Un rapport des services de renseignement américains suggère que le programme nucléaire iranien n'a perdu que quelques mois de progrès à la suite des frappes américaines, selon deux sources proches du dossier. Il n'a donc pas été «complètement et entièrement anéanti», comme l'a affirmé le président Donald Trump.
Le rapport publié lundi par l'Agence de renseignement de la Défense contredit les déclarations de M. Trump et du premier ministre israélien Benjamin Netanyahou concernant l'état des installations nucléaires iraniennes. Selon ces sources, le rapport révèle que, si les frappes de dimanche sur les sites nucléaires de Fordo, Natanz et Ispahan ont causé des dégâts importants, les installations n'ont pas été totalement détruites. Ces personnes n'étaient pas autorisées à s'exprimer publiquement sur le sujet et ont requis l'anonymat.
Les États-Unis espèrent reprendre les négociations avec l'Iran pour le convaincre d'abandonner totalement son programme nucléaire, mais certains experts craignent que les frappes américaines – et la possibilité que l'Iran ait conservé certaines de ses capacités – ne poussent Téhéran à développer une arme opérationnelle.
Le rapport suggère également qu'au moins une partie de l'uranium hautement enrichi iranien, nécessaire à la fabrication d'une arme nucléaire, a été retirée de plusieurs sites avant les frappes américaines et a survécu. Il a également révélé que les centrifugeuses iraniennes, nécessaires à l'enrichissement de l'uranium à des niveaux de qualité militaire, sont en grande partie intactes, selon les sources.
À l'usine souterraine d'enrichissement d'uranium de Fordo, où des bombardiers furtifs américains B-2 ont largué plusieurs bombes anti-bunker de 13 600 kg, l'entrée s'est effondrée et les infrastructures ont été endommagées, mais les installations souterraines n'ont pas été détruites, selon le rapport. Les sources ont indiqué que les services de renseignement avaient mis en garde contre une telle issue lors de précédentes évaluations avant la frappe de Fordo.
La Maison-Blanche réfute
La Maison-Blanche a fermement réfuté l'évaluation de l'Agence de renseignement, affirmant qu'elle est «totalement erronée».
«La fuite de ce prétendu rapport est une tentative manifeste de dénigrer le président Trump et de discréditer les courageux pilotes de chasse qui ont mené une mission parfaitement exécutée pour anéantir le programme nucléaire iranien», a soutenu Karoline Leavitt, attachée de presse de la Maison-Blanche, dans un communiqué. «Tout le monde sait ce qui se passe lorsqu'on largue quatorze bombes de 13 600 kg parfaitement sur leurs cibles: un anéantissement total.»
M. Trump a déclaré dans des commentaires et des publications sur les réseaux sociaux ces derniers jours, y compris mardi, que la frappe avait «totalement détruit» les sites iraniens et que l'Iran ne reconstruirait jamais ses installations nucléaires.
M. Nétanyahou s'est exprimé mardi dans une déclaration télévisée: «Pendant des dizaines d'années, je vous ai promis que l'Iran ne posséderait pas d'armes nucléaires et, en effet, nous avons conduit à la ruine le programme nucléaire iranien.»
Les analyses du rapport des services de renseignement ont été initialement rapportées mardi par CNN.
Des experts extérieurs soupçonnaient l'Iran d'avoir déjà dissimulé les composants essentiels de son programme nucléaire, craignant l'utilisation de bombes anti-bunker américaines sur ses sites nucléaires.
Des camions visibles sur des images satellite prises quelques jours avant les frappes ont alimenté les spéculations des experts selon lesquelles l'Iran aurait transféré son stock d'une demi-tonne d'uranium enrichi vers une destination inconnue. La destruction incomplète des sites nucléaires pourrait encore laisser au pays la capacité de produire de l'uranium de grade militaire et de développer une bombe.
L'Iran a maintenu que son programme nucléaire était pacifique, mais il a enrichi des quantités importantes d'uranium au-delà des niveaux requis pour une utilisation civile. Les États-Unis et d'autres pays avaient estimé, avant les frappes américaines, que les dirigeants iraniens n'avaient pas encore ordonné au pays de se doter d'armes nucléaires opérationnelles, mais le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique a averti à plusieurs reprises que l'Iran disposait de suffisamment d'uranium enrichi pour fabriquer plusieurs bombes nucléaires s'il décidait de le faire.
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