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«Les parties ont accepté ma proposition et j’ai nommé un médiateur ce matin» - Jean Boulet
Alors que la grève à la Société de transport de Montréal (STM) en est à sa troisième journée, mercredi, le gouvernement du Québec a nommé un médiateur dans l’espoir de mettre fin le plus rapidement possible au conflit de travail qui perturbe l’ensemble du réseau.
«Les parties ont accepté ma proposition et j’ai nommé un médiateur ce matin. Celui-ci aura pour mandat de rétablir un dialogue propice à la négociation, ainsi que d’apaiser les tensions entre les parties», a annoncé le ministre du Travail, Jean Boulet, sur le réseau social X.
«J’encourage les représentants de la STM et de la CSN à participer à ce processus de recherche de solutions de manière intensive. Assurer la continuité du transport en commun, c’est protéger l’accès au travail, aux soins de santé et à l’éducation pour des milliers de Montréalaises et de Montréalais», a-t-il ajouté.
Le mandat du médiateur Gaston Boutin est déjà commencé. Cet intermédiaire neutre est entré en communication dès mercredi après-midi avec les deux parties «pour amorcer le processus de dialogue, qu’on voudra le plus constant possible, parce qu’il faut éviter les tensions qui génèrent des grèves de cette nature-là».
«Une grève, c’est pour exercer de la pression sur un employeur, mais, dans le contexte du transport en commun à Montréal, ce sont des répercussions tellement négatives pour les usagers, les étudiants, les familles, les parents. Il faut s’assurer de protéger ce service, qui est tellement important à Montréal.»
Il dit avoir «totalement confiance» dans les capacités du médiateur «d'accompagner convenablement les parties pour qu'elles puissent trouver un terrain d'entente avec son aide, souhaitons-le dans les meilleurs délais possibles».
Il invite les deux parties à négocier «de bonne foi» et «avec diligence». Il voit d’une «manière extrêmement positive» le fait que l’employeur et le syndicat aient accepté sa proposition de faire appel à une tierce partie.
Si le conflit perdure, il n’exclut cependant pas le recours à une loi spéciale pour forcer le retour au travail des 2400 employés d'entretien de la STM.
«On n’exclut rien, mais il faut y aller étape par étape. On respecte ce qui se passe actuellement. Le but, c’est d’accompagner les parties, de leur permettre d’accéder aux services d’une personne neutre qui a l’expertise, qui va les amener dans un processus de recherche de solutions. Je suis contraint, à ce stade-ci, de faire confiance aux parties. On verra, mais on ne pourra pas tolérer des impacts si dommageables pour la population», a-t-il expliqué.
Le député de Trois-Rivières n'a toutefois pas donné d’échéancier précis. «Je vais laisser les parties travailler avec le médiateur. On va voir comment ça évolue. Je n’impose pas de délai. L’important, c’est que ça avance et que les tensions soient moins aiguës», a-t-il soutenu.
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Depuis lundi, la grève limite le service d'autobus et de métro aux heures de pointe du matin et de l'après-midi, ainsi qu'en toute fin de soirée.
Le service régulier sera maintenu de vendredi à dimanche en raison du Grand Prix du Canada de Formule 1, mais il sera restreint les autres jours jusqu'à la fin de la grève, le 17 juin.
M. Boulet considère que «ce n’est pas suffisant». «Même si le transport en commun est partiellement paralysé, ça paralyse la vie de tellement de personnes qui se sentent, et je le comprends, prises en otage dans le contexte actuel», a-t-il déclaré.
D’ailleurs, si la loi 89 – qui limite le droit de grève et élargit les services essentiels – était déjà en vigueur, elle pourrait s’appliquer au conflit entre la STM et le Syndicat du transport de Montréal-CSN, a-t-il souligné.
«C’est sûr que la loi 89 pourrait avoir un impact dans le dossier actuel. (...) Elle pourrait imposer aux parties de maintenir des services au-delà des services essentiels que nous connaissons depuis trois jours à Montréal. Et le deuxième mécanisme, qui est vraiment de dernier recours, ce serait de déférer un arbitre de différend pour mettre fin au conflit, après que le processus de médiation ait été infructueux.»
À son avis, «le conflit actuel donne une certaine légitimité à l'adoption de la loi 89, qui vise à considérer davantage les besoins de la population dans le cas d’une grève ou d’un lock-out».
Le syndicat affirme que les négociations sont au point mort sur des questions comme le recours à la sous-traitance et les horaires, en particulier ceux des équipes de nuit.
M. Boulet a confirmé qu’«on n’est pas rendu aux aspects monétaires». «Le processus de négociation n’est pas si avancé que ça. Il y a encore beaucoup d'aspects normatifs et des aspects normatifs à incidence monétaire à négocier. Les horaires, les mouvements de main-d'œuvre et la sous-traitance, il faut que ça avance», a-t-il énuméré.
Trajectoire Québec, une association vouée à la défense des usagers des transports collectifs, a salué, dans un communiqué de presse, «l’arrivée d’un médiateur afin d’en venir à une entente pour éviter de nouvelles grèves qui se feraient encore une fois sur le dos des usagers et usagères des transports collectifs».
L’organisme dénonce les conséquences de la grève à la STM. «Cette cessation de service a des conséquences importantes sur les usagers et usagères, particulièrement les plus vulnérables, qui n’ont pas d’autres options de transport pour se déplacer. Plusieurs usagers et usagères rapportent notamment être arrivés en retard à leur travail ainsi qu’avoir eu à reporter des rendez-vous médicaux.»
Le fait que le service sera de retour à la normale durant le week-end du Grand Prix de Formule 1 irrite grandement Trajectoire Québec.
«Le transport collectif est un service essentiel, mais les horaires offerts ne sont pas suffisants, d’autant plus qu’il n’y aura aucune baisse de service pour les personnes plus fortunées qui souhaitent payer pour voir des voitures tourner en rond en polluant. On se questionne sur ce que nous considérons comme essentiel dans notre société», affirme le porte-parole et codirecteur général, Philippe Jacques.
Il se dit «sidéré de constater que les amateurs de Formule 1 auront droit à un service complet d’autobus et de métro, et que les Montréalais et Montréalaises n’auront pas droit au même service les journées d’avant et d’après».
Le ministre Boulet croit quant à lui que «la trêve s'imposait en raison de la congestion extrêmement importante que ça aurait provoquée; ça aurait été chaotique».