Environnement

La CAQ recule sur l'interdiction des véhicules neufs à essence à compter de 2035

Désormais, le gouvernement fixe plutôt la cible à 90 % de ventes de véhicules électriques.

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En caucus présessionnel à Gatineau, François Legault se compare à René Lévesque CAQ: en caucus présessionnel à Gatineau, le premier ministre François Legault se compare à René Lévesque.

Le gouvernement Legault recule sur l'interdiction totale de la vente de véhicules neufs à essence à partir de 2035.

Les constructeurs qui ont fait pression sur le gouvernement seront donc autorisés à continuer à écouler des véhicules à essence jusqu'à un maximum de 10 % de leurs ventes annuelles.

«Oui, on allège, oui, on assouplit», a reconnu le ministre de l'Environnement, Bernard Drainville, en mêlée de presse vendredi, en marge de la réunion du caucus de son parti à l'hôtel Hilton de Gatineau.

Il a ainsi annulé la décision de son prédécesseur, Benoit Charette, et s'aligne sur le chef conservateur Éric Duhaime, qui faisait campagne depuis des mois contre l'interdiction totale des véhicules thermiques.  

La réglementation prévue par M. Charette visait à ne vendre que des véhicules 100 % électriques à compter 2035 afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) du Québec et atteindre ainsi l'objectif zéro émission, la carboneutralité, d'ici à 2050. 

Mais l'élection du président Donald Trump a tout effacé, a justifié M. Drainville.  

«Trump a fait sauter toute politique visant à électrifier le marché de l'auto aux États-Unis», a-t-il plaidé, en précisant que sa nouvelle réglementation sera déposée prochainement. 

Il a reconnu que sa nouvelle orientation retardera l'objectif de réduire la pollution atmosphérique au Québec. 

«Il est trop tôt pour le dire, mais ça aura un impact», a-t-il concédé.

Il a confirmé que les consultations sur la nouvelle cible de réduction de GES auront bel et bien lieu cette année, comme le prévoit la loi, à tous les cinq ans. 

Désormais, le gouvernement Legault fixe plutôt la cible à 90 % de ventes de véhicules électriques en 2035, mais en incluant aussi les véhicules hybrides rechargeables. 

En vertu des règles actuelles, des crédits sont attribués pour chaque modèle de véhicule et un constructeur doit accumuler un certain nombre de crédits pour une année modèle donnée.

Un calcul en fonction des ventes permet de déterminer un pourcentage que les constructeurs doivent atteindre.

Le recul du gouvernement Legault a été mal reçu par l'opposition et les groupes écologistes. 

«Comment le gouvernement peut-il se justifier, en pleine crise climatique, de contraindre le Québec à l’essence?» a demandé le député Alexandre Leduc, de Québec solidaire.

«En 2025, reculer sur l’interdiction des véhicules à essence revient à condamner notre avenir», a-t-il ajouté, par voie de communiqué.

«C’est une décision de l’industrie automobile, pour l’industrie automobile», a dénoncé le directeur des relations gouvernementales à Équiterre, Marc-André Viau. 

«Une chose est sûre, ça ne bénéficiera pas à la population québécoise et ça ne fera assurément pas baisser le prix des véhicules.»

Rappelons que le secteur des transports est le plus polluant au Québec, selon l'inventaire de GES publié en 2021.

Le transport routier, excluant les autres types de transport donc, représente 31 % des émissions de GES du Québec, soit 24 millions de tonnes d’équivalent CO2.