Si le premier ministre Mark Carney a quitté Washington sans aucune avancée significative en matière d'accords commerciaux, son approche continue de lui valoir le soutien des dirigeants de certaines des plus grandes entreprises canadiennes.
Lors d'une conférence organisée par BMO et Eurasia Group à Toronto, les chefs de la direction d'Enbridge et de CPKC ont salué l'accent mis par M. Carney sur les avantages qui résulteraient d'un accord avec les États-Unis, plutôt que de suivre une approche plus conflictuelle. La première ministre de l'Alberta, Danielle Smith, a partagé cet avis.
Le chef de la direction de CPKC, Keith Creel, a déclaré que la façon dont M. Carney a assoupli le ton et son approche plus pragmatique des négociations sont plus efficaces que la stratégie de l'ancien premier ministre Justin Trudeau.
«Je pense qu'un grand respect s'est établi entre le premier ministre Carney et le président Trump, ce qui, à mon avis, est important, voire crucial, pour la conclusion d'accords.»
Il a soutenu que le Canada et les États-Unis peuvent tous deux œuvrer pour renforcer leur pays et mener des efforts complémentaires.
Le directeur général d'Enbridge, Greg Ebel, a souligné les avantages mutuels d'une meilleure connexion, notamment dans le domaine énergétique, alors que les deux pays cherchent à renforcer leur sécurité nationale par le développement énergétique et économique.
«Il est possible de trouver des solutions gagnant-gagnant si nous agissons, a soutenu M. Ebel. Il y a beaucoup de points d'accord, mais des tactiques un peu ou très différentes pour y parvenir. Aller dans la même direction pour atteindre le même objectif doit quand même être quelque peu positif.»
Mme Smith a également salué l'approche de M. Carney, affirmant que le président américain ne se laissera pas influencer par les effets négatifs des droits de douane sur le Canada, mais seulement par ce qui correspond à ses intérêts.
«Son langage de l'amour est le suivant: laissez-moi vous dire comment je peux rendre l’Amérique encore plus grande. Laissez-moi vous expliquer comment la capacité du Canada à vous fournir des matières premières, des minéraux essentiels, de l’énergie et du gaz naturel vous permet d’exercer une domination énergétique mondiale», a expliqué Mme Smith.
Elle a dit comprendre que le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, a un point de vue différent, car les industries de la province, comme celles de l’acier et de l’automobile, sont plus directement menacées par les droits de douane actuels. Mais elle pense qu’une approche plus conciliante sera plus efficace que les menaces.
«Je n’ai jamais pensé que l'approche "elbows up" nous permettrait de parvenir à un accord avec ce président, et je crois que M. Carney commence à comprendre que cette relation et le fait de mettre de l'argent en banque nous mèneront beaucoup plus loin.»
M. Ford, qui s’exprimait également lors du sommet, a continué de plaider en faveur d’une approche plus agressive, menaçant de couper les exportations d’énergie et de ressources si les États-Unis ne renonçaient pas à leurs droits de douane.
«Si nous ne parvenons pas à un accord, nous devrons riposter avec plus de vigueur», a-t-il déclaré.
Il a ajouté qu'il ne souhaitait pas prendre de telles mesures, mais qu'il ne resterait pas les bras croisés face aux politiques de Donald Trump qui heurtent des secteurs clés de l'économie ontarienne.
«S'il veut détruire notre secteur automobile et notre secteur sidérurgique, et pour le Québec, le secteur de l'aluminium, il n'y aura pas un seul gramme de minéraux critiques exportés au sud de la frontière, pas une once d'énergie ne proviendra de l'Ontario.»
Le ministre du Commerce Canada–États-Unis, Dominic LeBlanc, a déclaré mardi que des progrès substantiels avaient été réalisés cette semaine dans les négociations à la Maison-Blanche et que les deux parties travaillaient à conclure rapidement des accords sur l'acier, l'aluminium et l'énergie.
