Économie

Les nouvelles mesures stimulent le marché intérieur, selon l'industrie sidérurgique

Mis à jour

Publié

3b6b6e4f7d057837938b3082207f8de27c49f8cee901adf52907e76af3dbd050.jpg Un sidérurgiste travaille à l'usine sidérurgique ArcelorMittal Dofasco à Hamilton, en Ontario, le mercredi 12 mars 2025. LA PRESSE CANADIENNE/Nathan Denette (Nathan Denette/Nathan Denette | La Presse canadienne)

La présidente et cheffe de la direction de l'Association canadienne des producteurs d'acier estime que le programme de mesures prises par le premier ministre Mark Carney pour stimuler le marché intérieur face aux droits de douane américains est sur la bonne voie, mais comporte un élément décevant. 

M. Carney a annoncé mercredi de nouvelles mesures pour aider les producteurs d'acier et de bois d'œuvre à trouver de nouveaux débouchés au Canada.

Ces mesures comprennent un renforcement des quotas d'importation d'acier étranger et une promesse de réduction des frais de fret pour les matériaux transportés par voie ferroviaire aux frontières provinciales.

Catherine Cobden, présidente et cheffe de la direction de l'Association canadienne des producteurs d'acier, a souligné jeudi que ces mesures constituent un pas dans la bonne direction pour un secteur qui a désespérément besoin d'un allègement face aux droits de douane de 50 % imposés par les États-Unis plus tôt cette année.

«Ces nouvelles mesures compenseront-elles les pertes subies en raison des droits de douane américains? Probablement pas entièrement, mais elles nous offriront au moins un avenir bien meilleur que celui qui se profile à l'horizon», a-t-elle déclaré en entrevue.

Mme Cobden s'est dite déçue de l'annonce par Ottawa d'une deuxième prolongation du programme de remise de droits de douane pour certains importateurs d'acier des secteurs clés, ce qui atténue l'impact des droits de douane de rétorsion imposés par Ottawa sur l'acier américain.

Annoncé en avril, ce programme s'applique à l'acier utilisé dans les secteurs de la fabrication, de l'alimentation et des boissons et de l'agriculture.

Devant initialement prendre fin à la mi-octobre, le programme avait déjà été reporté une première fois au 15 décembre, puis prolongé de nouveau mercredi jusqu'au 31 janvier prochain.

M. Carney a soutenu que les entreprises canadiennes ont besoin de temps pour réorienter leurs chaînes d'approvisionnement et réduire leur dépendance aux États-Unis, mais il a également reconnu mercredi que le programme d'exemption ne peut pas durer indéfiniment.

Un haut fonctionnaire du gouvernement a indiqué lors d'un point de presse avant l'annonce du premier ministre mercredi que la prolongation jusqu'au 31 janvier serait la dernière.

«Nous veillerons à ce qu'ils respectent cette promesse», a affirmé Mme Cobden.

Un marché intérieur primordial

Elle a ajouté qu'il est «extrêmement important» pour les producteurs d'acier canadiens d'avoir un meilleur accès au marché intérieur, toujours approvisionné par les États-Unis près d'un an après le début du différend tarifaire.

En juillet, Ottawa a instauré des quotas sur les importations d'acier, des restrictions plus strictes s'appliquent aux pays qui n'ont pas d'accords de libre-échange avec le Canada, mais Mme Cobden a avancé que ces mesures étaient «loin d'être suffisantes» pour inciter les importateurs à privilégier l'acier canadien.

Il existe une surproduction mondiale d'acier, a expliqué Mme Cobden, ce qui limite la capacité du Canada à exporter son acier vers de nouveaux marchés étrangers et oblige les entreprises canadiennes à se tourner vers le marché intérieur.

Mme Cobden a soutenu que le durcissement des quotas et les nouveaux droits de douane ciblant les produits dérivés de l'acier contribueront à protéger le marché intérieur.

Le Canada n'est pas le seul à avoir instauré des quotas. L'Union européenne fait partie de ceux qui imposent des limites à la quantité d'acier pouvant entrer dans l'Union en franchise de droits de douane, en raison des craintes de surcapacité sur le marché mondial.

M. Carney a présenté ces mesures comme faisant partie d'une transformation plus vaste des chaînes d'approvisionnement en acier, visant à réduire la dépendance au secteur automobile américain au profit des infrastructures, de la construction résidentielle et des projets de défense nationaux.

Il a affirmé que le resserrement des quotas d'acier ouvrirait des débouchés commerciaux de plus d'un milliard $ pour les entreprises canadiennes.

Mme Cobden s'est également dite satisfaite de la mise en place d'une équipe à l'Agence des services frontaliers du Canada chargée de lutter contre le dumping d'acier, soit l'inondation du marché par des produits bon marché qui font concurrence déloyale aux entreprises nationales.

Les producteurs d'acier canadiens fabriquent déjà 80 % des différents types de produits sidérurgiques importés par le Canada l'an dernier, a indiqué Mme Cobden, et les 20 % restants, non produits au pays, ne sont pas assujettis aux quotas d'acier étranger.

Ottawa commencera également à subventionner les frais de fret pour les expéditions de bois d'œuvre et d'acier traversant les frontières provinciales, ce qui, selon Mme Cobden, pourrait contribuer à renforcer la compétitivité de l'acier canadien face à la surabondance d'acier mondial et à l'afflux continu de produits américains.

«Le changement consiste simplement à passer d'un axe nord-sud à un axe est-ouest», a-t-elle précisé.

Craig Lord

Craig Lord

Journaliste