Des milliers de passagers sont confrontés à une nouvelle journée de perturbations de leurs voyages lundi, les agents de bord d’Air Canada poursuivant leur grève commencée samedi malgré l’ordre de retour au travail du Conseil canadien des relations industrielles (CCRI).
Lundi matin, des foules se pressaient autour du personnel des aéroports de Toronto et de Montréal, espérant trouver des alternatives aux vols annulés et obtenir plus d’informations sur les annulations de dernière minute.
À Montréal, Marouan Ait Ben Abdallah a témoigné avoir passé sa toute première nuit au Canada à dormir à l’aéroport.
Arrivé du Maroc dimanche, il devait faire escale à Montréal avant de décoller pour Winnipeg, où il commencera un nouvel emploi. Mais lundi, il cherchait toujours un moyen de se rendre à destination.
Il a essayé à plusieurs reprises d’obtenir de l’aide des employés de l’aéroport, sans succès.
«Ils me répondent les mêmes phrases. (...) Que la seule solution c’est d’acheter un billet à 1500 $ ou 1600 $», a-t-il déploré.
«Je n’ai aucune idée de ce qui se passe», a-t-il ajouté, affirmant ne pas être au courant de ce conflit de travail.
Luca Pozzoli, pour sa part, tente de se rendre en Italie, mais son vol a été annulé peu après son arrivée à l’aéroport de Montréal.
«Tout est complet, nous envisageons donc d’aller à Boston (…) en voiture, puis de prendre l’avion demain», a-t-il expliqué.
À Toronto, John et Lois Alderman ont indiqué qu’Air Canada leur avait annoncé qu’ils pourraient être bloqués dans la métropole pendant quatre à cinq jours supplémentaires, en attendant leur vol de retour pour Manchester, au Royaume-Uni.
«Je suis diabétique et je vais manquer d’insuline dans environ quatre jours, a expliqué M. Alderman à l’aéroport international Pearson. Cela va poser problème.»
Le couple a confié se sentir comme des «prisonniers à l’hôtel» avec leurs deux adolescents, hésitant à faire du tourisme de peur de recevoir un courriel de la compagnie aérienne annonçant un vol de dernière minute.
La chambre d’hôtel leur coûte environ 700 $ par nuit, et un vol de retour avec une compagnie concurrente coûterait plus de 8000 $ pour les quatre.
La situation était plus calme à l’aéroport de Vancouver, qui a demandé aux anciens passagers d’Air Canada de ne pas se présenter sans vol confirmé.
Ulla Clozza se préparait à prendre un vol pour Copenhague afin d’assister à un mariage familial. Cette femme de 69 ans a déclaré qu’elle et son mari Dale Clozza devaient initialement prendre un vol Air Canada samedi, mais que leur agent de voyage avait réussi à leur trouver des places sur un vol Swiss Air.
Des voyageurs sympathisent
Air Canada avait prévu reprendre ses vols dimanche, mais la décision du syndicat de poursuivre la grève malgré l'ordre du CCRI l'en a empêchée. La compagnie aérienne a estimé lundi que quelque 500 000 clients avaient vu leurs vols annulés en conséquence.
La compagnie aérienne a annoncé lundi que tous les vols d'Air Canada et d'Air Canada Rouge resteraient suspendus jusqu'à 16 heures mardi.
Le premier ministre Mark Carney s’est dit déçu lundi qu’Air Canada et le syndicat n’aient pas réussi à conclure une entente après huit mois de négociations, et a exhorté les deux parties à résoudre rapidement la situation.
Il a également déclaré qu’Ottawa reconnaissait le «rôle essentiel que jouent les agents de bord pour assurer la sécurité des Canadiens et de leurs familles pendant leurs voyages», ajoutant qu’il était «important qu’ils soient rémunérés équitablement en tout temps».
Malgré le chaos des voyages, certains passagers ont exprimé leur sympathie pour les agents de bord en grève et ont dit qu’ils devaient être traités équitablement.
«Je pense que c’est important. Si vous êtes ici pour faire votre travail et que vous l’avez déjà commencé, vous devriez être payés pour cela», a déclaré Lisa Smith à l’aéroport de Montréal.
Mme Smith et Nicole Power, deux sœurs de Terre-Neuve, ont expliqué qu’elles étaient en visite à San Francisco et qu’on leur avait initialement dit il y a deux jours que leur vol de retour avec Air Canada ne serait pas affecté.
Selon Mme Smith, on leur a ensuite annoncé dimanche que le vol était annulé et qu’Air Canada les a placées sur un vol concurrent, mais qu’elles resteront bloquées à Montréal jusqu’à mercredi avant de pouvoir retourner sur la côte est.
«Air Canada nous a réservé gratuitement de nouveaux billets, mais ne nous indemnise pas pour les hôtels, le transport jusqu’à notre hôtel et les repas», a-t-elle expliqué.
— Avec des informations de Miriam Lafontaine à Montréal, Rianna Lim et Natasha Baldin à Toronto et de Brieanna Charlebois à Vancouver.