadienne qui toucherait les fruits et légumes importés des États-Unis. Cela pourrait exercer une pression à la hausse sur les coûts. «Pour certains produits, il n'y a pas vraiment de substitution possible.»