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Pas d’entente, mais du progrès dans les négociations entre le Canada et les États-Unis

La rencontre a été qualifiée comme étant «très positive» par le ministre Dominic LeBlanc.

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Pas d’entente, mais du progrès dans les négociations entre le Canada et les États-Unis Pas d’entente, mais du progrès dans les négociations entre le Canada et les États-Unis

La rencontre entre le premier ministre Mark Carney et le président Donald Trump mardi à la Maison-Blanche a été «très positive».

C’est ce qu’a indiqué le ministre responsable du Commerce Canada–États-Unis, Dominic LeBlanc, lorsqu’il s’est adressé à la presse.

«Il dit que les conversations avec le président Trump et son cabinet étaient vraiment positives non seulement dans le bureau ovale, mais aussi dans la salle de cabinet où ils ont travaillé, où ils ont fait assez de progrès», explique Mike Le Couteur, correspondant politique pour CTV News, en entrevue avec Noovo Info.

Toutefois, aucune entente n’a été signée entre les deux nations pour le moment.

Selon M. Le Couteur, le premier ministre n’est pas prêt à baisser les bras et auraient donné des directives à son cabinet et aux ministres qui étaient présents de continuer de négocier avec les équipes de Trump.

«Il veut avoir des ententes sur l'acier, l'aluminium et l'énergie aussi. Trois secteurs qui sont touchés par des tarifs présentement et qui souffrent», souligne le correspondant politique.

Ce voyage était politiquement sensible pour M. Carney, qui a axé sa campagne électorale sur la victoire dans la guerre commerciale avec M. Trump, un président connu pour ses attaques contre les dirigeants mondiaux, tant en public qu'en privé.

Le premier ministre a peu parlé lors de la conférence de presse et n'a pas pris la parole publiquement par la suite, à l'exception d'un court message sur X.

«Le président Trump et moi savons qu'il y a des domaines dans lesquels nos pays sont en concurrence et d'autres dans lesquels nous serons plus forts ensemble, a-t-il écrit. Nous nous concentrons sur la mise en place de ces nouvelles opportunités.»

M. Carney n'a pas répondu aux questions des journalistes alors qu'il quittait la Maison-Blanche pour d'autres rencontres privées. 

Son cabinet n'a pas confirmé les détails de la plupart de ces rencontres, mais a indiqué ultérieurement que le premier ministre avait rencontré le sénateur Mike Crapo, président de la commission sénatoriale des finances.

Une source au courant du plan, mais non autorisée à en discuter publiquement, a indiqué que M. Carney devait également assister à un souper offert par le vice-président J.D. Vance mardi soir.

Des avancées floues

Lors de la période des questions à la Chambre des communes à Ottawa mardi après-midi, le chef conservateur Pierre Poilievre a critiqué le gouvernement pour la lenteur des négociations, soulignant que M. Carney avait promis de résoudre rapidement la guerre commerciale, mais qu'il n'y avait «toujours pas de victoire».

M. Poilievre a également contesté les commentaires de M. Carney sur les investissements, notamment lorsque le premier ministre a déclaré devant Donald Trump que le Canada investirait probablement environ 1000 milliards $ aux États-Unis au cours des cinq prochaines années «si nous obtenons l’accord escompté».

Le chef conservateur a affirmé que cela impliquerait probablement «la fermeture de mines et d’usines au Canada» pour les délocaliser au sud de la frontière.

«Pourquoi est-ce que lorsque le premier ministre dîne à la Maison-Blanche, ce sont les travailleurs canadiens qui sont au menu ?», a-t-il avancé.

Le leader du gouvernement à la Chambre, Steven MacKinnon, a qualifié cette déclaration d’«absurde», affirmant que M. Carney était présent pour défendre les intérêts canadiens.

Pendant la partie publique de l’événement, Mark Carney était assis à côté de Donald Trump dans le bureau Ovale lors d'une conférence de presse décousue où le président a évoqué tout et n'importe quoi, de son aversion pour l'ancien président américain Joe Biden à sa haine des éoliennes, mais n'a fait que quelques allusions au commerce.

M. Carney a largement cédé la parole à Donald Trump, qui semblait de bonne humeur et plaisantait.

Lorsque M. Carney a qualifié Donald Trump de président «transformateur» et a énuméré ses réalisations, notamment l'obtention d'engagements sans précédent des membres de l'OTAN en matière de dépenses de défense, le président l'a interrompu pour ajouter «la fusion du Canada et des États-Unis».

«Ce n'était pas là où je voulais en venir», a répondu le premier ministre.

Le président n'a montré aucun signe de relâchement sur les droits de douane. Il a affirmé que les États-Unis souhaitaient produire leur propre acier et leurs propres automobiles et a averti que le Canada et les États-Unis avaient des conflits commerciaux «naturels».

«Les Américains ne veulent pas acheter de voitures fabriquées au Canada, a-t-il soutenu. La situation est difficile, car nous voulons fabriquer nos voitures ici. En même temps, nous voulons que le Canada réussisse dans ce secteur. Nous travaillons donc sur des formules et je pense que nous y parviendrons.»

Il a également avancé que le Canada et les États-Unis pourraient renouveler l'accord trilatéral de libre-échange nord-américain. Il a aussi suggéré que les deux pays pourraient plutôt conclure des accords séparés, sans toutefois indiquer de préférence.

Après avoir salué M. Carney comme un grand leader et un négociateur acharné, Donald Trump a déclaré à un journaliste qu'il n'avait pas encore conclu d'accord avec son gouvernement «parce que je veux être un grand homme, moi aussi».

Des attentes élevées

Les premiers ministres ont souhaité bonne chance à Mark Carney avant la rencontre, mais ont également exprimé leur frustration face à la persistance des droits de douane américains.

Le premier ministre de l'Ontario, Doug Ford, a déclaré peu avant le début de la réunion que, si Mark Carney ne parvenait pas à un accord pour mettre fin aux droits de douane sectoriels américains, Ottawa devrait commencer à riposter vigoureusement par des mesures de rétorsion.

«On ne peut surtout pas rester les bras croisés et se faire tabasser par un tyran tous les jours. C'est comme un enfant qui va à l'école et se fait frapper au visage tous les jours. Il est temps de riposter, s'il ne parvient pas à conclure un accord», a indiqué M. Ford aux journalistes à Toronto.

«Peut-être que le premier ministre Carney sait quelque chose que j'ignore, et si c'est le cas, il devrait s'asseoir avec les premiers ministres et leur expliquer cela», a-t-il ajouté.

La première ministre de l'Alberta, Danielle Smith, estime que la visite du premier ministre à Washington était une bonne idée pour «renforcer les relations», car les accords commerciaux peuvent progresser simplement grâce à «une bonne relation personnelle entre les dirigeants».

À voir dans la vidéo.

- Avec des informations de La Presse canadienne

Marie-Christine Bergeron

Marie-Christine Bergeron

Cheffe d'antenne