Les passagers aériens se démenaient encore pour réserver un nouveau vol de retour, alors que le conflit de travail entre Air Canada et le syndicat représentant plus de 10 000 agents de bord continue de clouer au sol des avions partout dans le monde.
James Hart et Zahara Virani sont arrivés de Calgary à Toronto pour ce qu'ils pensaient être une fin de semaine agréable.
Mais ils ont fini par dépenser 2600$ pour prendre un vol avec une autre compagnie aérienne un jour plus tard, après l'annulation de leur vol de départ de l'aéroport de Toronto en raison de la grève et du lock-out qui ont commencé samedi.
M. Hart a raconté qu'ils avaient appris tard samedi que l'annulation de leur vol de retour du dimanche. Par conséquent, le couple est obligé de s'absenter du travail.
«Nous nous attendions à ce qu'il ne parte pas, et maintenant, impossible de joindre qui que ce soit pour obtenir des réponses», a-t-il indiqué.
Le couple a trouvé des places sur un vol concurrent pour lundi, mais a précisé que cela leur coûtait trois à quatre fois plus cher que le prix initial de leurs billets.
«C'est un peu frustrant et stressant, mais, en même temps, je ne rejette absolument pas la faute sur les agents de bord, a affirmé Mme Virani. Ce qu'ils demandent n'est absolument pas déraisonnable.»
À l'aéroport international de Vancouver, les passagers faisaient la queue pour obtenir les dernières informations sur leurs vols retardés ou annulés, tandis que des employés manifestaient à l'extérieur avec des pancartes indiquant que «le travail non rémunéré ne passe pas».
Chi Ehis doit payer 2000 $ de plus pour rejoindre sa famille en Floride pour des vacances après l'annulation de son vol, dimanche matin.
Au lieu de prendre l'avion directement depuis Vancouver, elle prend désormais un autocar pour Seattle avant de prendre un autre vol plus cher.
«Je ne peux pas crier. Je dois juste trouver une solution», a mentionné Mme Ehis, qui a précisé que son billet d'avion lui avait coûté 1500 $.
Également à Vancouver, Carole Delort et son mari Pierre Chatelain se tenaient près d'une pile de valises, se demandant comment ils allaient rentrer à Montréal après un agréable voyage au parc national Jasper, en Alberta, et à Vancouver.
«Avec un peu de chance, nous pourrons partir aujourd'hui, mais je ne pense pas, a reconnu Mme Delort en secouant la tête. Je pense que nous serons coincés au moins jusqu'à demain.»
Avec des prix d'hôtel avoisinant les 250 $ la nuit, elle a plaisanté en disant qu'elle dormirait par terre à l'aéroport. «Si nous ne pouvons pas partir aujourd'hui, nous devrons rester ici», a-t-elle affirmé.
Des vols annulés au dernier moment
Le syndicat représentant plus de 10 000 agents de bord affirme que les travailleurs prévoient maintenir la grève même après que le Conseil canadien des relations industrielles a ordonné aux deux parties de reprendre le travail avant 14 h aujourd'hui.
En réponse à cette annonce du syndicat, Air Canada a indiqué dans un communiqué avoir suspendu son «plan de reprise» des vols pour la journée de dimanche. Selon le transporteur aérien, cela représente l'annulation d'environ 240 vols.
Certains passagers affirment être partis pour l'aéroport en début d'après-midi avec un vol indiqué «à l'heure», pour finalement découvrir à leur arrivée que leur voyage avait été annulé à la suite de l'annonce de la compagnie aérienne en milieu d'après-midi.
Basil Erjoub, qui tente de rentrer en Jordanie, a indiqué avoir vérifié le statut de son vol de 16 h 30 pour Montréal avant de partir. Ce n'est qu'après son arrivée à l'aéroport qu'il a reçu un courriel l'informant du statut de son vol.
«Ce matin, mon vol était prévu, mais je suis arrivé (à l'aéroport) et j'ai reçu un courriel il y a trois heures, indiquant que la compagnie l'a annulé», a expliqué M. Erjoub depuis l'aéroport de Toronto.
L'immobilisation des avions a également affecté les touristes du monde entier.
Des voyageurs comme Mel Durston, originaire du sud de l'Angleterre, tentaient de profiter au maximum de leurs visites touristiques au Canada. Mais, cette dernière a expliqué qu'elle n'avait aucun moyen de poursuivre son voyage.
«Nous voulions aller voir les Rocheuses, mais nous risquons de ne pas y arriver à cause de cela, a déclaré Durston. Nous devrons peut-être rentrer directement [au Royaume-Uni].»
Robert Cwynar et son épouse devaient initialement partir samedi soir pour Saskatoon et rentrer chez eux en Pologne, lorsqu'ils ont appris que leur vol était annulé et qu'il n'y avait pas d'autre itinéraire pour rentrer.
«Il n'y a aucune aide. Nous devons trouver nos hôtels, nos transports, nos repas par nos propres moyens (…) Ils ne disent rien», a-t-il affirmé.
Air Canada a déclaré que les passagers dont les vols sont annulés se verront offrir un remboursement complet ou la possibilité de modifier leurs plans de voyage sans frais.
Toutefois, la compagnie aérienne a précisé qu'en vertu de la réglementation canadienne sur la protection des passagers aériens, les clients ne sont pas admissibles à une indemnisation pour les dépenses engagées lors de retards de voyage jugés indépendants de la volonté de la compagnie aérienne.
«Les clients au Canada ne sont pas admissibles à une indemnisation pour les vols, les repas, les hôtels ou autres frais accessoires retardés ou annulés en raison de situations indépendantes de la volonté du transporteur, comme une interruption de travail», a précisé la compagnie aérienne.
La compagnie a affirmé que les vols reprendraient lundi soir, bien qu'un avis sur sa page de réservation indique que tous les vols d'Air Canada et d'Air Canada Rouge étaient annulés jusqu'à nouvel ordre.
