Des délégués caquistes réunis en congrès samedi à Gatineau ont appelé leur chef François Legault à réfléchir à son avenir, une première dans l'histoire du parti.
«Il a fait son temps, a asséné en mêlée de presse Alain Charlebois, de la circonscription de Laporte. Il est temps de prendre quelqu'un d'autre, (...) peut-être Ian Lafrenière ou Christian Dubé.»
Le député de Beauce-Nord, Luc Provençal, a même confié que la moitié de ses commettants souhaiteraient voir le premier ministre quitter son poste avant la fin du mandat.
«Je vous dirais que c'est 50-50», a-t-il affirmé juste avant le début des travaux. Lui estime toutefois, tout comme le militant Jacques Gourde, de Mégantic, que François Legault est encore l'homme de la situation.
«Ça va être difficile, mais il reste un an. Il y a des annonces, des choses qui vont se faire. La population va se rendre compte que c'est un gars d'économie», a dit M. Gourde.
«Tout le monde est capable de lire les sondages, est intervenu Louis Fortier, de La Prairie. Il y a moins de gens qui assistent à nos rencontres. Il y a une baisse de la ferveur. Il y a des gens qui ont des doutes.»
Selon la déléguée Maryse Labonté, de Mégantic, ce sont les attaques négatives des adversaires qui ont fini par nuire à François Legault.
«Il a eu une mauvaise année. Ce que j'ai observé, c'est que ça a commencé dans le deuxième mandat. En partant, on a attaqué M. Legault. (...) Chaque jour, il arrivait toujours de quoi de négatif.»
Si des élections générales avaient lieu aujourd'hui, la CAQ ne remporterait aucun siège, selon l'agrégateur de sondages Qc125, qui accorde une victoire éclatante au Parti québécois.
«Moi, je ne crois pas ça», a affirmé Luc Paquin, de Taschereau, au sujet de la mort anticipée de la CAQ.
À son arrivée au congrès samedi matin, M. Legault a reçu un accueil positif, mais loin de l'accueil triomphal qu'on lui réservait autrefois. «La Presse» venait de révéler que six présidents d'associations demandaient son départ.
En point de presse, M. Legault a rétorqué avoir dîné avec une centaine de ses 125 présidents d'association, puis avoir reçu «un très bon soutien de tous (ceux) qui étaient présents».
«Il n'y en a aucun qui a demandé mon départ. Ils comprennent bien que ce n'est pas toujours facile, la politique», a-t-il relaté.
«Ils m'ont parlé entre autres de comment on fait (...) pour mieux faire connaître nos bons coups auprès des journalistes. J'ai dit que j'étais très ouvert aux suggestions», a-t-il ajouté.
Un congrès sous le thème de la loi et l'ordre
Plusieurs congressistes ont dit voir d'un bon œil le virage à droite entrepris par la CAQ pour tenter de remonter la pente, un nécessaire retour aux sources, selon le militant Louis Fortier.
«C'est un retour à (...) ce qui avait amené la CAQ au pouvoir. Je vois ça positivement. J'ai l'impression qu'il y a des gens qui disent: "Heille! C'est pour ça qu'on a voté"», a-t-il observé.
En assemblée, les caquistes ont d'ailleurs adopté plusieurs résolutions sous le thème de la loi et l'ordre. Ils ont notamment dit vouloir interdire en tout temps de se masquer le visage dans l'espace public.
Ils ont aussi voté pour la création de zones tampons afin d'éloigner les manifestants de certains lieux dits sensibles, comme les écoles, les lieux de culte et les bureaux de circonscriptions.
Les caquistes veulent également sanctionner la possession d'objets dangereux lors de rassemblements, et interdire les campements sur des lieux publics ou privés, comme les universités.
Il a en outre été question de mettre en place un registre public des délinquants sexuels et de réformer le régime de libérations conditionnelles du Québec.
Sur le front économique, les délégués ont notamment voté pour la création d'un «corridor nordique d'exportation», soit une nouvelle voie de transport à travers le nord pour rejoindre les marchés européens.
Ces propositions s'inscrivent dans la foulée du discours prononcé par François Legault lors de la présentation de son nouveau conseil des ministres il y a deux semaines.
Le premier ministre s'est alors fait le défenseur de la loi et de l'ordre et a dit vouloir assurer la sécurité des citoyens.
Le gouvernement peut choisir de donner suite, ou non, aux résolutions adoptées lors d'un congrès des membres.
- Avec la collaboration de Patrice Bergeron pour La Presse canadienne

