Alors qu'une deuxième grève des employés d'entretien de la Société de transport de Montréal (STM) commençait, lundi matin, le ministre du Travail, Jean Boulet, leur a reproché de prendre en otage les usagers du transport en commun.
«La grève du personnel d’entretien de la STM prend de nouveau en otage les personnes qui dépendent du transport collectif. Plusieurs se retrouvent encore une fois contraints de trouver en urgence des solutions alternatives», a écrit le ministre du Travail sur X, lundi midi.
La STM effectue 1,1 million de déplacements par jour. Elle exploite une flotte de 1849 autobus et 999 voitures de métro.
Les 2400 membres du syndicat des employés d'entretien, rattaché à la Fédération des employé(e)s des services publics, affiliée à la CSN, ont entamé lundi une nouvelle grève, cette fois d'une durée de 14 jours. Elle prendra fin le 5 octobre.
Celle-ci prend la forme d'un refus de faire des heures supplémentaires durant les 14 jours. À cela s'ajoutent des interruptions de services du métro et des autobus les lundis, mercredis et vendredis, avec des services essentiels maintenus durant les heures de pointe du matin, de fin d'après-midi et de fin de soirée.
La direction de la société de transport a indiqué avoir amélioré ses façons de communiquer avec la clientèle, depuis la première grève du même syndicat, du 9 au 17 juin, où il y avait eu une certaine confusion.
Les informations sont plus détaillées sur son site www.stm.info/greve. Aussi, davantage de personnel a été mis à la disposition des usagers pour donner des informations, dans les stations de métro.
«Blitz» de négociation
Bonne nouvelle: les parties ont convenu de lancer une phase intensive de négociation. Cinq jours sont prévus cette semaine, a précisé le président du syndicat, Bruno Jeannotte, au cours d'un point de presse, lundi matin.
«Le 11 juin dernier, j’ai nommé un médiateur pour accompagner les parties afin de conclure une entente. Il est impératif que les négociations se poursuivent intensément afin de minimiser les répercussions sur la population», a fait savoir le ministre Boulet.
Par ailleurs, le président du syndicat s'est défendu de prendre les usagers du transport en commun en otage. Il dit se battre «pour un service public fiable» et le maintien de l'expertise à la STM.
Le litige porte principalement sur les salaires et le recours à la sous-traitance.
Coincée dans une situation financière difficile, la STM offre 12,5 % sur cinq ans à l'ensemble de ses employés.
Le syndicat de l'entretien revendique 25 % sur cinq ans, soit 5 % en moyenne par année, estimant avoir droit à «un rattrapage» salarial, puisque, lors du précédent contrat de travail, l'inflation avait été plus élevée que les augmentations de salaire, à un certain moment.
De même, pour réduire ses coûts et se concentrer sur sa spécialité, le transport de personnes, la STM veut pouvoir recourir à la sous-traitance pour certains services, comme le paysagement, le déneigement, l'asphaltage. Or, des clauses de la présente convention collective des employés d'entretien restreignent le recours à la sous-traitance.
Et le syndicat, de son côté, ne veut pas plier à ce sujet. Il dit vouloir préserver les emplois de ses membres et le transport en commun comme un service public. Aussi, M. Jeannotte soutient que le recours à la sous-traitance n'est une économie qu'à court terme. Selon lui, les entreprises privées déposent alors une soumission à bas coût, pour décrocher le contrat, puis haussent leurs tarifs pour dégager assez de profits. Il craint qu'en recourant à la sous-traitance, la STM se départisse ensuite de son personnel et de son équipement et perde de l'expertise.
Encore vendredi dernier, la directrice générale de la STM, Marie-Claude Léonard, affirmait que les deux parties étaient «très loin d'une entente». Elle répétait qu'il lui fallait obtenir, de la part des employés, «de la flexibilité» et des demandes syndicales qui respectent sa situation financière «sans précédent».

