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Le président sud-coréen Lee Jae Myung a appelé mardi, lors de son discours sur le budget, à tripler les dépenses publiques consacrées aux projets d'expansion des infrastructures et des technologies d'intelligence artificielle.
Il a également exhorté les parlementaires à approuver une hausse de 8,2 % du budget de la défense prévue pour l'année prochaine. Selon lui, cette augmentation permettra de moderniser les systèmes d'armement de l'armée et de réduire sa dépendance vis-à-vis des États-Unis. Ces appels ont été lancés alors que les chefs d'état-major des deux pays se réunissaient à Séoul pour leurs discussions annuelles sur la sécurité.
La plupart des parlementaires de l'opposition conservatrice ont boycotté le discours de M. Lee, dans un contexte de tensions persistantes liées à l'enquête pénale concernant la brève instauration de la loi martiale par l'ancien président Yoon Suk Yeol en décembre.
Le discours de M. Lee est intervenu après que la Corée du Sud a accueilli la semaine dernière les dirigeants des principales nations riveraines du Pacifique à l'occasion des réunions annuelles de l'APEC (Coopération économique Asie-Pacifique). Son gouvernement a profité de cette occasion pour mettre en avant ses ambitions en matière d'IA et faire progresser les négociations d'un accord commercial avec les États-Unis.
Le président Lee appelle à un développement accru du calcul et de la production d'IA.
Dans son discours à l'Assemblée nationale, Lee a souligné sa diplomatie au sein de l'APEC et sa rencontre bilatérale avec le président américain Donald Trump. Selon lui, cette rencontre a permis d'atténuer les incertitudes pesant sur l'économie sud-coréenne, fortement dépendante du commerce international, grâce à l'obtention de droits de douane réduits sur les automobiles et les puces informatiques, deux des principales exportations du pays.
Il a déclaré que le pays traversait toujours une période critique pour sa «survie nationale» face aux mutations rapides de l'ordre commercial mondial et à une «vague transformatrice d'IA».
M. Lee a affirmé que le budget proposé de 728 000 milliards de wons (506 milliards $ US), un record absolu pour les dépenses publiques, serait le «premier budget du pays à ouvrir l'ère de l'IA». Il a exhorté le Parlement, à majorité libérale, à approuver un budget de 10 100 milliards de wons (6,9 milliards $ US) pour les investissements dans l’intelligence artificielle — soit plus du triple du montant de cette année — afin de développer les capacités informatiques et industrielles du pays dans ce domaine, en particulier dans des secteurs comme les semi-conducteurs, l’automobile, la construction navale et la robotique.
«De même que le président Park Chung-hee a ouvert la voie à l’industrialisation et que le président Kim Dae-jung a construit celle de l’ère de l’information, nous devons aujourd’hui construire celle de l’ère de l’IA pour bâtir un avenir de progrès et de croissance», a expliqué M. Lee, faisant référence aux grands programmes de développement lancés sous la dictature de Park Chung-hee dans les années 1960 et 1970 et sous la présidence de M. Kim de 1998 à 2003, qui visaient à développer l’infrastructure internet de la Corée du Sud. Des incertitudes persistent quant à l'accès aux puces d'IA essentielles.
Selon M. Lee, les entreprises sud-coréennes n'auraient guère de difficultés à se procurer les puces nécessaires à leurs projets d'IA. Il a cité un accord conclu avec Nvidia, dont les GPU alimentent une grande partie du secteur mondial de l'IA, pour la fourniture de 260 000 unités de traitement graphique (GPU) destinées à des projets d'infrastructure d'IA avec de grandes entreprises sud-coréennes et le gouvernement.
Cet accord a été annoncé à la suite d'une rencontre, lors du sommet de l'APEC, entre MM. Lee et Jensen Huang, PDG de la société de la Silicon Valley.
On ignore pour l'instant quand Nvidia — qui s'est engagée à livrer 50 000 GPU au gouvernement, aux fabricants de puces Samsung et SK, au constructeur automobile Hyundai, et 60 000 autres à l'opérateur internet Naver — effectuera ces livraisons.
M. Huang a déclaré à la presse en Corée du Sud que les centres de données d'IA et les réseaux électriques devaient être mis en place avant que l'entreprise puisse commencer à expédier les GPU. Les inquiétudes concernant l'avenir de ces projets se sont accrues après que Trump a déclaré lundi, à bord d'Air Force One, que seuls les clients américains devraient avoir accès aux dernières puces d'intelligence artificielle Blackwell de Nvidia, affirmant : «Nous ne fournissons pas cette puce à d'autres.»
M. Lee a proposé un budget de la défense de 66 300 milliards de wons (46 milliards $ US) pour l'année prochaine, qui, selon lui, sera axé sur la modernisation des systèmes d'armement militaires, notamment par l'adoption de technologies d'IA, afin de rendre les forces armées plus autonomes.
«C'est une question de fierté nationale que la Corée du Sud, qui consacre 1,4 fois le PIB annuel de la Corée du Nord à la défense et est considérée comme la cinquième puissance militaire mondiale, continue de dépendre des autres pour sa sécurité», a déclaré M. Lee.
Lors de sa rencontre avec Donald Trump, il a réaffirmé l'engagement de la Corée du Sud à augmenter ses dépenses de défense et a appelé les États-Unis à soutenir les efforts sud-coréens pour acquérir des sous-marins à propulsion nucléaire.
Donald Trump a ensuite expliqué sur les réseaux sociaux que les États-Unis partageraient des technologies confidentielles afin de permettre à la Corée du Sud de construire un sous-marin à propulsion nucléaire. Ce sous-marin serait construit au chantier naval Philly Shipyard de Philadelphie, racheté l'année précédente par le groupe sud-coréen Hanwha.
L'intervention de M. Lee a eu lieu alors que le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth, et le ministre sud-coréen de la Défense, Ahn Gyu-back, se rencontraient à Séoul pour les discussions annuelles de sécurité entre les alliés.
Cette réunion devrait aborder des questions clés pour l'alliance, notamment les engagements de la Corée du Sud en matière de dépenses de défense et la mise en œuvre d'un plan visant à transférer le contrôle opérationnel en temps de guerre à un commandement conjoint dirigé par un général sud-coréen assisté d'un adjoint américain.