Air Canada a avancé que ses agents de bord doivent retourner au travail avant de pouvoir poursuivre les négociations, même si le syndicat affirme qu'il ne mettra pas fin à sa grève désormais illégale tant qu'un accord n'aura pas été conclu à la table de négociations.
Le chef des opérations d'Air Canada, Mark Nasr, a indiqué que la compagnie aérienne est prête à travailler à une entente sans précédent dans l'industrie, mais qu'elle ne peut le faire tant que les avions sont cloués au sol.
«Nos membres ne retourneront pas au travail»
Air Canada a annulé des centaines de vols supplémentaires dimanche après que le syndicat représentant ses agents de bord a annoncé que les travailleurs resteraient en grève malgré un ordre de retour au travail.
Le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) a indiqué qu'il contesterait l'ordre du Conseil canadien des relations industrielles qui exigeait que ses membres reprennent le travail avant 14h, heure de l'Est.
«Nos membres ne retourneront pas au travail », a déclaré Mark Hancock, président national du SCFP, devant l'aéroport Pearson de Toronto.
«Nous disons non.»
M. Hancock a déchiré une copie de l'ordre de retour au travail devant le terminal des départs de l'aéroport, où les membres du syndicat faisaient piquet dimanche matin afin de signaler à Air Canada qu'ils étaient « prêts à livrer une grande bataille ».
Dans un communiqué publié dimanche après-midi, Air Canada a écrit que le SCFP «a illégalement ordonné à ses membres de défier la directive» de la Commission des relations industrielles.
En conséquence, le transporteur a annoncé qu'il repousserait son projet de reprise des vols jusqu'à lundi soir. Environ 240 vols qui devaient décoller dimanche ont été annulés.
La compagnie aérienne n'a pas immédiatement répondu aux questions visant à savoir pourquoi elle estimait que les opérations pourraient reprendre dès lundi.
Le vol d'Audrey Allen, qui devait décoller à 18 heures de Toronto à destination de Londres, en Angleterre, était indiqué comme «à l'heure» lorsqu'elle est partie pour l'aéroport dimanche après-midi, mais lorsqu'elle a mis les pieds dans le terminal, il avait été annulé.
Mme Allen avait prévu de s'occuper d'une amie pendant trois semaines et s'est retrouvée dans l'urgence de trouver un nouveau vol à temps.
«Je ne sais pas ce qui va lui arriver, car elle n'a pas les moyens de rester dans cette maison de retraite», a-t-elle indiqué, retenant ses larmes. «Et je ne peux rien y faire.»
Le gouvernement fédéral est intervenu samedi dans le conflit social.
La ministre fédérale de l'Emploi, Patty Hajdu, a expliqué qu'elle invoquait l'article 107 du Code du travail pour demander au Conseil canadien des relations industrielles de renvoyer les deux parties à l'arbitrage exécutoire et d'ordonner à la compagnie aérienne et à ses agents de bord de reprendre le travail dans l'intervalle.
Mme Hajdu a dit aux journalistes que « les répercussions négatives immédiates sur les Canadiens et notre économie sont tout simplement trop importantes ».
Le gouvernement libéral a déjà eu recours à ce mécanisme pour intervenir dans plusieurs conflits de travail, notamment lors d'un lock-out et d'une grève dans les plus grands triages ferroviaires du pays en août dernier.
Dans une déclaration transmise à Noovo Info, l'attachée de prese de la ministre Hajdu, Jennifer Kozelj, a affirmé que «la ministre suit la situation de près».
«Le Conseil canadien des relations industrielles (CCRI) est un tribunal indépendant», a également ajouté Mme Kozelj. Elle a par ailleurs indiqué qu'il y aura d'autres informations prochainement «sur les préoccupations relatives au travail non rémunéré dans les secteurs sous réglementation fédérale».
L'ordonnance du CCRI stipule que les conditions de la convention collective entre le syndicat et la compagnie aérienne, qui a expiré le 31 mars, doivent être prolongées jusqu'à ce qu'un nouvel accord soit conclu.
M. Hancock a affirmé que le syndicat avait reçu samedi soir un avis du CCRI l'informant de la reprise imminente du travail. Il a ajouté que le syndicat estimait que « tout le processus avait été injuste ».
«Air Canada a vraiment refusé de négocier avec nous, et elle a refusé de négocier avec nous parce qu'elle savait que ce gouvernement viendrait à son secours et tenterait de sauver la mise», a-t-il dit.
Air Canada a déclaré que plus de 700 vols Air Canada et Air Canada Rouge avaient été annulés pendant l'arrêt de travail samedi.
La grève a laissé des milliers de passagers bloqués ou dans l'impossibilité de trouver un moyen de se rendre à leur destination.
Air Canada a indiqué qu'elle offrirait aux personnes dont les vols ont été annulés des options comprenant un remboursement complet, un crédit de voyage ou une nouvelle réservation sur d'autres compagnies aériennes, tout en précisant que «la capacité est actuellement limitée en raison de la haute saison estivale».
Le SCFP, qui représente plus de 10 000 agents de bord, a accusé Mme Hajdu d'avoir cédé aux exigences d'Air Canada.
Le syndicat a expliqué que ses principaux points de discorde concernaient les salaires, qui ont été dépassés par l'inflation au cours du précédent contrat de 10 ans, ainsi que le travail non rémunéré lorsque les avions ne sont pas en vol.
Une «journée d'action»
Le SCFP a appelé à une «journée d'action» dimanche, avec des manifestations prévues devant les aéroports de Toronto, Montréal, Vancouver et Calgary.
Natasha Stea, présidente de la section locale 4091 des agents de bord basés à Montréal, a soutenu que les travailleurs soutenaient la décision de défier l'ordre de retour au travail.
«Je tiens à être très claire : Air Canada choisit de faire cela à nos passagers, à notre entreprise, parce que nous sommes le visage de l'entreprise, et ils essaient de nous faire porter la responsabilité de tout cela et s'allient à leurs amis du gouvernement pour contourner tous nos droits», a-t-elle dit lors d'une manifestation devant l'aéroport de Toronto.
Elle a ajouté que les travailleurs en avaient «assez d'être maltraités et exploités».
«Je ne comprends pas qu'une entreprise multimilliardaire refuse de payer un salaire décent à ses employés.»
Le SCFP avait initialement annoncé que ses membres se rendraient sur les piquets de grève après avoir échoué à conclure un accord de dernière minute avec la compagnie aérienne, tandis qu'Air Canada a lock-outé ses agents environ 30 minutes plus tard en raison de la grève.
Air Canada avait précédemment demandé à Mme Hajdu d'ordonner aux parties d'entamer un processus d'arbitrage exécutoire.
Le SCFP a annoncé qu'il invitait Air Canada à revenir à la table des négociations afin de conclure un accord équitable.
Les vols d'Air Canada Express, exploités par Jazz ou PAL, n'ont pas été affectés par l'arrêt de travail.
- Avec de l'information d'Olivier Demers pour Noovo Info

