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Les caquistes veulent interdire aux personnes de cacher leur visage en public

Au Québec, depuis 2017, une loi prévoit que les services doivent être donnés et reçus à visage découvert, mais les caquistes veulent aller beaucoup plus loin.

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Le ministre québécois responsable de l'Immigration, de la Francisation et de la Laïcité, Jean-François Roberge, répond à l'opposition lors de la période de questions à l'Assemblée nationale à Québec, le mardi 8 avril 2025. Le ministre québécois responsable de l'Immigration, de la Francisation et de la Laïcité, Jean-François Roberge, répond à l'opposition lors de la période de questions à l'Assemblée nationale à Québec, le mardi 8 avril 2025. (Jacques Boissinot/La Presse canadienne)

Le gouvernement Legault songe à interdire en tout temps de se masquer le visage dans l'espace public.

Les militants ont adopté une propositions en ce sens samedi au congrès de la Coalition avenir Québec (CAQ), à Gatineau, et le gouvernement a laissé entendre qu'il y réfléchira. 

Des pays comme la France, la Belgique et le Danemark interdisent d'avoir le visage voilé dans l'espace public. 

Au Québec, depuis 2017, une loi prévoit que les services doivent être donnés et reçus à visage découvert, mais les caquistes veulent aller beaucoup plus loin.

«C'est une proposition qu'il faut étudier, ne serait-ce que pour des raisons de sécurité», a affirmé le premier ministre François Legault en mêlée de presse samedi après-midi, en refusant de dire s'il était personnellement favorable. 

Ses militants y ont plutôt vu un enjeu de laïcité.

La proposition d'origine visait d’abord à interdire de manifester avec le visage masqué, mais un militant de l'aile jeunesse a déposé un amendement pour élargir l’interdiction de se masquer le visage en tout temps, dans le but d’imposer la laïcité dans l’espace public.

«Au-delà de la question de sécurité, c'est aussi une question de principe, a plaidé Benjamin Archambault, de la circonscription de Saint-François. Dans une société libre et égalitaire, on ne peut pas accepter que certaines femmes soient cachées jusqu'aux yeux derrière un voile intégral. Nous demandons déjà les visages découverts pour obtenir un passeport pour passer un examen ou pour conduire. Pourquoi fera-t-on une exception dans l'espace public?»

L'amendement a été adopté par une courte marge, 152 contre 150, et le ministre responsable de la Laïcité, Jean-François Roberge, a même voté en sa faveur. 

Juste avant, au micro, il avait laissé entendre qu'il était «normal qu'on se pose la question», que ce soit pour la «sécurité» ou le «vivre-ensemble».

En mêlée de presse après le débat, il a laissé entendre que le gouvernement devait en discuter et réfléchir aussi aux conséquences juridiques.

«Il y a une question de vivre-ensemble. On se regarde, on se connaît, la communication, ce n'est pas seulement directement par les mots, donc il y a une question d'interaction. Ceci dit, ça soulève des enjeux qui doivent être étudiés sérieusement d'un point de vue des droits et libertés.»

Mais quel est précisément l'enjeu, le problème, en ce qui concerne les femmes qui portent le voile?

«Votre question est intéressante, si j'avais la réponse, je vous la donnerais aujourd'hui», a répondu M. Roberge. 

Il a reconnu du même souffle que des exceptions devraient être autorisées si jamais une loi devait être adoptée.

«Je comprends qu'il y a toutes sortes de situations où il est légitime de voiler son visage», a-t-il admis. 

Il a évoqué notamment les cas des soudeurs, des policiers de l'anti-émeute, de l'Halloween, de certains festivals, des conditions météorologiques, etc. 

Mais il est encore «beaucoup trop tôt» pour confirmer que l'interdiction de cacher son visage dans l'espace public sera intégrée dans le futur projet de loi qui doit renforcer la laïcité et interdire les prières dans les rues, a précisé M. Roberge.  

«Il y a des pour et des contre, on va regarder ça ensemble», a argué M. Legault.

Il y voit une question de sécurité, mais reconnaît qu'il faut davantage se documenter. 

«Est-ce qu'il y a des gens inquiets quand ils voient une personne qui est complètement méconnaissable sur la rue? Il y a la sécurité, mais aussi l'impression de sécurité.» 

Et en même temps, l'interdiction pourrait aussi se justifier en vertu de la laïcité et des études que pourrait mener M. Roberge pourraient y contribuer, a ajouté le premier ministre.

«Ce n'est pas une secte, la CAQ, on est capable d'avoir des débats», a conclu M. Legault.

Patrice Bergeron

Patrice Bergeron

Journaliste